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Liberté ...

   
 

 

 

 


 
Le Québécois
chante la lutte des Peuples
contre la Prédation
 
 

Horizon...


Du conseil international en gestion stratégique et en développement d'économies émergentes...
Au regard sur la régression du respect de la dignité humaine, des libertés et du partage.
Une espérance solidaire avec ceux qui ne l'acceptent pas.
A contre-courant...

 

 

 

Modération


Tous commentaires et propos contribuant à enrichir échanges et débats, même contradictoires, sont amicalement reçus. Ne sont pas acceptées les pollutions organisées, en particulier :

a)  Hors sujets et trolls

b)  Attentatoires à la Dignité Humaine :

.  Injures

.  Propos racistes

.  Incitations à la haine religieuse

 

Avertissement

Liberté d’expression et abus de procédure

 

Devant la multiplication actuelle des atteintes à la liberté d’expression, sous forme d’intimidations et de menaces à l’égard de blogs et de sites, de la part d’officines spécialisées dans la désinformation et la propagande relatives aux évènements passés, présents et à venir au Moyen-Orient, tout particulièrement, il est rappelé que la Loi du 21 juin 2004 (LCEN),

modifiée par la Loi n°2009-1311 du 28 octobre – art.12, s’appliquant à des « abus » éventuels,

spécifie

dans son alinéa 4 :

« Le fait, pour toute personne, de présenter aux personnes mentionnées au 2

un contenu ou une activité

comme étant illicite

dans le but d'en obtenir le retrait ou d'en faire cesser la diffusion,

alors qu'elle sait cette information inexacte,

est puni

d'une peine d'un an d'emprisonnement

et

de 15 000 Euros d'amende»

 

 

25 mai 2007 5 25 /05 /mai /2007 11:53

 

 

A Costa dos Murmurios

 

J’aime beaucoup la musicalité du portugais. Tour à tour force et douceur, empreintes de gravité, jusque dans les chuchotements. Le Rivage des Murmures est la traduction du beau titre de ce roman, écrit par une femme : Lidia Jorge. De toute son œuvre romanesque, mon préféré.


Lidia-Jorge.jpg

Romancière de renommée internationale, devenue une institution du monde littéraire lusitanien, elle a vécu les moments les plus denses du Portugal actuel. L’effondrement de la dictature, la décolonisation et la fin de son empire.

 

Jeune mariée, elle a séjourné en Angola et au Mozambique dans les années 1970. Epouse d’un jeune portugais se retrouvant, malgré lui, officier dans une des guerres coloniales les plus longues et les plus dures que l’Afrique ait connu.

 

Continent, qui en a tant connu…

C’est la trame de ce roman (1). La narratrice est l’épouse d’un jeune chercheur en mathématiques, « appelé » sous les drapeaux, comme on disait. " Pour défendre son pays ". En fait, les colonies que son pays possédait depuis cinq siècles. A des milliers de kilomètres.

 

L'argument étant un peu léger, la propagande les conditionnait expliquant que c’était défendre la « civilisation occidentale ». L’enjeu devenait plus sérieux, sans être pour autant crédible… Hymne éternel du mythe de la race supérieure, justifiant toutes les spoliations et les horreurs.

Nous sommes au Mozambique, en 1970. Au plus fort de la guerre. Le général Kautza de Arriaga avait déclenché une opération de grande envergure avec 35.000 hommes et une centaine d’avions et d’hélicoptères près de la frontière tanzanienne. L’objectif étant de récupérer la ville et la région de Muda, que la résistance avait libérées.

Ce genre d’opérations folles, la « der des der », rêvées par des états-majors incapables de comprendre les mécanismes inexorables d’une guerre menée par une Nation pour sa Libération. Plus d’hommes, plus de matériel et plus d’argent, disent-ils, et nous éradiquerons ces indépendantistes, ces terroristes, ces insurgés, qui mettent en danger la « civilisation occidentale » …

 

Et, bien sûr, ils la perdent.

Les militaires portugais n’avaient pas retenu la leçon des récentes guerres d’indépendance des colonies françaises d’Indochine quinze ans plus tôt, ou d’Algérie huit ans plus tôt. Ils se croyaient plus forts.

 

Forts du soutien des sud-africains et rhodésiens (2) blancs qui s’arc-boutaient sur l’apartheid, finançant leurs délires guerriers avec les richesses de l’Afrique du sud qu’ils gardaient pour eux. Apartheid, justifié pour défendre la « civilisation occidentale », aussi…

Par petites touches, la narratrice nous immerge dans la société coloniale représentée par les habitants d’un hôtel regroupant les familles des militaires. Dans le style, en plus artisanal, du « Compound » US à Bagdad.

 

Puis, à travers son regard, la découverte du paysage habituel des colonies, quelle qu’en soit la nationalité de la métropole : racisme, mépris viscéral à l’égard des populations autochtones, implacablement maintenues dans le sous-développement… Pour eux pas de nationalité portugaise. Juste des esclaves, des zombies, des non êtres…

 

Schéma classique.

Aucun manichéisme toutefois, on ne voit rien des combats, on n’entend rien. Vase clos de ces familles, où la fureur des luttes passe inaperçue. A peine ressentie ou entrevue, si ce n’est lors du départ des hommes en « opération de pacification », pour ne revenir que quelques semaines plus tard. A peine si on sait que nous nous trouvons au Mozambique. La violence du témoignage en est encore plus forte.


Cinq siècles de colonisation d’un pays d’une extraordinaire richesse : fleuves et rivières, mines (3). Richesses qui continueront à être volées, même après son indépendance politique, lors d'un quart de siècle de guerre civile, imposée et financée par les pays occidentaux. Comme pour l’Angola.

Une fois et demie la France, avec 2.500 km de côtes parmi les plus poissonneuses et les plus belles du monde. Un pays vidé de sa population par le transfert d’esclaves mozambicains au Brésil. Des centaines de milliers, par siècle (4). Actuellement, à peine vingt millions d’habitants.

 

Mozambique, laissé exsangue, avec une espérance de vie de 47 ans…

 

Moz-1.jpg

 

Et puis, la découverte des atrocités : tueries, tortures, massacres. Des photos ramenées du front, découvertes, un peu par hasard avec la complicité angoissée d’autres épouses de militaires. La barbarie. La folie.

 

Insensiblement, la jeune mariée découvre un autre personnage. Son mari, d’innocent mathématicien, idéaliste, perdu dans ses équations, devenu un tueur, un tortionnaire, une machine à massacrer.

 

Dans l’ambiguïté de la fin du roman, sur la disparition mystérieuse du mari, on comprend que l’épouse reprend sa liberté. Comme le Mozambique prendra la sienne, en 1975.

Tragique, poignante métaphore, sur la folie raciste et coloniale de l’Occident. Imbus d’une puissance qui ne correspond plus à l’état du monde actuel, des pays massacrent et pillent dans l’impunité. Ils se refusent à l’admettre, mais ils ne peuvent plus régenter le monde par la force.

Encore plus dur à supporter est le douloureux et angoissant portrait de l’homme, broyé dans un engrenage, conditionné, manipulé, perdant progressivement tous ses repères au point de devenir ce tortionnaire, tueur fou.

 

Ce « serial killer » que le cinéma, les jeux et autres médias imposent à nos imaginaires comme le héros de nos faces cachées…

Conditionnant notre inconscient collectif pour banaliser les crimes contre l’humanité que nous perpétrons, ou dont nous nous rendons complices, au XXI° siècle…

 

Roman magnifique, sans équivalent dans la littérature française.


 

 
 
 
(1) La plupart de ses romans ont été traduits en français, avec plus ou moins de bonheur, notamment : La Journée des Prodiges, La Dernière Femme, Un Jardin sans Limites, La Couverture du Soldat, La Forêt dans le Fleuve, Le Vent qui souffle dans les Grues.
(2) La Rhodésie, après des atrocités coloniales innommables, allait devenir plus tard indépendante, en 1980, et prendre officiellement le nom de Zimbabwe en 1982. Bob Marley a célébré cette indépendance dans une de ses plus célèbres chansons.
(3) Gisements d’uranium, amiante de fer, bauxite, gaz, diamants. Actuellement des mines de charbon sont exploitées dans la région sud de Maputo et au centre du pays, à Tete.
(4) Un des grands centres de prise et d’expédition d’esclaves vers le Brésil, mais aussi vers Madagascar et la Réunion. Sous des formes officieuses ou officielles, jusqu’en 1887 à Madagascar, alors colonie française.



 
 
 
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11 mai 2007 5 11 /05 /mai /2007 12:17


Denise Masson :  La Dame de Marrakech comme on la surnommait, avec respect et tendresse.


Elle y a vécu 60 ans, s’occupant d’œuvres sociales, dans la discrétion, tout en se consacrant à ses travaux de recherche et d’écriture.  Elle a fait don de sa maison, de son riad. C’est devenu le Riad Denise Masson. Un foyer culturel pour les artistes et l’initiation à l’art pour les enfants et les adolescents.  

 
Denise-Masson-1985.jpg
 
 
Pourquoi parler d’elle, alors qu’elle est décédée en novembre 1994 ?...  Je ne sais pas. Peut-être ai-je besoin d’un bol d’air frais… 

En ces temps où on nous présente le cynisme, le mépris, le racisme, l’affairisme comme des « valeurs » qu’on se doit d’assumer, avec fierté…

En ces temps où avec arrogance, les tortures et les massacres sont considérés comme les moyens naturels de « dialogue » ou de « résolution de problèmes », avec plus faible que soi…

En ces temps où la dignité humaine n’a plus de valeur en Occident. Tout juste un artifice de manipulation, fondé sur l’émotion télévisuelle… Pour justifier des guerres coloniales ou se faire élire…

Denise Masson reste, pour moi, un exemple de ce que nous devrions être, chacun de nous... Le respect de l’autre. Ce que nous ne savons pas faire dans notre civilisation déboussolée, hyper violente : le respect de « l’altérité ».

Elle allait plus loin : L’amour du prochain. Car c’était une fervente chrétienne. Une vraie. 

Elle est célèbre, entre autres, pour sa traduction du Coran. C’est la première traduction que j’ai lue. J’en ai lu d’autres. La sienne reste ma favorite. C’est la seule qui ait su restituer la spiritualité et la beauté de ce texte sacré.

Il ne suffit pas d’être chercheur, cultivé, arabisant, historien ou théologien. Il faut croire et avoir atteint un niveau élevé de spiritualité. Ce n’est pas à la portée de tout un chacun.

Une honnêteté intellectuelle, une immense culture, doublées d’une vibrante spiritualité. Elle avait ce don.

Ce don lui a permis de comprendre toutes les filiations, ramifications et fusions entre les trois religions révélées : Judaïsme, Christianisme et Islam.

Islam, religion pour laquelle elle nourrissait, tout en conservant sa foi, un immense respect et une profonde admiration.
 
Plusieurs livres portent sur ces recherches. Lisez-les, vous en sortirez grandis :

·    L’Eau, le Feu et la Lumière d’après la Bible, le Coran et les Traditions
·    Les Trois Voies de l’Unique
·    Monothéisme Coranique et Monothéisme Biblique
·    Porte ouverte sur un jardin fermé : valeurs fondamentales et traditionnelles d’une société en pleine évolution – Marrakech, 1930 – 1989.
 
 
Un exemple de générosité, de don de soi…
 

 

 

 

Crédit Photo : Abdallah Alaoui

 


 

 

 

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1 mai 2007 2 01 /05 /mai /2007 18:18
 


Les 2 et 3 mai sont des dates marquantes dans l’histoire de l’Art. Et, dans l’Histoire tout court : celle des destins nationaux, avec leurs luttes d’indépendance.

Je pense aux deux chefs-d’oeuvre de Francisco Goya : Dos de Mayo et Tres de Mayo (1)
. Ces  deux tableaux montrent les massacres perpétrés par les armées françaises, sur deux journées consécutives à Madrid, en 1808.


Il n’y avait ni photo, ni caméra à l’époque. Ces deux témoignages visuels en sont d’autant plus impressionnants, restituant avec intensité ce drame dans son horreur, son désespoir et son héroïsme.

Napoléon avait envahi l’Espagne, renversant la monarchie espagnole et son gouvernement pour installer, à la place, son frère comme Roi d’Espagne, avec le titre de Joseph I.


Les affirmations de certains historiens qualifiant Napoléon de "grand stratège" m’ont toujours amusé. Il considérait l’Europe du XIX° siècle comme celle du Moyen Age où, par conquête ou mariage, on pouvait installer sa famille selon son bon plaisir et en faire sa propriété familiale… 

Excellent tacticien militaire sur un champ de bataille, il était complètement inculte en termes de géopolitique. Vouloir mettre ses frères et sœurs, gendres et beaux-parents à la tête de chacune de ses conquêtes !... Ou, plus tard, contre l’avis de ses maréchaux expérimentés, envahir la Russie… 


Bien sûr, son service de propagande faisait croire que c’était pour diffuser "l’esprit des lumières", "les idéaux de la Révolution Française", le Code Civil, etc. Le plus curieux est de lire pareils propos dans nos manuels scolaires…

Même si le peuple espagnol n’éprouvait, à l’époque, aucune estime pour sa monarchie décadente, il n’a pas accepté cette invasion et la destitution de son gouvernement. L’armée française était, alors, la plus puissante du monde. Nullement impressionné, le peuple de Madrid s’est révolté et s’est précipité sur les troupes commandées par un des plus illustres bras droit de Napoléon : le général Murat.

Sans hésitation, se jetant à mains nues, armés parfois d’un simple couteau, les madrilènes se sont rués sur les cavaliers d’élite du général Murat : les dragons et mameluks. L’armée espagnole aux ordres de l’oligarchie corrompue, collaborant avec les envahisseurs, n’est pas sortie de ses casernes, excepté un régiment d’artillerie qui s’est fait tailler en pièces jusqu’à sa dernière cartouche. Le 2 mai 1808, le : Dos de Mayo. (2)

 

Goya-Dos-de-Mayo.jpg 

                                         Dos de Mayo

 

La répression fut terrible. Tous les civils pris dans cette révolte, ou suspectés d’y avoir participé, furent fusillés. Même la nuit, par vagues continues. Ce fut la journée du 3 mai, le : Tres de Mayo. On remarquera, au premier plan un moine, un homme d’église, s’apprêtant à recevoir la salve du peloton d’exécution aux côtés des civils. Dans une guerre d’indépendance, les religieux sont toujours aux côtés des civils.

 


 

Tres-de-Mayo.jpg 

                                      Tres de Mayo

 

Murat pensait, en bon militaire, que la violence de la répression allait briser la résistance par la peur. Lui, et Napoléon, n’avaient rien compris. Une nation ne se traite pas, ne s’aborde pas comme un simple champ de bataille. C’est l’Espagne entière qui allait se révolter à l’annonce des horreurs commises.


Napoléon allait ainsi, de longues années durant, user, démoraliser, dans une guerre, faite de « guérillas » et d’harcèlements incessants, pour laquelle l’armée française n’était ni préparée, ni équipée, ses meilleures troupes, y perdre ses meilleurs officiers et son meilleur matériel.

Les horreurs de cette guerre ont inspiré à Goya, par la suite, la composition de cette série d’estampes terribles : "Les Désastres de la Guerre" (3).
Elles renvoient, en écho, aux bouleversantes gravures de Jacques Callot : "Les Misères de la Guerre", publiées en 1633. Avec pour toile de fond les ravages des guerres religieuses dans l’Europe du début du XVII° siècle : 230 ans plus tôt. Les bégaiements de l’Histoire…

Devant ces deux chefs-d’œuvre, je me demande comment Goya aurait représenté, de nos jours, le soulèvement des peuples Irakien et Afghan contre l’invasion et l’occupation de leurs pays ?...

 

 


 

 

(1)  Goya les a achevés en 1814. Ils sont exposés au musée du Prado, à Madrid.

(2)  Lire le remarquable et émouvant ouvrage de l'écrivain espagnol Arturo Perez-Reverte, publié en octobre 2007, détaillant heure par heure ce soulèvement populaire. Très bien documenté, avec une excellente bibliographie et une carte du Madrid de l'époque où sont reportés les principaux lieux d'affrontement. Sa traduction est disponible en français, sous le titre : Un Jour de Colère, éditions du Seuil, 354 pp., octobre 2008.

(3)  Los Desastres de la Guerra, 80 gravures imprimées en 1863 (35 ans après sa mort).

 

 





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16 avril 2007 1 16 /04 /avril /2007 15:13


Cannes. Avril 2007. La ville prépare fébrilement le prochain grand évènement…

Non. Pas les élections présidentielles. Tout le monde sait que cela va être "blanc bonnet, bonnet blanc"… Mais, le tout prochain Festival du cinéma. Business as usual… Le plus grand festival mondial du cinéma, dans le palais des festivals le plus laid du monde. L’horreur architecturale absolue. Le “Bunker”, l’appellent les cannois. Un morceau du Mur de l’Atlantique, transposé sur la méditerranée. Vous remarquerez, pendant toute la durée du Festival de Cannes : télévisions et photographes ne montrent que l’escalier avec sa moquette rouge, les fameuses "marches". Ou, alors, la baie de Cannes, avec ses yachts dans le port. Jamais le bâtiment. Heureusement…

Soyons charitables. Il n’y pas que la fébrilité mercantile et la laideur dans cette prestigieuse manifestation. On y est parfois foudroyé par d’extraordinaires moments, d’émotion ou d’admiration. Keren Yedaya restera, dans ma mémoire, la figure d’un de ces moments exceptionnels.

C’était le Festival 2004. Keren Yedaya venait de terminer sa brève allocution de remerciement, en anglais. Pas les fadaises débitées habituellement par les "starlettes-cruches", au QI inversement proportionnel à la hauteur de leurs talons aiguilles. Elle a pris son auditoire aux tripes. La salle s’est levée applaudissant, regard tendu, gorge nouée.



Cette réalisatrice venait d’obtenir « La Caméra d’or », équivalent de la palme d’or, pour la réalisation d’un premier long métrage. Le titre en français : Mon Trésor. Bouleversant témoignage sur la survie de deux femmes, la mère et la fille, condamnées, par la cruauté d’une société corrompue et sans valeurs humaines, à la misère et à la prostitution. Mon admiration et mon affection, pour cette réalisatrice de talent, sont liées à cet instant fugitif.

Mais, peu après la clôture du festival...  Rien. Le silence. Je trouvais cela bizarre. Jamais invitée sur les plateaux de télévision, à la radio. Aucun commentaire sur son film dans les médias. Aucun article dans les journaux. Pourtant, elle avait de quoi alimenter, pendant des semaines, des articles au kilomètre dans les journaux féminins, entre autres. Voilà une jeune femme qui traite du sort des femmes, dans une société d’une dureté et d’une injustice extraordinaires. Habituellement, une tarte à la crème très goûtée des féministes et d’une presse portant en oriflamme la défense de la cause des femmes. Pourquoi ce silence ?

D’autant plus curieux, qu’on nous gave comme des oies, à jet continu, de promotions de navets cinématographiques. Ce capharnaüm subventionné, sponsorisé, de planches à repasser déglinguées et d’enclumes gondolées. Je suis malheureux : je n’arrive pas à avaler les enclumes ! Ce "trou noir" de la créativité française, agité par des publicitaires, des communicants et leurs relais soudoyés. Tous aussi ringards que ma première paire de patins à roulettes. Pas moyen d’y échapper.

Il y a même des dynasties : avec le père et la fille ou la mère et la fille, la sœur et la demi-sœur, ou le mari de la femme de la belle-mère de la demi-sœur de la…, etc. Les mêmes, tournant des films, des publicités, jouant au théâtre, pondant leurs mémoires, ou, pire, de la "poésie", encensés dans les articles creux des magazines grand public qui traînent dans les salles d’attente… Un vrai carrousel. Jouant comme des casseroles et chantant comme des caisses à savon. Comme dans ces shows où, soi-disant, on essaye tout, alors qu’en fait on vous refile n’importe quoi, à partir du moment où c’est le copain de la copine du copain… Le cauchemar ! Ma hantise : pourvu qu’on nous les colle pas au bulletin Météo… Le seul endroit un peu tranquille. Pas trop noyé dans la nullité. Quoique…

Mais, alors, Keren Yedaya ? Mon cinéma à moi… Celui que j’aime. Invisible ?

On m’a expliqué gentiment que son film n’était pas "vendable médiatiquement". L’histoire se passe en Israël. Inimaginable de faire la promotion d’un film montrant la misère de juifs israéliens, dans une société militarisée et gérée par un des plus grands complexes militaro-industriels de la planète. Cela provoquerait des crises d’apoplexie… Des marchands de canons, aux "philosophes" à la Finkielkraut…

Plus grave, elle a dit, dans son discours de remerciement, que ce n’était pas simplement une histoire de l’exploitation de deux femmes, mais aussi une métaphore de l’esclavage de l’homme par l’homme. De l’esclavage du peuple Palestinien, par Israël et la communauté internationale.

En temps normal, on l’aurait harcelée dans un procès en sorcellerie pour "antisémitisme". Ces campagnes médiatiques où on vous brûle vif, pour blasphème et hérésie à l'égard du politiquement correct. Les fatwas médiatiques occidentales. Le problème, c’est qu’elle est israélienne et juive. Elle a, en plus, la nationalité américaine. Impossible. Alors, la bonne parade dans ce cas : c’est le silence médiatique…

En relisant
ses paroles… :

"Je voulais dire un grand merci, car ce n’est pas évident de choisir un film comme le mien… Mon film a rencontré beaucoup d’amour et aussi d’animosité… Cela prouve en un sens que les gens souhaitent des changements. Merci à tous…

Je voudrais dédier ce film, du fond de mon coeur, à tous les gens qui ne sont pas libres, à tous ceux qui sont en esclavage. J’espère qu’avec ce prix nous pourrons construire une maison pour les femmes qui veulent quitter la prostitution.

Cela m’est très difficile de dire ça parce que je viens d’Israël et nous sommes responsables aussi des souffrances et de l’esclavage de plus de trois millions de Palestiniens. J’aime Israël, j’aime mon pays. Alors, s'il vous plaît, il y a beaucoup de gens en Israël qui luttent contre cette occupation, aidez-les, aidez les Palestiniens
…".

Je comprenais : "invendable médiatiquement"…




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27 mars 2007 2 27 /03 /mars /2007 19:21


L’Année de l’Inde, au Salon du Livre, réveille en moi l’admiration que j’éprouve pour une personnalité indienne fascinante : Arundhati Roy.


Pourtant, elle n’a plus écrit de roman depuis 1997. Dix ans… Mais, quel roman ! Un succès mondial (1), ponctué d’une pluie de prix internationaux, dont le prestigieux Booker Prize.

A la suite de ce succès, elle aurait pu débiter en rondelles son petit filon romanesque, comme les « business women » de l’industrie romancière, bien de chez nous ou d’ailleurs.  A la Amélie Nothomb ou Virginie Despentes.


Avec un bon marketing, relayé par la « presse féminine », les gogos de la critique médiatique, elle aurait été publiée, chaque année, quoi qu’elle écrive. Par réflexe moutonnier, chacun aurait suivi. Prospérer gentiment…

Belle, elle avait de quoi séduire les magazines féminins internationaux et leurs principaux sponsors : les fabricants de cosmétiques et autres bâtons de rouge à lèvres. Elle aurait pu minauder, dans un clip, en demandant : " Tu l’aimes ma bouuuuche ?… ". Avec une féminité autrement plus rayonnante et crédible que les baudruches peinturlurées des films publicitaires…

Non. Trop talentueuse. Trop belle. Trop femme. Trop courageuse.

Vous ne la trouverez jamais dans cette presse ou sur ces plateaux de télévision. Elle est devenue la bête noire de leurs propriétaires : les marchands de canons et de béton ! Elle s’est consacrée à la lutte pour la défense des paysans indiens et pour la paix dans le monde.


Impardonnable !


Au lieu de se contenter de tartiner sur le misérabilisme et le sort tragique de la femme indienne... Elle veut s’attaquer aux « racines de la misère » …

Ecrivant, militant, elle n’a cessé de dénoncer les injustices provoquées par la politique des grands travaux (2). En particulier, des barrages en Inde : spoliation des populations de centaines de villages, expulsées de leurs terres sans indemnisations, terrorisme de l’Etat et de ses entrepreneurs mafieux.


Témoignages accablants des « procédures démocratiques » pour instaurer une implacable dictature des forts sur les faibles. Elle en a fait un documentaire (3), car elle a fait du cinéma, jouant et écrivant des scénarios pour le cinéma (4), ou pour des séries TV (5).

Dans ses conférences, ses écrits, elle est une des plus ardentes pasionarias contre la guerre en Irak et le génocide de la Palestine (6). Pour le droit des peuples à l'autodétermination, le droit à disposer et décider de leurs destins. Contre le nucléaire et pour la paix dans le monde (7)
.

Une partie de la presse indienne, soudoyée par la business mafia associée à des politiciens corrompus, l’a traînée dans la boue. On est allé jusqu’à l’interner une journée en prison, pour injure à magistrat.


Bien sûr, les extrémistes américains l’ont accusé d’anti-américanisme. Comme on sait le faire en France (8), lorsqu’on critique la politique étrangère américaine.


Rien n’a pu la briser.

Une citation, extraite d’un de ses ouvrages de combat (2)
, montre à quel point cette génération, très représentative, d’Asie, d’Amérique du sud ou d’Afrique, est lucide et ne se laisse pas impressionner par la propagande de l’Occident :

« … Quant à la dénonciation de l’hypocrisie occidentale, n’a-t-on pas déjà fait le nécessaire dans ce domaine ? Qui sur terre nourrit quelque illusion à ce sujet ? 


Voilà des gens dont l’histoire est teintée du sang des autres. Colonialisme, apartheid, esclavage, purification ethnique, guerre bactériologique, armes chimiques. C’est à eux que l’on doit tout cela. Ils ont pillé des pays, effacé des civilisations, exterminé des populations entières.
     
Ils se tiennent sur la scène du monde nus comme des vers mais pas le moins du monde embarrassés, parce qu’ils savent qu’ils ont plus d’argent, plus de nourriture et des bombes plus grosses que n’importe qui d’autre.


Ils savent qu’ils peuvent nous balayer de la surface de la terre en moins de vingt quatre heures. Davantage que de l’hypocrisie, je dirais que c’est du cynisme pur et simple. »

Si ce n’est déjà fait, lisez ses livres : une passionnante introduction dans la vie de ce pays gigantesque, au cœur de l’évolution géopolitique en cours...

 

 

 

 


 

 

(1)    Le Dieu des petits riens.
(2)    Le coût de la vie.
(3)    DAM/AGE : A Film with Arundhati Roy (2002). A noter le jeu de mots entre "DAM/AGE"  (L’ère des barrages)  et  "DAMAGE"  (dégâts, préjudices).
(4)    In Which Annie Gives it Those Ones (1989) Electric Moon (1992).
(5)    The Banyan Tree.
(6)    L’écrivain - militant.
(7)    Elle a obtenu le Sydney Peace Prize, en mai 2004, pour sa lutte contre les injustices sociales et la non violence.
(8)    Hoover Institution, National Review, Todd Gitlin, Stanley Kurtz…




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3 mars 2007 6 03 /03 /mars /2007 12:07


Une femme au destin de météorite : Tina Modotti. Personnage de roman ? Réducteur. Aucune héroïne de roman ne lui arrive à la cheville...

 

Une des grandes photographes du XX° siècle. Artiste comblée de dons : de la beauté jusqu'à la maîtrise des langues. Elle en parlait six (1). Avec autant de succès dans ses débuts au théâtre qu'au cinéma. Hollywood en avait fait une des premières "femmes fatales" du cinéma muet, recherchée pour sa splendeur brune.

Sa rencontre et sa collaboration avec celui qui allait devenir un maître de l'art photographique, Edward Weston, allaient déterminer ses choix artistiques : la photographie.

 

Ils partirent vivre au Mexique pour partager ce qui fut un âge d'or culturel, avec les grands artistes muralistes tels David Siqueiros ou Diego Rivera, ou la célèbre peintre Frida Kahlo.

 

Pendant sept ans, de 1923 à 1930, elle perfectionna sa technique photographique et trouva son expression personnelle. Elle ne voulut pas limiter cet art à l'esthétisme ou au culte de la forme, mais l'élargir au vécu de la société.

La situation de la paysannerie mexicaine était dramatique. Les grands propriétaires fonciers descendants des colons espagnols, avec l'aide des barons affairistes nord-américains et européens, réussissaient, depuis des décennies, à écraser les revendications des paysans, essentiellement "indiens" spoliés de leurs terres, assassinant leurs leaders dans la foulée : Zapata (2) ou Pancho Villa (3).

Elle milita pour les aider à organiser leurs revendications et pour défendre leur dignité. La célèbre photo "La femme au drapeau" est un exemple de cette fierté retrouvée dans la lutte. Elle réalisa quelques unes des plus belles photos de la vie mexicaine.

 

Sa lutte contre l'injustice et les dictatures est indissociable de son art et de sa vie. Elle en paya le prix. Son compagnon d'alors, Mella, opposant cubain à la dictature militaire du général Machado, fut assassiné sous ses yeux.

Sa vie était liée à
 un monde où les frontières n'étaient pas celles de l'exclusion, mais celles de l'appartenance. Née en Italie, elle a immigré avec ses parents en Autriche, puis aux Etats-Unis, pour faire du Mexique son pays d'adoption.

 

Expulsée en 1930, sous le prétexte d'avoir participé  à un complot contre le "président" du Mexique, après avoir été mise en cause dans l'assassinat de son propre compagnon.

En fait, son militantisme gênait et la campagne de presse diffamatoire, dont elle fut victime, est étudiée dans les universités comme modèle des manipulations de l'information par les médias (4)
. Un exemple parfait de "diabolisation". 

Séjournant en France, en Allemagne. Puis, participant pendant 3 ans à la guerre civile espagnole comme infirmière sous le nom de guerre de Maria. Trouvant refuge à Moscou, suite à l'échec de la résistance républicaine, où elle s'occupa des réfugiés et exilés politiques.


Les Etats-Unis refusant son retour en Californie, Tina Modotti revint finalement au Mexique sous un nom d'emprunt pour mourir dans un taxi, d'une "
crise cardiaque", en 1942. Elle avait 46 ans.

 

Certains (5) mettent en doute la cause officielle de sa mort et parlent d'un meurtre. Règlement de comptes entre factions rivales du communisme, après la guerre civile espagnole ?  Au Mexique s'affrontaient trotskistes et staliniens. Trotski, lui-même, y fut assassiné par un agent stalinien. Exécution, par des services spéciaux, d'une militante déterminée ?

 

Nul ne le sait. Ce mystère ajoute à la grandeur de son courage et de sa générosité. Enterrée au Mexique, l'épitaphe de sa tombe a été rédigée par Pablo Neruda.

A
"stormy life", disait d'elle,  Edward Weston : une vie d'orages et de tumultes (6).

 

Un film reste à faire sur cette vie...

 

 

 

 

 

 

 

(1)    Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Russe.

(2)    Assassiné en 1919.

(3)    Assassiné en 1923.

(4)    Araceli Alvarez, The Media as an Image Maker/Breaker : The Case of Tina Modotti and its Literary Representation, Thesis, Faculty of the Virginia Polytechnic Institute and State University, July 31 2000.

(5)    Diego Rivera, entre autres.

(6)    Crédit photos : Comitato Tina Modotti. De haut en bas : Portrait (San Francisco) - Misère - Femme au drapeau.

 

 

 

 

 

 

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28 février 2007 3 28 /02 /février /2007 08:08

 

Quito Verde

 

Quito, capitale de l’Equateur.

 

Nichée dans l’écrin du massif des Andes. Oswaldo Guayasamin n’a cessé de la peindre tout au long de sa vie. Alternant les palettes de couleurs, les nuances de luminosité, les jeux d’ombres et de reliefs. Symbole de son attachement viscéral à sa terre natale.

 

Artiste exceptionnel par son talent, la puissance et la sensibilité de son œuvre, sa lutte permanente aux côtés du peuple indien. Fils d’un père amérindien et d’une mère métisse, son art s’est nourri de ses racines profondes. Peintures sur cadre, peintures murales, sculptures, monuments. Ses œuvres ont été exposées dans le monde entier, dans près de 200 manifestations.

 

Tout aussi important à ses yeux : la recherche archéologique et la sauvegarde des œuvres indiennes (1). Pillées par des contrebandiers, soudoyés par les "antiquaires" et autres "marchands d’art" en Europe et en Amérique du nord. Il ne supportait pas ce pillage, voir ces œuvres dites "d’arts premiers" aux mains d’intermédiaires véreux, au service de capitaines d’industrie du même acabit.  Oeuvres d’art arrachées au patrimoine de pays encore incapables de se protéger contre ce trafic.

 

Pillage artistique, symbole du pillage économique de l’Amérique du sud et de son pays. Petit pays, incrusté sur la côte du Pacifique avec une partie du bassin amazonien. Connu pour ses iguanes géants, des îles Galápagos. La moitié de la France en superficie, avec 15 millions d’habitants.


Riche de son pétrole, il devrait avoir le niveau de vie de la Norvège. Mais, sa population est une des plus pauvres de l’Amérique du sud. Notamment dans les régions minières et pétrolifères : spoliée, pourchassée, terrorisée, ses "représentants élus" assassinés… Dictatures, milices publiques et privées, protégées, encouragées, par les intérêts des multinationales.

 

Schéma habituel…

 

La souffrance et la misère des indiens ont été la trame de son œuvre. Trame de son action, aussi, sur la dénonciation permanente de la violence de l’Occident à l’égard des peuples subissant sa puissance militaire et financière. Sa série de tableaux sur "les mains" est poignante de vérité (2).

 

Son œuvre n’est pas que colère. Il chante l’amour de la mère, de la femme, sources de réconfort dans les épreuves et de courage dans la résistance à l’humiliation. Présences aussi permanentes dans sa peinture et ses sculptures, que l’hommage à l’histoire de son pays et à sa splendeur.

 

Oswaldo Guayasamin, est décédé le 10 mars 1999, à 79 ans. Huit ans, déjà… A sa mort, c’est tout un peuple qui pleura. Ce jour-là, tous les indiens se mirent en grève : ils perdaient leur voix et leur protecteur…

 

Mais, l’impulsion est donnée. Le nouveau président, Rafael Correa, élu le 26 novembre 2006, veut renégocier les accords, passés par les gouvernements antérieurs corrompus, avec les groupes miniers et pétroliers internationaux.

 

Redistribuer, enfin, cette richesse pour l’ensemble du peuple équatorien, est une priorité. En un geste fort, il a annoncé la diminution par deux de son salaire ainsi que la diminution des salaires des hauts fonctionnaires équatoriens.

 

Il fait partie de cette nouvelle génération de dirigeants qui luttent contre la spoliation de leur pays : Chavez au Venezuela, Moralès en Bolivie, Lula au Brésil. L’étranglement de Cuba, les massacres du Nicaragua, du Guatemala et de tant d'autres nations, n’ont pas réussi à décourager les autres pays du continent dans la voie de l’indépendance.

 

La Renaissance de l’Amérique Latine, malgré l’hostilité de l’Occident et ses manœuvres permanentes de déstabilisation, n’existerait pas sans le combat  des artistes de la trempe des Oswaldo Guayasamin (3)…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)    Sa Fondation - Musée, à Quito, regroupe 3.000 pièces, dont 1.500 exposées en permanence. 
(2)   
« La Edad de Ira » (L’âge de la colère), est un ensemble de 150 tableaux exécutés sur une trentaine d’années, entre 1960 et 1990. La série sur les mains en comporte douze. Celui présenté, en illustration, est intitulé  "Les mains de larmes"
.
(3)    Crédit photos : Fundación Guayasamin, Quito.

 

 

 

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9 février 2007 5 09 /02 /février /2007 12:04



La troupe d’Antonio Gades est en tournée, en Europe. Antonio Gades : la Passion et la Grâce…

La Grâce ?...  Désuet, le terme ?...


Peut-être. Mais, où en trouver réunissant en un bouquet : beauté, élégance, fierté, générosité, défi ?...  Défi ?  Pas celui du bellâtre, jouant les trompe-la-mort. Non. Le défi d’un esthète de la joie de vivre, face au pathétique de l’inéluctable qui nous emporte tous un jour. Comme le vent, comme un souffle…


C’est l’image qu’il donnait de son départ, du grand saut qui l’attendait : « como un soplido de viento… », comme un souffle de vent. Avec ce cancer qui le minait et l’emporta, à 67 ans, l’après-midi du 20 juillet 2004.



 


Il a révolutionné l’art du Flamenco. Le sortant du folklore à touristes où il s’était embourbé ou, dans le meilleur des cas, du cénacle des puristes où il était confiné. Le hissant au rang des arts majeurs de la danse. Acteur, danseur, chorégraphe, créateur de troupes de ballet exceptionnelles, découvreur de talents, acclamé sur toutes les plus grandes scènes du monde.


Mais, aussi : homme de cœur, militant infatigable pour la paix et contre l’injustice dans le monde. Il n’a pas ménagé ses déclarations, son combat contre l’invasion de l’Irak, sa destruction. Au prétexte mensonger qu’il posséderait des armes dont tout le monde savait que c’était faux. Au prétexte cynique qu’il était gouverné par un dictateur…


Lui, le danseur accompli travaillant sans relâche sur la sublimation des corps, ne supportait pas ces centaines de milliers d’innocents, tués, blessés, amputés, aveuglés, fracassés, torturés, traumatisés...


Il considérait Cuba, comme sa deuxième patrie. Révolté par le cynisme des dirigeants des grandes puissances enfermant toute une population pacifique dans le sous-développement, par un embargo inhumain, au prétexte qu’elle serait gouvernée par un dictateur. Eternelle chanson des donneurs de leçons de « démocratie »… Alors qu’ils protègent des dizaines de dictatures, quand elles correspondent à leurs intérêts personnels.


Ses cendres, suivant sa volonté, ont été confiées à son pays d’adoption : Cuba. En un ultime hommage, les cubains les ont déposées au « Mausoleo de los Héroes de la Revolución Cubana ».


Il a tourné avec le metteur en scène espagnol, Carlos Saura, parmi les plus beaux films sur cette danse de la passion, de l’allégresse et du tragique. Deux, au moins, sont à regarder et conserver dans sa DVDthèque :

·   Noces de sang

·   Carmen

 







 

 

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3 février 2007 6 03 /02 /février /2007 17:48


Elle est belle…

 

Un regard à faire sombrer un continent, comme jadis l’Atlantide dans quelque océan…

 

Laura Restrepo est colombienne. Une vie, un courage, un talent hors du commun.

Des études de littérature et de philosophie et un brillant début de carrière dans le journalisme. A la demande du gouvernement colombien, elle intègre une commission chargée de négocier avec le mouvement de guérilla M-19.

 

Taxée de sympathie à leur égard, à la suite de la publication de son premier roman (*), menacée de mort par les différents régimes policiers qui se succèdent, elle est contrainte de s'exiler plusieurs années au Mexique et à Madrid.

 

Poursuivant une œuvre romanesque riche et acclamée internationalement. Revenue dans son pays, elle lutte activement pour son renouveau. 

 


Tous ses romans ont pour toile de fond la Colombie, son peuple avec les injustices qu’il vit au quotidien, sous la botte d’une richissime oligarchie : misère, corruption, violence.

 

Oligarchie, en partie métissée, descendante des colons espagnols, protégée par des intérêts étrangers qui rançonnent l’économie et l’avenir du pays.

 

Peuple d’une incroyable vitalité, avec ce mélange de fatalité et d’espoir qui lui donne l’art de l’humour, de la fête et de l’Amour.

 

Trois livres, pour aller à sa rencontre :
·   Délire
·   Le Léopard au soleil
·   Douce compagnie

 

 

 

 

(*)   Historia de un entusiasmo  - 1986.

 

 

 

 

 

 

 

 

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30 janvier 2007 2 30 /01 /janvier /2007 19:53

 

 

 

 

 
Je voulais fêter l’anniversaire de Pedro Juan Gutiérrez, un de mes artistes favoris(1). Né le 27 janvier 1950 à Cuba, où il réside toujours, il vient d’avoir 57 ans.

 

Immense écrivain, poète, couvert de prix, traduit dans le monde entier. Il s’est mis aussi à la peinture, qui est une de ses passions. Ses tableaux, très appréciés, ont été exposés dans les plus grandes capitales culturelles. Pour lui, la peinture est le prolongement de son écriture : une poésie visuelle.

 

Il a exercé tous les métiers, voyagé dans des dizaines de pays, connu la faim et la gloire. Toujours lucide et égal à lui-même.

Il ne supporte pas l’Europe, sa frénésie de consommations et de relations artificielles, désincarnées, mercantiles. Il vit dans une semi retraite, au coeur de La Havane, au huitième étage d’un des immeubles historiques qui ont vue sur la baie, loin des mondanités et de ses illusions. Là, où d’autres écrivains sud-américains se sont compromis et ont sombré. Tel Vargas Llosa.

 

A l’exemple des poètes zen chinois et japonais, qu’il admire, il se consacre à l’écriture et à la peinture, dans la sérénité.

Il y a chez lui du Frank Kafka et du Julio Cortázar, ses deux écrivains préférés. Mais aussi du Rabelais ou du Henri Miller. Un mix, une fusion de musiques : rumba, flamenco, rap avec des fulgurances de solos de saxo, soudain, dans le silence d’une rue, la nuit.

 

Un monde absurde et cruel, où il chante la fureur de vivre et la liberté intérieure.  

Pour ceux qui ne l’auraient pas encore lu, au moins de deux de ses livres (2) sont à croquer, comme ces pommes stylisées, acides et juteuses qu’il aime peindre :

·   Trilogie sale de La Havane

·   Animal Tropical

 

 

 

 

(1) Photo : Jean Fugere
(2)  Albin Michel. La traduction, malgré ses mérites, ne peut rendre la musicalité et le rythme de la langue espagnole de Cuba. Alors, pour ceux qui le peuvent : ne goûtez qu’à l’original.

 

 

 

 

 

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