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Liberté ...

   
 

 

 

 


 
Le Québécois
chante la lutte des Peuples
contre la Prédation
 
 

Horizon...


Du conseil international en gestion stratégique et en développement d'économies émergentes...
Au regard sur la régression du respect de la dignité humaine, des libertés et du partage.
Une espérance solidaire avec ceux qui ne l'acceptent pas.
A contre-courant...

 

 

 

Modération


Tous commentaires et propos contribuant à enrichir échanges et débats, même contradictoires, sont amicalement reçus. Ne sont pas acceptées les pollutions organisées, en particulier :

a)  Hors sujets et trolls

b)  Attentatoires à la Dignité Humaine :

.  Injures

.  Propos racistes

.  Incitations à la haine religieuse

 

Avertissement

Liberté d’expression et abus de procédure

 

Devant la multiplication actuelle des atteintes à la liberté d’expression, sous forme d’intimidations et de menaces à l’égard de blogs et de sites, de la part d’officines spécialisées dans la désinformation et la propagande relatives aux évènements passés, présents et à venir au Moyen-Orient, tout particulièrement, il est rappelé que la Loi du 21 juin 2004 (LCEN),

modifiée par la Loi n°2009-1311 du 28 octobre – art.12, s’appliquant à des « abus » éventuels,

spécifie

dans son alinéa 4 :

« Le fait, pour toute personne, de présenter aux personnes mentionnées au 2

un contenu ou une activité

comme étant illicite

dans le but d'en obtenir le retrait ou d'en faire cesser la diffusion,

alors qu'elle sait cette information inexacte,

est puni

d'une peine d'un an d'emprisonnement

et

de 15 000 Euros d'amende»

 

 

16 juillet 2014 3 16 /07 /juillet /2014 19:27

 

 

 

« Indignez-vous !», disait Stéphane Hessel ! (1)

 

Oui. Toutes les opinions publiques, dans tous les pays, sont indignées, et le clament !

 

Révoltées par les atrocités infligées au Peuple Palestinien et, plus particulièrement, aux populations enfermées à Gaza.

 

Véritables crimes de guerre, par l’acharnement à l’encontre des civils. (2)

 

Mais, que faire de plus face au silence complice de nos dirigeants, de l’ONU et autres instance internationales, ou de nos Belles Consciences ?...

 

Comme le montre si bien le caricaturiste saoudien Aiman, les crimes contre la Palestine s’alimentent au silence des dirigeants, non seulement occidentaux mais aussi arabes…

Sur la pompe : Le Silence (des dirigeants) Arabe(s)

Sur la pompe : Le Silence (des dirigeants) Arabe(s)

Une idéologie née au XIX° siècle, créée à Bâle en 1897 par un austro-hongrois Theodor Herzl, ravage ainsi la Palestine et la région. Fumeuse théorie théocratique qui prétend instaurer la spoliation coloniale et l'apartheid raciste, sur fondement "biblique" : le sionisme.  Principal "radicalisme religieux" contemporain, ou "manipulation fondamentaliste" de la religion, menaçant en permanence, dans son délire guerrier, la Paix dans le Monde.

 

Au XXI° siècle !...

 

Nombreux sont les Juifs qui rejettent cette idéologie à la rhétorique fanatique, ses fondements, prétextes, arguments, à l'opposé de leur religion : le Judaïsme.

 

J'en citerai un, que j'admire en tant que Grand Maître de la Science-Fiction, américano-russe  (3) :
Isaac Asimov

Gaza vu par le Brésilien Latuff

Gaza vu par le Brésilien Latuff

"Les juifs d'Amérique auraient une vision plus claire de la situation s'ils se représentaient un renversement de rôles : les Palestiniens gouvernant le pays et les juifs les bombardant de pierres avec l'énergie du désespoir."

 

Et, à propos de ses coreligionnaires d'Europe centrale immigrant en Palestine :
"Dès qu'ils posent le pied sur le sol d'Israël, ils se muent en sionistes extrémistes impitoyables à l'égard des Palestiniens.

Ils passent en un clin d'oeil du statut de persécuté à celui de persécuteur."

 

Commentant la Bible :
"La Bible enseigne que les victimes de persécutions ne doivent en aucun cas devenir à leur tour des persécuteurs :

"Vous n'attristerez pas et vous n'affligerez pas d'étrangers, parce que vous avez été étrangers vous-mêmes dans le pays d'Egypte" [Exode 22 : 21]"

Mais qui obéit à cet enseignement ?
Personnellement, chaque fois que je tente de le répandre, je m'attire des regards hostiles et je me rends impopulaire
."

 

Merci, Isaac Asimov.

Merci aux Juifs de cette trempe, de cette lucidité, de cette honnêteté et de ce courage.

Puissent-ils arriver un jour à marginaliser les fous furieux et sanguinaires paranoïaques, actuellement aux commandes de leur communauté, afin d'imposer un terme à L'Abjection en Palestine, pour ouvrir enfin une ère de concorde et de prospérité !...

 

 

 

 

 

 

 

1.  Stéphane Hessel, Indignez-vous !, Essai, Editions Indigène, 2010,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Indignez-vous_!
2.  UN must urgently investigate war crimes in Israeli-Gaza conflict - Amnesty Intl, RT News, 12 juillet 2014, http://rt.com/news/172232-israel-gaza-amnesty-war-crimes/
3.  Isaac Asimov, Moi, Isaac Asimov, Essai autobiographique, Présences – Denoël, 1996, pp. 33 – 39.

 

 

 

 

 

 

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15 juillet 2014 2 15 /07 /juillet /2014 05:00

 

 

N.B.  Ce texte a été publié pour la première fois, le 9 juillet 2014, sur le blog :
Iran : Analyses et Perspectives

 

 

 

 

 

Je ne souhaite que me tromper…

 

Lentement mais sûrement, les négociations de Genève sur le nucléaire Iranien, avec pour date limite le 20 juillet prochain, s’acheminent vers un échec.

Iran : Modèle de Résilience

Ce que tout le monde, anticipe. A commencer par les dirigeants Iraniens. Evidence, dès le début des négociations : l’Occident ne recherche, en fait, aucun accord. Multipliant les exigences les plus irrationnelles, pour ne pas dire farfelues. (1)

 

L’objectif étant, sous le prétexte nucléaire, d’asservir l’Iran, pour mieux le piller. Et, à défaut le détruire, afin de retarder son développement. L’idéologie prédatrice des "puissances arrogantes", pour reprendre les termes désignant en Iran les pays de l’OTAN, ne tolérant que deux modalités de relations à l’encontre du reste de la planète : la soumission ou la destruction.

 

Fund for Peace

 

Destruction directe par tapis de bombes et invasion, ou chaos de la guerre civile armée et financée par leurs soins. Quand ce ne sont pas les deux fléaux à la fois. Ravages et partitions imposés dans de nombreux pays, au Moyen-Orient notamment, le démontrent : Afghanistan, Egypte, Irak, Liban, Libye, Pakistan, Palestine, Somalie, Soudan, Syrie.

 

La résistance de l’Iran à cette logique exacerbe cette rage destructrice. Amplifiée par sa remarquable et courageuse ténacité face à une implacable "guerre économique" qui lui est imposée depuis 1979. (2) Aussi longue qu’impitoyable, totalement illégale au regard du droit international, n’étant en aucun cas prescrite par les instances de l’ONU. Contraire à sa charte fondamentale, constituant une agression, un acte de guerre, puisque décrétés unilatéralement par le Congrès des USA.

 

Contrevenant, sous l’appellation de "sanctions", à tous les engagements internationaux régissant les relations commerciales et financières. Jusqu’au "droit aérien", les membres de l’OTAN refusant de ravitailler en carburant les avions civils Iraniens en escale sur leurs aéroports !… (3)

Iran : Modèle de Résilience

Malgré ces comportements de gangsters, rappelant expéditions et rackets d’un Al Capone s’appropriant les quartiers d’une ville ou une ville entière, l’Iran n’en progresse pas moins.

Diabolisé en "menace pour la paix", justifiant obstacles et freins pour entraver son développement, ce pays de 80 millions d’habitants se montre étonnamment performant.

Même les ONG et "observatoires" américains les moins disposés en sa faveur sont obligés, à contrecœur, de l’admettre.

"Fund for Peace", par exemple, qui publie chaque année un classement des pays par niveau de "risques" ou de "fragilité" (Fragile States Index) vient, dans son édition du mois de juin dernier, d'en prendre acte (4) :
« En dépit de ces contraintes, l’Iran, grâce à son important marché intérieur et ses efforts d’intégration dans les grands courants d’échanges, a légèrement amélioré les indicateurs économiques du pays »
("In spite of these challenges, Iran’s sizable market and greater desire to engage with global actors has slightly improved the country’s Economy indicator".)

 

Reconnaissant que, dans son classement (5) :
« L’Iran représente le pays qui a le plus progressé dans le monde au cours de l’année passée sur le plan économique, social et politique. »
(" Iran proving to be the most improved country in the world over the past year socially, economically and politically".)

 

Sur la douzaine de critères, ou d’indicateurs, de son Index, les analystes du Fund for Peace ont été particulièrement impressionnés par  (6) :
« … Les performances et améliorations du système de santé, la réactivité des services de la sécurité civile lors des deux importants tremblements de terre d’avril 2013, et la maîtrise de la pression démographique... »
("… Because of an increase in total health care spending and guarded progress in performance and rapid and adequate emergency responses to two April 2013 tremors, the Demographic Pressures indicator has improved"…).

 

Le FMI aussi, dans son rapport du mois d’avril 2014, IMF (FMI) Country Report No. 14/93 – Islamic Republic of Iran, tout en traînant des pieds, le reconnaît (7) :
« L’Iran, au cours des décennies précédentes, a effectué de remarquables progrès en termes d’augmentation de revenu et d’amélioration du niveau de vie par habitant. »
("Iran had achieved considerable progress in raising per capita income and living standards in previous decades".)

 

Précisant, à la page 5 du document :
« Les indicateurs sociaux démontrent une diminution de la pauvreté et de l’inégalité des revenus, constituant un niveau relativement élevé de "développement humain". »
("Social indicators show declining poverty and income inequality, supporting a relatively high level of human development".)

 

 

TVA  &  KIA           

Iran : Modèle de Résilience

Jusqu’à se montrer admiratifs de la gestion du système fiscal, modernisé depuis 2008 avec l’introduction de la TVA. Dont le taux actuel de 6 % va être progressivement généralisé à 8 %. Loin des taux confiscatoires européens

 

En France nous en sommes à 20 %, en voie de rejoindre le record de la Grèce : 25 % et 30 % suivant articles ou prestations.

Autre comparaison avec l’Europe… Malgré l’étranglement économique qui lui est infligé, l’Iran enregistre un taux de chômage qui n’est pas supérieur à celui de beaucoup de pays membres de la "paradisiaque UE", royaume du Libéralisme Economique triomphant, avec sa libre circulation des hommes et des capitaux. Notamment : Portugal, Espagne, Italie et Grèce…

 

Un  des rares pays dans le monde à ne pas avoir d’endettement extérieur (hors opérations commerciales courantes), mais au contraire des réserves excédentaires d'un montant équivalent à environ 100 milliards de dollars. Sans compter les nombreux avoirs et créances bloqués dans les pays occidentaux. Certains remontant à la révolution de 1979 pour des achats et commandes non livrés selon l’arbitraire et la mauvaise foi des débiteurs de l’Iran (Grande-Bretagne et France, n’étant pas les moins retors). Plusieurs milliard de dollars cumulés…

 

Comme le constate le FMI dans son rapport, embargos et sanctions ou pas, l’Iran poursuit méthodiquement la diversification de ses exportations de produits et services "non pétroliers". En progression régulière, pour passer prochainement de 6 % à 10 % du PNB.

 

Cette politique, extrêmement dynamique et volontariste, s’applique aussi au tourisme. Autre grande richesse du pays, du fait de son exceptionnel patrimoine historique et de l’extraordinaire diversité de ses régions et paysages. Investissant dans un effort promotionnel, vers les pays asiatiques dans un premier temps, sur l’écotourisme et le tourisme "santé / bien-être". L’Iran organise son premier salon international "ECO Health Tourism" dans la province de Mazandarar, les 18 et 20 août, prochains conjointement avec ses partenaires et Etats voisins.

 

L’attraction de l’Iran auprès des investisseurs internationaux ne cesse de s’amplifier au fil des mois. Accords et signatures de contrats se multiplient.

 

Illustrations…

 

Le constructeur automobile sud-coréen KIA développe une usine de montage de son modèle Cerato, avec une mise sur marché prévue le 20 mars 2015. (8)

 

Ou encore, les Chinois, très bien implantés dans le pays, signant des contrats de coopération et d’investissements tous azimuts. Ainsi, dans la modernisation des chemins de fers Iraniens. Une des opérations les plus importantes portant sur la liaison Téhéran-Meshad, avec l’introduction de rames à grande vitesse ; permettant de réduire la durée de trajet de moitié et d’augmenter la capacité actuelle de passagers de 14 millions/an à 35 millions/an. (9)

 

Le Qatar, qui prend ses distances avec l’Arabie Saoudite, dans un rapprochement diplomatique et économique avec l’Iran. Concluant d’importants accords d’échanges et de transactions via la création de zones franches dans le port Iranien de Busher et dans deux ports Qataris. (10)

 

Encore plus significatif : une entreprise américaine de Californie, World Eco Energy, vient de signé un contrat portant sur un investissement de 1,175 milliard de dollars dans la construction d’une centrale électrique à partir de retraitement de déchets urbains. Au sud-ouest de la province de Chaharmahal-Bakhtiari. (11)

 

La liste serait interminable...

 

Oui, de quoi enrager les prédateurs occidentaux devant autant de résilience ! Un pays stable, un des rares de la région, se développant d’année en année.  Comment casser la renaissance d’une grande Nation ?... Hystériquement crispés sur le plan de destruction et de morcellement du Moyen-Orient, le Plan Oded Yinon de février 1982, ils n’en démordent pas : l’Iran doit être soumis ou détruit ! (12)

 

Imperméable aux fantasmes de champs de ruines et de dévastations des fous furieux de l’OTAN, sereinement, l’Iran retrouve sa place. Son importance économique et politique, de la Méditerranée à l’Océan Indien, du Golfe Persique à l’Asie centrale, ne cesse de croître, de s’affirmer.

 

Toutes les informations le confirment.

 

Evidemment, les médias de notre propagande veillent à ne pas les mentionner, encore moins leurs crapoteux colporteurs de l’opium iranophobe.

 

Désinformation ? Diabolisation ? Menaces ? Sanctions ?...

 

Qu’importe !

 

La caravane passe… La roue de l’Histoire tourne…

 

Inexorablement.

 

 

 

 

1.  La plus hilarante, formulée par les occidentaux, étant celle d’exiger la fermeture de l’installation souterraine de Fordo, sous prétexte qu’en raison de sa configuration il est difficile de la prendre pour "cible" lors de bombardements éventuels !… La délégation Iranienne en rit encore.
2.  Date du renversement du Shah d’Iran, dont le régime sanguinaire et corrompu servait d’auxiliaire au complet pillage des ressources du pays par les occidentaux.
3.  Même la France, dans la plus dégradante démonstration de servilité à l’égard du Congrès US…
4.  Felipe Umaña, Most Improved Country for 2014 : Iran, Fragile States Index 2014, 24 juin 2014,
http://library.fundforpeace.org/fsi14-iran
5.  Fragile States Index, Op. Cit.
6.  Fragile States Index, Op. Cit.
7.  IMF (FMI) Country Report No. 14/93 – Islamic Republic of Iran – 2014 Article IV Consultation – Staff Report : Press Release ; and Statement by the executive director for the Islamic Republic of Iran, Avril 2014,
http://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2014/cr1493.pdf
8.  http://www.iran-daily.com/Newspaper/Page/4826/4/13202/0
9.  http://www.iranrail.net/gallery.php
10.  http://www.iran-daily.com/Newspaper/Page/4827/4/13284/0
11.  http://www.iran-daily.com/Newspaper/Page/4827/4/13282/0
12.  http://www.globalresearch.ca/greater-israel-the-zionist-plan-for-the-middle-east/5324815

 

 

 

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18 juin 2014 3 18 /06 /juin /2014 06:00

 

N.B.  Ce texte a été publié pour la premère fois le 3 juin 2014, sur le blog :
Iran : Analyses et Perspectives
Blog "annexe" créé suite à une demande d'Amis-Lecteurs pour faciliter la recherche, consultation, reproduction, transmission, des articles ou billets consacrés à l'Iran. Occultés par les moteurs de recherches s'ils sont "noyés" dans les catégories du présent blog...

 

 

°°°°°°°°°°°°°°°°°

 

 

"L’élégance de ta silhouette est celle du cyprès de Kahsmar
La douceur de tes lèvres celle du sucre du Khuzestân"

Nizari Kohistani  (1)

 

 

 

 


Commémorations…

 

Mai et Juin en regorgent… "Ras-le-bol", pestent certains…

 

Désolé, mais je vais en rajouter une autre !

 

Pour deux raisons "géopolitiquement" cardinales : personne n’en parle sous nos latitudes ; alors qu’elle est essentielle, si l’on souhaite comprendre l’Iran d’aujourd’hui. Surtout, son inébranlable détermination dans la défense de sa souveraineté nationale, au cours des négociations en cours à Genève.

 

Aucune allusion dans nos médias, spécialisés dans le "décryptage de l’information". Encore moins dans ceux prospérant du commerce lucratif de la diabolisation continue de ce pays.

 

Rions de ce zèle méticuleux dans la désinformation. Appareil de bourrage de crâne si asphyxiant qu’il ne cesse de multiplier ses pseudopodes iranophobes dans de multiples directions. Avec, inévitablement, ses petits "dealers de l’intox", "cocaïnés" de propagande jusqu’aux oreilles, qui champignonnent dans les ruelles du Web.

 

 

La "Guerre Imposée"

 

Le 24 Mai dernier, comme chaque année, l’Iran a célébré l’anniversaire de la reprise de la ville de Khorramchahr occupée par les troupes Irakiennes de Saddam Hussein, financées et assistées par l’Occident et ses pétromonarchies sous tutelle. Le 32°…

 

Occupation, suite à l’attaque surprise lancée par l’Irak, le 22 septembre  1980, sous forme du bombardement d’une dizaine d’aérodromes pour tenter de détruire au sol l’aviation Iranienne. Précédant la plus vaste invasion d’un pays par des divisions blindées, depuis la  deuxième guerre mondiale. Sur un front de 700 km.

 

Khorramchahr : Le Verdun Iranien

 

Ce fut une guerre de 8 ans, que les Iraniens appellent la « Guerre Imposée ». Car, non seulement ils ne la voulaient pas, mais en plus elle n’a fait l’objet d’aucune "déclaration de guerre" préalable. Cette "agression armée" bénéficiant même, en dehors du colossal soutien des occidentaux (une vingtaine de pays...), de la complicité des instances de l’ONU de l’époque, en infraction avec sa propre Charte fondatrice...

 

Qui, à la première ligne de son Préambule, spécifie pourtant :

"Résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l'espace d'une vie humaine a infligé à l'humanité d'indicibles souffrances...".

 

Silence. Durant 8 années meurtrières, aux immenses ravages et destructions : septembre 1980 – Août 1988.

 

Dans le "deal" passé avec les occidentaux, Saddam Hussein devait annexer, en récompense, la province frontalière du Khuzestân. Célèbre depuis des siècles pour la saveur de son sucre, berceau des monarchies Perses. La plus riche des 31 "régions administratives" de l’Iran par ses ressources agricoles, halieutiques, hydrauliques et énergétiques. Et, ses industries. Notamment : métallurgiques. Avec le port de Khorramchahr et la grande raffinerie d'Abadan pour fleurons.

 

Les partenaires du dictateur Irakien ayant pour objectif de reprendre le contrôle de l'Iran, et son pillage. Perdus à la suite du renversement du sanguinaire régime du Shah, par une courageuse révolution populaire, avec la solidarité de la majorité des forces armées. Le niveau de corruption et d’atrocités atteint par ce régime, protégé par les occidentaux qui encadrait sa police politique la SAVAK, hallucinante de férocité, était devenu insoutenable pour la population.

 

Un moment, les occidentaux avaient espéré récupérer cette révolution à leur profit, en mettant en place une dictature militaire.

 

A l’exemple du coup d’Etat effectué lors du renversement du premier ministre Mossadegh, en août 1953. Dans le style de l’opération plus connue en Occident, réalisée au Chili, par le général Pinochet et son gang. Mossadegh, rappelons-le, avait eu l’audace de nationaliser les compagnies pétrolières étrangères qui refusaient de déclarer les quantités d’extraction de pétrole et de gaz qu’elles exportaient à partir de l’Iran, d’en acquitter le juste prix et les taxes afférentes.

 

Khorramchahr : Le Verdun Iranien

Ou, récemment, avec un habillage "démocratiquement" plus présentable, similaire à l’intronisation du maréchal Al-Sissi. Tout juste plébiscité "président de la république" d'Egypte, avec plus de 96 % de bulletins en sa faveur !… Après avoir renversé le gouvernement démocratiquement élu de Morsi. Le putsch militaire qui vient de réussir, en Thaïlande, adopte semblable configuration.

 

La routine…

 

Mais, pour une fois, les occidentaux ont été gagnés de vitesse et d'habileté.

 

Le coup d’Etat militaire en préparation, avec ses ramifications, démasqué. Une centaine de généraux et d’officiers supérieurs passés en jugement, plusieurs exécutés pour "haute trahison". Dans le meilleur des cas, mis à la "retraite anticipée". Opération dont le succès revient en partie aux étudiants qui avaient pris d’assaut l’ambassade des Etats-Unis, le 4 novembre 1979, à Téhéran.

 

 

Petits papiers et grandes illusions

 

Réussissant à récupérer les sacs des documents passés dans les différents broyeurs des services de l’ambassade. Ce sont des dizaines d’étudiants en anglais, encadrés de leurs professeurs, qui ont patiemment reconstitué ces rapports, fiches et dossiers, à l’intérieur d’un hangar. Dans un excellent exercice d'anglais "appliqué"...

 

Plusieurs semaines durant. Morceaux, lamelles, bandelettes, dans un gigantesque puzzle. Avec une héroïque abnégation : travailler de longues heures, sans climatisation ni ventilation, pour ne pas transformer ce méthodique travail de fourmi, en bataille de confettis !…

 

Face à l'échec du projet de coup d'Etat, restait à engager le plan B : une guerre « proxy », selon le terme technique en usage chez les "stratèges" bellicistes. En clair : une guerre « sous-traitée ». Provoquant la démoralisation de la population afin de renverser le gouvernement et sa nouvelle constitution, par des militaires rendus maîtres de la situation politique en dépit, ou à cause, de leur défaite sur le terrain.

 

Le "sous-traitant" était tout trouvé : Saddam Hussein. Aussi cruel que stupide, manipulé, méprisé, jusqu’à sa pendaison, par ses maîtres…

 

Les occidentaux, dont la France, ouvrirent en grand leurs arsenaux, mettant à sa disposition ce qu’il souhaitait. Y compris les renseignements et photos fournis par les satellites. L'Union Soviétique, alors en plein déliquescence, n'avait plus de politique étrangère crédible, se limitant à rester un des fourrnisseurs d'armement de l'Irak (blindés et avions de combat, principalement). "Tradition" héritée du temps de la Guerre Froide, américains et autres membres de l'OTAN approvisionnant les armées du Shah d'Iran...

 

Les pétromonarchies sortirent, donc, leurs chéquiers. Certaines estimations établissent une moyenne de 60 milliards de dollars par an accordés pendant toute la guerre, sous forme de prêts, par : Koweït, Arabie Saoudite et émirats du Golfe. (2)

 

L’Iran, isolé, en pleine réorganisation, affaibli par un embargo lui coupant tout accès aux achats d’armes et de pièces détachées, ses avoirs à l'étranger saisis (notamment d'importants accomptes versés pour des marchés civils ou militaires), fut surpris dans un premier temps. N’ayant aucune intention belliqueuse à l’encontre de l’Irak, peu de troupes se trouvaient sur cette frontière.

 

Khorramchahr, ou Khurram Shahr, littéralement "La Ville Agréable", fut encerclée et attaquée dés les premiers jours de l’invasion. La ville opposa une résistance désespérée : un mois. Rue par rue, maison par maison, étage par étage. A la fin du siège, sans armes ni munitions, armés de couteaux et de bâtons. Khurram Shahr devint pour les Iraniens, jouant sur les mots : Khunin Shahr, "La Ville de Sang".

 

C’est leur Verdun, dans la symbolique de la résistance nationale. Ce qui était une des plus belles villes de l’Iran et son plus grand port sur le Golfe Persique, avec de somptueuses demeures et vestiges historiques, devint une cité fantôme, sans habitants, un champ de ruines. Il fallut 2 ans pour la reprendre : le 24 mai 1982. Des milliers de morts, 20.000 Irakiens prisonniers.

 

Et, encore, 6 ans de guerre à endurer. Dont la partie la plus acharnée se déroula, pour l'infanterie, dans les marais et la boue des estuaires des grands fleuves de la région se déversant dans le Golfe Persique.

 

Khorramchahr : Le Verdun Iranien

 

Sous les gaz de combat, ne l’oublions pas, dont les Irakiens firent un usage intensif, massif, dans le silence "ONUsien"… Gaz toxiques (dont l'épouvantable "sarin", inodore et incolore...), munitions chimiques, et vecteurs appropriés, intégralement fournis par les occidentaux : jusqu'à trouver, sur les champs de bataille, des obus au gaz de fabrication espagnole !..

 

Contre les Iraniens, militaires ou civils. Qui, de leur côté, n’en ont jamais employé. N'ayant, au début de la guerre, même pas d'équipements, ni d'antidotes pour faire face à ce type d'agression.

 

D'après un rapport déclassifié de la CIA, de 1991, plus de 50.000 soldats Iraniens auraient été tués par des attaques au gaz au cours de ce conflit. (3)

 

Khorramchahr : Le Verdun Iranien

A ce jour, environ 100.000 anciens militaires sont encore traités pour des complications pulmonaires ou graves maladies de peau.

Dont plus d’un millier d'entre eux, véritables "morts-vivants" soignés depuis, en permanence, dans des hôpitaux spécialisés. Avec affection et respect : considérés en héros par la Nation.

 

Non compris les victimes civiles "gazées", des nombreuses villes et villages, situés dans les zones de combats ou à leur proximité…

 

Dans l'indifférence de nos Belles Consciences...

 

Mais, le plan initial des "stratèges" occidentaux (les spécialistes en "options sur la table"…) capota : la percée Irakienne s’essouffla rapidement, l’Iran ne s’écroula pas et son gouvernement ne fut pas renversé. Abandonnant la "guerre-éclair", les troupes Irakiennes s’installèrent dans des tranchées pour une interminable "guerre de positions" analogue, "progrès" du matériel mis à part, à celle de la première guerre mondiale.

 

 

L’arrogance pour stratégie

 

Cinq paramètres avaient été gravement, ou stupidement, sous-estimés par les occidentaux :

 

i)  La résistance, symbolisée par Khorramchahr, sur l’intégralité du front. Loin de se trouver face à une débandade, les Irakiens furent confrontés à une défense acharnée, héroïque, articulée sur une remarquable discipline, conservant en permanence l’initiative, multipliant les contre-attaques malgré d’énormes problèmes en renouvellement de matériels et de munitions. Dès les premiers jours, des centaines de blindés et véhicules Irakiens furent détruits, notamment par les hélicoptères de combat.

 

ii)  La profonde cohésion nationale de l’Iran. Les Iraniens, toutes générations confondues, se sont instantanément soudés autour de leurs dirigeants pour défendre le pays. Comme dans le rejet du régime sanguinaire du Shah et de la prédation de l’Occident.

Quels que soient leurs groupes ethniques. Exemple le plus emblématique : les "stratèges", avec Saddam Hussein, avaient anticipé un ralliement des fortes communautés arabes du Khuzestân. Qui, à leur grande surprise, combattirent l’envahisseur avec une détermination implacable.

 

iii)  Le faible niveau de fiabilité des "renseignements" et "analyses" fournis par des pseudos "opposants au régime". Qui n’étaient en fait que des privilégiés du régime policier du Shah (de nos jours, ce sont leurs rejetons…). Pressés de retrouver leurs sinécures, prenant leurs désirs pour la réalité.

 

iv)  L’ingéniosité des forces armées Iraniennes et de leurs techniciens. Ayant le plus grand mal à trouver des pièces détachées (l’essentiel du matériel étant américain et britannique), cannibalisant une partie (chars, véhicules, avions, hélicoptères, etc.) pour en maintenir opérationnel le maximum. Dans la mesure du possible, les reproduisant avec leurs machines-outils.

Ce sont eux qui ont fabriqué des drones d’observation aérienne (les Irakiens bénéficiaient de l’apport des satellites occidentaux) et de combat : les Mohajer. Devenant les meilleurs spécialistes mondiaux, avec plus de 700 sorties au-dessus des zones de combat. (4)

 

v)  La formidable performance de l’aviation Iranienne. Réagissant dès les premiers jours, survolant à basse altitude l’Irak, déjouant la défense anti-aérienne, pour bombarder les infrastructures militaires, radars : dépôts, aérodromes. Détruisant de nombreux appareils Irakiens, en vol et au sol. (5)

 

Saddam Hussein donna l’ordre de rassembler par sécurité le reste de ses avions dans la grande base Al Whaleed, près de la frontière jordanienne, à l’opposé des frontières avec l’Iran.

 

L’aviation Iranienne mis alors au point un des plus extraordinaires exploits de raid aérien militaire, par son audace et sa complexité opérationnelle, connu sous l’appellation H3 Airstrike. Conçu par le général d’aviation Hooshvar.

 

Survolant à basse altitude les frontières de l’Irak pour ne pas avoir à le traverser, des chasseurs-bombardiers sont allés détruire au sol, le 4 avril 1981, une cinquantaine d’avions Irakiens dont 5 Mirage F1 français. Ainsi que pistes et hangars. Après plusieurs ravitaillements en vol, à l’aller comme au retour. Sans aucune perte ni incident technique.

 

Khorramchahr : Le Verdun Iranien

 

Problème…

 

Loin d’être affaibli, l’Iran par sa combativité inépuisable, son excellence dans la gestion de sa pénurie, parvenait à retourner la situation à son avantage. Pénétrant progressivement, à partir de 1985, en Irak. A plusieurs reprises, ses commandos d’élite atteignirent les faubourgs de Bagdad.

 

Dépités et furieux, les occidentaux enclenchèrent le plan C !...

 

Détruire l’intégralité de l’infrastructure pétrolière et industrielle de l’Iran, tout spécialement ses raffineries et terminaux d’exportation. L’empêcher de vendre ses ressources et se procurer des devises. L’épuiser pour plusieurs générations.

 

Mettant la main à la pâte, ils participèrent joyeusement au saccage sous différentes formes plus ou moins camouflées. Les Irakiens manquant surtout de pilotes confirmés, pour prendre en charge les nouvelles livraisons de matériel nécessitant plusieurs années de formation et d'entraînement… Mais : Chut !

 

Moins inhibés, trouvant toujours la juste cause mensongère (représailles, tentatives d’attaques de leurs navires par les Iraniens, etc.), les américains frappèrent des plateformes pétrolières, détruisirent des navires de guerre. Et, autres amabilités du genre…

 

Jusqu’à pulvériser en vol un avion civil, le 3 juillet 1988, par deux missiles tirés d’un croiseur lance-missiles, l’USS Vincennes, entré illégalement dans les eaux territoriales Iraniennes.

 

Tuant les 290 passagers avec l’équipage, dont 38 non-Iraniens et 66 enfants.

 

Equipé des radars les plus perfectionnés, il aurait confondu le Boeing, en phase ascensionnelle après son décollage, avec un chasseur-bombardier le menaçant en "piqué" !... Alors que l'Iran Air Flight 655 assurait paisiblement son vol quotidien, entre Bandar Abbas et Dubaï.

 

Un authentique crime de guerre.

 

Symptomatique. Le commandant du navire, William C. Rogers, a reçu une des plus hautes décorations militaires, Legion of Merit, pour services exceptionnels rendus à la Nation "entre avril 1987 et mai 1989". Par le président Bush.

 

Evidence : le plan C, malgré son pouvoir dévastateur, n’abattait pas l’Iran. Il fut décidé d’arrêter cette partie mortifère, les marchands de canons ayant suffisamment bourré leurs coffres et leurs comptes dans les paradis fiscaux. Après des pressions sur Saddam Hussein, la Résolution 598 fut adoptée le 8 août, mettant un  terme aux combats. La paix étant officiellement restaurée le 20 août 1988.

 

En fait, pour les occidentaux, il convenait de réfléchir à une intervention militaire "directe", sous un prétexte quelconque. D’élaborer un autre plan. L’hystérie "nucléaire", après abondante diabolisation, en constituera la trame. Inscrit sur la liste des "Etats terroristes", la déstabilisation, à défaut, la destruction de l’Iran, furent décidées tout en étant reportées à un moment plus favorable.

 

Le bellicisme de l’Occident, à son encontre, n’en devenait que plus virulent.

 

Mais…

 

Khorramchahr, le "Verdun" Iranien, est là pour rappeler que menaces et gesticulations, diffamations et agressions, d’où qu’elles émanent, quelles que soient leurs formes, ne feront pas plier cette Grande Nation, dans ses droits légitimes à préserver sa souveraineté et sa dignité.

 

L'Iran, au contraire, les défendra, avec couteaux et bâtons si l’impossible l’exige.

 

Khorramchahr : Le Verdun Iranien

Barrage sur le fleuve Kārun - کارون  -  Le  Kārun 3  -  Province du Khuzestân  

 

 

 

 

1.  Naimuddin bin Jalaluddin bin Muhammad Nizari Kohistani, poète Iranien né à Birjand en 1247.
A noter que le cyprès de Kashmar est un arbre mythique des légendes, ou de l’imaginaire Persan, symbole de La Beauté. Paradisiaque, pourrait-on dire.
2.  Patrick Brogan, World Conflicts : A Comprehensive Guide to World Strife Since 1945, Bloomsbury, London, 1989.

3.  Informations reprises par :
=>  Robin Wright, Dreams and Shadows : The Future of the Middle East, Penguin Press, New York, 2008.

=> Terry Bryant, History’s Greatest War, Chandni Chowk – Global Media, Delhi, 2007.

4.  Ce qui explique, la parfaite maitrise de l’arraisonnement électronique par les Iraniens du drone américain le plus perfectionné de son arsenal, le RQ-170 Sentinel, en observation d'espionnage au-dessus de leur territoire. A la stupéfaction des spécialistes américains, oubliant le grand principe de Sun Tzu : ne jamais sous-estimer « l’Autre »…

5.  Les pilotes Iraniens utilisant du matériel américain (F4-Phantom, F5-Tiger, F14-Tomcat, etc.), ont tous été formés aux USA. Notons qu’ il n’y a eu aucune défection ni désertion.

 

 

 

 

 

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6 juin 2014 5 06 /06 /juin /2014 12:27

 

 

"Aucun homme n’est né avec une selle sur le dos, et aucun non plus avec des éperons pour le monter."
Slogan des  "Dissidents anglais"  (1)

 

 

 

 

La banque française BNP-Paribas, nous explique-t-on avec embarras, est passible d’une amende de 10 milliards de dollars, ou plus (circule le chiffre de 16), dans le cadre d’une action pénale aux Etats-Unis...

 

 

L'écosystème de la "sanction"

 

Je ne vais certainement pas verser une larme sur les actionnaires du représentant d’une telle industrie. N’éprouvant aucune affection particulière, ni estime, pour les spéculateurs, prédateurs et usuriers.

 

Quand on constate, sidérés, ce que les dérives, dysfonctionnements, erreurs de gestion, des banques ont coûté, coûtent encore, à nos collectivités. Dans tous les pays, développés ou en voie de l’être …

Sanctions US : Guerre Economique ou Racket ?...

Par leurs ponctions répétées sur les finances publiques afin de les sauver, dans l’impunité et gratuitement, de leurs noyades et faillites récurrentes. Conséquences de la démesure de leurs spéculations dans "l'économie-casino", aux mafieuses ramifications. Les effets dévastateurs de leur indécrottable incurie dans le financement d’investissements productifs fondés sur la création d’emplois. Ecrasant nos économies nationales, tel un gigantesque marteau-pilon, dans la récession …

.

De plus, il ne s’agit que d’une pitrerie judiciaire. Caricaturale par ses jongleries avec le "Non-Droit". International, plus particulièrement.

.

Dans le sens ou le Droit est tellement détourné de sa finalité, son éthique, son "esprit" selon l'expression de ses pères fondateurs, que son existence n’a pas plus de consistance qu’un rideau de fumée dissimulant les pires entourloupes ou crimes.

Ne méritant de s’attarder, non sur le fond car il n’y en a pas mais, uniquement sur le contexte de cette affaire. Ou plutôt, "l’écosystème" mettant en jeu, en interaction, l’incompétence et la veulerie de nos castes politiques, assistées de leurs médias de la désinformation, face aux délires mégalomaniaques d’un "allié". Nous considérant, du haut de son trône jupitérien, comme un simple vassal à pressurer ou à cravacher.

 

Les uns et les autres pétrissant frénétiquement, dans le contentement de soi le plus cynique : irrationalité, incohérence, absurdité, mensonge…

Sanctions US : Guerre Economique ou Racket ?...

Aboutissement d’un obscurantisme idéologique réduisant la gestion de nos Etats, en pleine décrépitude sciemment organisée, à la brutalité des rapports de force. Si ce n’est, le plus souvent, la violence aveugle : économique et sociale à l’intérieur de nos pays, militaire à l’extérieur.

.

En conséquence, les "sanctions judiciarisées", quel qu’en soit le périmètre d’application, ne sont qu’un prétexte.

.

Reste à déterminer suivant leur niveau d’illégalité, ou d’arbitraire, si elles ressortent de la "guerre économique" ou du "racket"…

Lord Palmerston

 

Un des plus implacables ministres du Royaume-Uni, Lord Palmerston, pour boussole guidant sa politique, appliquait un principe  (2) :

« L'Angleterre n'a pas d'amis ou d'ennemis permanents, elle n'a que des intérêts permanents. »

 

C’est ce que devrait enfin se dire, s’incruster dans les neurones en retroussant les  manches, notre pays. L’Europe aussi.

 

Au-delà de la banque concernée par cette "sanction", qui n’est qu’un détail dans le problème posé, c’est de souveraineté nationale, d’indépendance, de respect de notre pays, qu’il s’agit. Tout autant politique qu’économique.

Sanctions US : Guerre Economique ou Racket ?...

Les politiciens et médias serviles ne cessent de nous marteler qu’il y a eu "fraude", "dissimulation". Entretenir des relations avec des pays sous "sanction" obéit à des lois, avec ses listes de pays, de matériels et de transactions : Iran, Soudan, Cuba, Corée du nord, etc. Récemment, Syrie et Russie. Demain, Venezuela. Après-demain, qui sait ?...
.

Donc, il est "normal" de sanctionner nos entreprises, même si elles n’ont pas enfreint le droit international, ni la législation européenne, ni la législation française. Puisqu’il y a eu "fraude" !...

.

"Normal", que Total ait été obligé de payer une amende de 400 millions au Trésor américain pour avoir terminé, il y a plus de 20 ans, quelques contrats sur lesquels il s'était engagé avec l'Iran.

"Normal", que Renault et Peugeot aient été contraints d'arrêter leurs chaînes de production en Iran, et la livraison de pièces détachées pour les véhicules déjà produits et vendus. "Normal", qu'Airbus ait été obligé de refuser la vente d'avions "civils" à l'Iran et, dans le même temps, de délocaliser sa production et sa recherche aux Etats-Unis. "Normal", etc.

 

Interminable énumération de normes à géométrie variable...

 

Dans le cas BNP-Paribas, la "sanction" est donc "légitime", d'après ces propagandistes. C’est seulement le montant qui ne l’est pas. "Disproportionné", "exagéré", répètent nos oligarques pour faire accepter le fait que, dans tous les cas de figure, nous devons nous : "soumettre"…

 

Par rapport à quoi ?... En vertu de quoi ?...

 

D’une loi du Congrès américain ?...

 

Car ces "sanctions" ne sont pas édictées par un organisme international : ONU ou autre. Elles émanent seulement du Congrès des Etats-Unis. Ainsi, le parlement d’un pays étranger s’autorise, unilatéralement, à régenter nos relations diplomatiques et commerciales !...

 

Stupéfiant, de constater le degré d’abaissement putassier de notre nomenklatura…

 

Imagine-t-on le parlement de notre pays légiférer pour interdire, en vertu de "notre Loi", à nos alliés et partenaires d’entretenir des relations diplomatiques et commerciales ?... Projets d’investissements ?... Actions et échanges culturels ?... (3)  Avec un ou des pays, objets de notre vindicte, selon notre bon vouloir ou nos fantasmes géopolitiques ?...

 

De quel droit ?... Celui du "plus fort" ?...

 

Napoléon s’y était essayé en instaurant unilatéralement l’équivalent des sanctions et embargos actuels, à la mode du Congrès américain. Imposant par le décret de Berlin du 21 novembre 1806, renforcé par celui de Milan du 23 novembre 1807 : le Blocus Continental. Obligeant les pays européens à cesser toutes relations avec le Royaume-Uni. Tant à l’exportation qu’à l’importation.

 

Résultat : cette "guerre économique" a excédé les pays européens qui se sont ligués, coalisés, contre lui. Et, il en a perdu son Empire…

Sanctions US : Guerre Economique ou Racket ?...

"Changement de régime"

 

Excellent tacticien, mais piètre stratège en analyses géopolitiques (envahir l’Espagne, la Russie, etc. !...), Napoléon n’avait rien compris. Seul, Talleyrand l’avait anticipé : une "guerre économique" imposée unilatéralement à d’autres pays par la force, pour abattre son ennemi direct, n’a aucune chance de succès. Au contraire, à terme, un effet boomerang.

 

Peu de temps auparavant, les Etats-Unis avaient déjà donné un bel exemple de résistance aux mesures d’embargo de la Révolution française et du Directoire. Refusant de rembourser les prêts accordés sous Louis XVI par la France, prétextant le "changement de régime" (déjà !) : ce qui était dû à la monarchie française, ne l'était pas à la république ou au Directoire… Annulant leurs dettes de leur propre chef.

 

Refusant même de payer les pensions des anciens soldats, marins, et officiers français qui avaient combattu contre les anglais aux côtés des indépendantistes américains. Certains y avaient laissé un bras, une jambe, une main où un œil, sous la mitraille anglaise. Une délégation de ces anciens combattants tenta de convaincre le président Thomas Jefferson. En vain. Mais, quand on voit la façon dont ils traitent leurs propres vétérans, il n’y a pas de quoi s’offusquer…

 

"Business is business", tel est le credo. Ils n’ont pas hésité à attaquer les navires français, en lutte contre le commerce anglais, qui tentaient d'arraisonner ou de contrôler leurs cargaisons.

 

Ce fut la Quasi-Guerre (en anglais : Quasi-War). Une guerre non déclarée, essentiellement navale. D’où l’appellation de certains historiens américains : "Undeclared War with France". Du 7 juillet 1798 au 30 septembre 1800 (Traité de Mortefontaine). Capturant 85 navires français dont la frégate L’Insurgente, après avoir pratiquement détruit une autre frégate La Vengeance.  

 

Ah !...  Les "alliés"

Sanctions US : Guerre Economique ou Racket ?...

Ressortant davantage du "racket" que de la "guerre économique", suicidaires pour nos économies, nos emplois. En résumé, pour les intérêts fondamentaux de nos pays. Pourquoi, France et Europe n’opposent-elles pas la même résistance aux mesures d’embargos, et jugements arbitraires imposés par une puissance étrangère, que les Etats à l’époque de Napoléon ?...

.

Parce que les conditions géopolitiques ont, radicalement, changé.

Les intérêts des oligarchies étaient, alors, directement en jeu : c’était mettre en péril les finances des monarchies et principautés européennes. L'impact était immédiat. Directement investies dans l’activité manufacturière, et commerciale, de leurs pays. Inextricablement liées aux activités nationales.

 

Dans un contexte d’une remarquable stabilité monétaire (4). Sans la possibilité de recourir aux colossales spéculations de "l’économie-casino" actuelles, avec des masses de capitaux circulant d’un pays ou d'un continent à l’autre sans régulation, assurant des fortunes considérables aux nantis. Elles n’avaient aucun intérêt à asphyxier leurs économies et à scier la branche sur laquelle reposaient leurs trônes ou régimes.

 

D’autant que les appareils policiers étaient beaucoup moins sophistiqués, et puissants, que de nos jours pour exercer une répression efficace en cas de révoltes dues aux crises économiques.

 

A présent, les oligarchies, "le 1%" qui accapare les richesses nationales, du fait de la mondialisation n’ont plus besoin de l’assise nationale pour s’enrichir sans limite. "Délocalisations" industrielles, commerciales, financières, se sont multipliées. Leur procurant des revenus exponentiels qui échappent aux contrôles et aux enjeux nationaux. Notamment, ceux de la solidarité et de l'équité fiscales. Plonger leurs propres pays dans la récession, la paupérisation, ne leur pose aucun état d’âme…

La "Mondialisation" n’est que l’instauration d’une "Ploutocratie" à l’échelle planétaire. Une "Fédération des 1%"...

 

En fait, nos oligarchies ne courbent pas l’échine devant une puissance supérieure. Elles en sont partie prenante, au détriment des intérêts de leurs propres nations. Expliquant la totale  complicité de nos "castes" au pouvoir avec l’instauration de la "primauté du droit états-unien sur le sol européen". (5)
 

A l’exemple de la mise en place du "Grand Marché Transatlantique", le Partenariat Transatlantique pour le Commerce et l’Investissement (Transatlantic Trade and Investment Partnership - TTIP). Autorisant les entreprises US, entre autres généreuses libéralités, à  :
« ... au nom de la libre concurrence, porter plainte contre un État qui leur refuse des permis d’exploitation de gaz de schiste ou qui impose des normes alimentaires et des standards sociaux. » (6)

 

L’Europe n’existe pas.

 

Nous devons nous réapproprier le principe de Lord Palmerston.

 

Sanctions US : Guerre Economique ou Racket ?...

 

 

1.  Chrétiens anglais qui firent sécession avec la religion d’Etat : l’Anglicanisme (XVI° – XVIII° siècle). Repris en titre du chapitre 3 de l’autobiographie de Michel Le Bris : « Nous ne sommes pas d’ici », Grasset, 2009.

2.  Lord Palmerston fut deux fois premier ministre (Parti Libéral) du Royaume-Uni : 1855-1858 et 1859-1865.

3.  Même "l’Exception Culturelle Française" n’a pas fait le poids face au Congrès américain. Le Musée du Louvre a ainsi été contraint d’annuler une exposition, à Téhéran, d’objets d’art de la Perse qu’il détient dans ses collections et fonds. L’obscurantisme occidental n’a pas de bornes…

4.  Cf. : "La grande stabilité monétaire des XVIII° et XIX° siècles", dans "Le capital au XXI° siècle" de Thomas Piketty, Seuil, 2013, p. 171.

5.  Jean-Claude Paye, Le Droit États-Unien s’impose sur le territoire européen, 3 juin, 2014, http://www.voltairenet.org/article184067.html

5.  Jean-Claude Paye, Op. Cit.

 

 

 

 

 

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12 mai 2014 1 12 /05 /mai /2014 20:00

 

 

« Les peuples ont le droit de choisir et de régler eux-mêmes le régime politique sous lequel ils veulent vivre. »

Talleyrand  (1)

 

 

 

 

Quel délice de voir les nomenklaturas des membres de l’OTAN s’étrangler de dépit devant les référendums des provinces de l’Ukraine de l’Est !...

Référendum !

 

Rien n’étant plus insupportable à ces vertueux « démocratologues », infatigables donneurs de leçons à la planète entière, que de voir s’exercer un droit qui représente l’expression la plus authentique d’une volonté collective.

 

A commencer chez eux.

 

Où plusieurs pays, France et Irlande donnant les plus pathétiques exemples, ayant signifié dans un référendum leur rejet du "Traité Européen" dans sa configuration actuelle, les castes au pouvoir se sont précipitées pour le contourner. Le faisant entériner par voie parlementaire. Parlements composés de "politiciens-marionnettes" de profession, zélés serviteurs de leurs sponsors ou maîtres…

 

A plus forte raison dans les autres pays.

 

Les volontés nationales qui ne se soumettent pas à leurs projets de prédation sont niées dans des coups d’Etat, éradiquées dans le chaos des guerres civiles, réduites en cendres dans d’apocalyptiques invasions. Opérations longuement, implacablement planifiées, organisées, avec leurs armes, leurs financements, leurs encadrements, leurs logistiques, leurs complicités.

 

Sauvages entreprises meurtrières, glorifiées par leurs appareils de désinformation, vendues à leurs opinons publiques dans des campagnes de propagande ou de "marketing-publicité" sous le label : « Défense de  la Liberté et Promotion de la Démocratie ».

 

Quitte à protéger les pires dictatures et individus.
 

Ainsi à Kiev, soutenant des putschistes, ramassis d’affairistes corrompus, coupeurs de gorges et néonazis. Saluons le courage des provinces de l’Ukraine de l’Est qui se refusent à subir la loi de la rue et les spoliations des oligarchies occidentales. (2)

 

Le 9 mai dernier, la Crimée a célébré l’anniversaire de la chute du nazisme. Ainsi que le succès de son autodétermination et son retour à la Russie. Province que Khrouchtchev en 1954, principal dirigeant soviétique à l’époque, dans une décision arbitraire, avait rattachée à l’Ukraine.

 

A Sébastopol, où s’était déroulée une des batailles les plus acharnées, dans un siège héroïque, contre les troupes allemandes du maréchal Manstein, sous un soleil magnifique, le président Poutine venu de Moscou, s’associa à la joie des habitants.

 

Partageant commémorations et défilés. Dont une superbe démonstration aérienne des pilotes d’élite de l’armée Russe… (3)

 

 

 

Alors l’UE, courbant l’échine sous la trique de son suzerain, s’indigne, gesticule, menace, "sanctionne" la Russie…

La veille du prochain voyage officiel du président Russe en Chine. Au cours duquel vont être signés, pour une trentaine d'années, parmi les plus gigantesques contrats d'investissements et d'échanges de l'histoire du commerce international. Depuis l'énergie jusqu'à la mise en valeur de la Sibérie, aux ressources infinies... (4)

 

 

Russie : Imbécile Aveuglement de l’UE…

 

Imbécile aveuglement d'une pitoyable Europe …

 

 

 

Russie : Imbécile Aveuglement de l’UE…

 

 

Qui fait rire le reste du monde…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1.  Jean Orieux, Talleyrand, Flammarion, 1970, p. 696.

2.  Georges Stanechy, Ukraine : Le Passing-Shot, 5 mars 2014,
http://stanechy.over-blog.com/2014/03/ukraine-le-passing-shot.html
3.  Source vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=j7QrFgcrQOM
4.  Russia : Historic 30-yr gas deal with China set to be signed next week, 12 mai 2014,
http://rt.com/business/158396-gasprom-russia-china-cnpc/

 

Caricatures : Luo Jie et Li Min, du China Daily

 

 

 

 

 

 

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17 mars 2014 1 17 /03 /mars /2014 19:08

 

 

« Nous sommes humains dans la mesure où ce qui se passe aux antipodes nous concerne. »
Augustin Berque  (1)

 

 

 

 

 

Impressionnant !

 

Ce sont 82,3 % des inscrits qui ont voté, dont 99,4 % se sont prononcés pour le rattachement à la mère-patrie !...

 

Non, il ne s’agit pas du référendum en Crimée sur son rattachement à la Russie.

 

Mais, de celui organisé par la France le 8 février 1976 pour officialiser la sécession de Mayotte, arrachée à l'Union des Comores qui en réclame toujours l’appartenance. A plus de 7000 km des frontières de la France, dans la partie nord du canal du Mozambique, bras de mer entre la grande île de Madagascar et l’Etat du Mozambique sur le continent Africain. Aux enjeux énergétiques et stratégiques majeurs… (2)

 

 

Nos ancêtres les Gaulois…

Crimée : Obama Souviens-toi de Panama !...

Pour enfoncer le clou la France a organisé un autre référendum, le 29 mars 2009. Transformant cette lointaine possession coloniale, acquise le 25 avril 1841, en "département d’outre-mer et région d’outre-mer" avec un vote favorable de 95,6 %. Statut officialisé, dans nos institutions, le 31 mars 2011.

.

Ce méticuleux travail cosmétique aboutissant au statut européen de "région ultrapériphérique", permettant ainsi l’intégration de Mayotte dans l’Union Européenne, le :

.
1er janvier 2014 !...

Tout chaud ! Sortant à peine du four de nos "cuistots-néocoloniaux"...

 

Notre longue histoire coloniale a forgé, par cooptations successives, une nomenklatura habituée à tailler, organiser, délimiter, territoires et terrains de chasse à sa convenance. Pour son rapide enrichissement personnel et familial, évidemment. Et, accessoirement, celui de ses seconds couteaux et domesticité.

 

Se répartissant ou se disputant, depuis des siècles, avec d’autres complices-prédateurs ces prises de piratage, parmi les plus actifs : Espagne, Portugal, Royaume-Uni, Pays-Bas. Ultérieurement, Etats-Unis et Japon (3)…

 

Dans l’histoire contemporaine occidentale, "l'opération de sécession" représentant un des outils les plus employés. La plupart du temps, bien sûr, sans consulter les populations concernées… Une des plus importantes opérations de sécession "architecturée" par la France a été, par exemple, celle du Liban arraché à la Syrie. (4) Pensant s’y installer à demeure. Mais, les évènements en décidèrent autrement.

 

Sans vouloir dresser une typologie des différentes approches de main mise sur « La Richesse des Nations », notons l’originalité de la méthode britannique. Très « Business Minded », anticipant les enjeux énergétiques entre puissances, les anglais démembraient des Nations en fonction de la superficie des nappes de pétrole et de gaz. D’où cette poussière d’émirats au Moyen-Orient, jusqu’en Indonésie où ils ont créé le sultanat de Brunei pour lui enlever les champs pétrolifères ainsi qu’à la Malaisie…

 

Pratiques de spoliation coordonnées, régulées, de nos jours, mais tout aussi implacablement, par l’Union Européenne pour ce qui relève de l’ancien domaine colonial des Etats membres. Sous emballage se voulant, à présent, indiscutablement scientifique et valorisant : « Accords de libre échange ». (5)

 

Qui ne sont, en fait, que la modernisation du pillage par des Etats "forts" à l’encontre d’Etats "faibles". Forcés d’abandonner leur souveraineté économique et financière. Comme au temps des "politiques de la canonnière", démantelant leurs droits de douane, tuant leurs industries, bradant leurs ressources naturelles et agricoles. En conséquence, renonçant à leur développement.

 

S’emparer des marchés et biens publics, après privatisations ou coups d’Etat suivant le niveau de bonne volonté des pouvoirs locaux. Telles sont les nouvelles approches coloniales…

 

Il est donc particulièrement amusant d’observer la réaction des occidentaux, s’insurgeant la main sur le cœur, l’indignation à la boutonnière, devant le résultat du référendum en Crimée : « contraire au droit international ». D’après eux, et leur exercice du droit international "à géométrie variable".

 

Avec une rage, surprenante chez les uns et les autres. Tout particulièrement, celle de notre suzerain : les Etats-Unis…

Crimée : Obama Souviens-toi de Panama !...

Du Panama au Kosovo, du Soudan à la Libye…

 

« Washington "rejette" le référendum », nous est-il martelé dans nos médias de la propagande ! (6) Les plus bellicistes s’énervent même ! Souhaitant, fous furieux, en découdre avec la Russie.

 

Notamment,  les Laurel et Hardy de la politique étrangère américaine : Robert Menendez, sénateur "démocrate" du New Jersey et président de la commission des affaires étrangères du Sénat, flanqué de son compère Bob Corker, sénateur "républicain" du Tennessee, membre de cette commission. (7)

 

Pourquoi pas ?... Libre à eux d’exprimer leur déplaisir… La Terre n’en continue pas moins de tourner…

 

Aboiements et vociférations, d’autant plus surprenants que les Etats-Unis sont des adeptes fidèles des sécessions. Sauf chez eux !

 

Infatigables et déterminés, concepteurs, promoteurs, planificateurs, artisans, des plus retentissants démembrements de ces dernières années. Dans le mépris du droit international. Généralement, si le pays visé n’a pas été pulvérisé préalablement sous les bombes et dans le chaos, sans référendum : Yougoslavie, Soudan, Irak, Libye, Syrie…

 

La liste est interminable. Dans leurs projets les plus obsessionnels, nous le savons tous, figurent ceux de l’Iran et de la Russie. Et, inévitablement : de la Chine…

Crimée : Obama Souviens-toi de Panama !...

Pour ma part, une des opérations de sécession, véritable cas d’école, parfaitement organisée et mise en œuvre par les Etats-Unis est celle du Panama. A plus de 3500 km de leurs frontières. Au début du XX° siècle. Obama aurait-il oublié ses livres d’histoire ?...

.

Bref rappel.
.
Sous l’impulsion de Simon Bolivar, suite à des batailles acharnées et des répressions féroces, les colonies espagnoles d’Amérique du sud obtiennent leur indépendance de la métropole en 1821. Le Panama, avec une partie du Nicaragua, constituait une province de l’Etat dénommé alors "Grande Colombie". Comprenant aussi l’Equateur et le Venezuela, avant leur séparation ultérieure.

Etat instable qui connut plusieurs guerres civiles, dont celle des "Mille Jours" (1899-1902) évoquée dans le chef-d’œuvre de l’écrivain Colombien Gabriel Garcia Márquez, "Cent ans de solitude". Profitant de son épuisement économique et de son endettement, les Etats-Unis imposent, en 1903, au gouvernement Colombien le traité Hay-Herran.

 

L’objectif principal des américains étant d’obtenir la concession des travaux du percement du Canal de liaison Atlantique-Pacifique à travers l’isthme de Panama. Et, son exploitation ultérieure. Travaux qui avaient été commencés, puis abandonnés, par les Français, suite à un énorme scandale financier, mettant à jour la profonde corruption du monde politique et des médias. Rien de nouveau…

Crimée : Obama Souviens-toi de Panama !...

Coup d’éclat ! Considérant ce traité comme une violation de sa souveraineté et une spoliation économique, le Congrès Colombien en rejette les clauses le 12 août 1903. Les Etats-Unis enclenchent immédiatement l’opération de sécession, en soutenant un mouvement « autonomiste ». Secrètement financé de longue date. Lancement de l’opération prévu pour le mois de novembre 1903.

Impeccable planification.

 

Arrestation de tous les représentants des autorités officielles sur place, hostiles à ce coup d’Etat. Les chemins de fer du Panama sont bloqués. Le câble sous-marin de télécommunications est saboté. Un puissant bâtiment de la marine américaine, le Nashville, assure le blocus de tous les accès maritimes, sous prétexte d’assurer la « neutralité des chemins de fer »… Bloquant, ainsi, toute information et réaction du gouvernement central.

 

Cascade d’enchaînements parfaitement huilés. Un véritable "sprint"…

 

La République du Panama est proclamée le 4 novembre 1903. Le gouvernement central, à Bogota, ne l’apprendra que le 6 novembre. Les Etats-Unis reconnaissent la nouvelle république, le 13 novembre 1903. La France, la reconnaît le lendemain… Puis, le reste du clan…

 

Evidemment, Time is Money, le 18 novembre suivant les Etats-Unis représentés par le secrétaire d'État John Hay, signent avec la jeune République plus que complaisante, représentée par Philippe Bunau-Varilla, le traité de "concession-spoliation" du projet de canal transocéanique...

 

Vite fait, bien fait.

 

Il faudra attendre 1977 pour que le Panama puisse récupérer sa souveraineté, au moins, sur la zone entourant le canal. A défaut du canal lui-même. Grâce à la ténacité du chef de l’Etat de l’époque, Omar Torrijos.

 

Grand ami de Gabriel Garcia Márquez, magnifique personnalité, hors du commun,  préfigurant Chavez par sa sollicitude à l’égard du "petit peuple", au sens affectueux du terme, des paysans. Dont il était issu. Lançant de multiples projets sociaux. Ecoles, dispensaires, en priorité. Politique doublée d’une constante chasse à la corruption. Il travaillait, avec les Japonais, sur un projet du doublement du canal.

 

Pour cela, diabolisé dans les plus invraisemblables mensonges.

 

"Intègre" ! Le "social", la "souveraineté" sur le canal, le "doublement" du canal… Puis, quoi encore ?..

 

Il les a tellement excédés qu’ils lui ont fait exploser son avion.

 

Le 31 juillet 1981.

Crimée : Obama Souviens-toi de Panama !...

Omar Torrijos - Assassiné le 31 juillet 1981

 

 

 

Vous dites : « contraire au droit international » ?...

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)  Augustin Berque, Ecoumène - Introduction à l’étude des milieux humains, éditions Belin, 2009, p. 14.

(2)  Raphaël de Benito, Le Canal du Mozambique – Un enjeu stratégique pour la France, 13 juin 2012,
http://survie.org/billets-d-afrique/2012/214-juin-2012/article/le-canal-du-mozambique-un-enjeu
(3)  Georges Stanechy, Tibet : Excuses d’un Français au Peuple Chinois, 11 avril 2008,
http://stanechy.over-blog.com/article-18658527.html

(4)  Georges Stanechy, Syrie : La France Asservie, 22 juillet 2011,
http://stanechy.over-blog.com/article-syrie-la-france-asservie-80003070.html

(5)  Marie Bazin, Afrique Caraïbes Pacifique – L’Union Européenne poursuit son offensive, 1er août 2012,
http://survie.org/billets-d-afrique/2012/214-juin-2012/article/afrique-caraibes-pacifique-l-union

(6)  Crimée : Washington "rejette" le référendum, Le Point, 16 mars 2014,

http://www.lepoint.fr/monde/crimee-washington-rejette-le-referendum-16-03-2014-1801721_24.php

(7)  We need to stand up to Russia, Press TV, 16 mars 2014,
http://www.presstv.ir/detail/2014/03/16/354940/us-must-stand-up-to-russia-senators/

 

Caricature de Sani : http://sanidessinateur.blogspot.fr/

 

 

 

 

 

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5 mars 2014 3 05 /03 /mars /2014 12:52

 

 

« Vous n’avez pas été conçus pour vivre comme des bêtes
Mais pour faire preuve de courage et de savoir. »

Ulysse (1)

 

 

 

 

 

 

La "claque" !...

 

Expression jubilatoire de nos plus acharnés chroniqueurs russophobes dans nos médias. Trépignant d’excitation vengeresse en célébrant la réussite du coup d’Etat, renversant président et gouvernement élus de l’Ukraine.

 

"Poutine" venait, d’après ces analystes euphoriques, de recevoir une monumentale "claque". Poutine "avait perdu la main", "s’était endormi" pendant les jeux de Sotchi, "surpris" par les évènements… Et autres sarcasmes et ricanements.

 

Sous-entendu, grâce à l’ingénieux stratagème organisé par les services spéciaux des pays de l’OTAN. Car, dans le fond, ces commentateurs ou "analystes" ne sont pas dupes. Ils mettent, tout simplement, en œuvre leur inépuisable servilité.

 

Tout le monde le sait, l’a compris : sur fond d’un incontestable mécontentement populaire face à la corruption du pouvoir politique, tous partis confondus, les violentes manifestations sur la place principale de Kiev n’étaient qu’une méthodique mise en scène. Animée, encadrée, par des commandos formés et équipés aux combats de rue, en cheville avec les médias de la propagande occidentale.

 

Avec pour objectif premier de bloquer toute évolution normale en cas de crise politique dans un pays à prétention "démocratique" : dissolution des institutions parlementaires ou représentatives défaillantes, et recours aux élections pour désigner de nouveaux responsables.

 

Pas de quoi s’étonner. Depuis des semaines le "Russia Bashing" battait son plein dans notre sphère médiatique. Ce mélange de désinformation paranoïaque : mensonge, mépris, calomnie, procès d’intention. Avec pour cible principale, la bête noire, le cauchemar des dirigeants occidentaux : Poutine.

 

Comment ne pas rire, là encore, si le contexte n’était aussi dangereux et dramatique, d’un tel niveau de cynique imbécilité ?...

 

En fait, nous venons d’assister à  la vieille recette des coups d’Etat organisés par les occidentaux. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, des décennies durant. Sur tous les continents. Se spécialisant par régions, dans leurs zones d’administration coloniale ou néocoloniale : Afrique dite "francophone" pour la France, "anglophone" pour le Royaume Uni. Amérique latine, Moyen-Orient ou Asie (Indonésie, Philippines, etc.), pour les Etats-Unis.

 

En évitant, à présent, de laisser les militaires au premier plan. Dans le meilleur des cas, sous couvert d’élections truquées.

 

Sauf, que l’Ukraine n’est pas la Côte d’Ivoire, le Nigéria, la Colombie ou le Nicaragua.

 

Ce fut, donc, le réveil... Style : lendemain de réveillon... S'il y eut "claque", le "retour de claque" fut fulgurant... Nos propagandistes, de fureur, en avalent leurs micros et prompteurs...

 

L’oligarchie occidentale titubant dans l’ivresse de sa mégalomanie se retrouve, en Ukraine, soudainement confrontée dans son "hubris", cette démesure dans l’orgueil et le mépris de l’Autre, face à une implacable détermination architecturée sur une remarquable stratégie.

 

Choc d’autant plus démesuré, ou déséquilibré, que cette oligarchie, profondément corrompue, ne peut faire le poids devant un homme d’Etat, son gouvernement et ses collaborateurs, incarnant la souveraineté et les valeurs d’une Nation, au sens large, en pleine Renaissance.

Ukraine : Le Passing-Shot…

L’Hubris de l’oligarchie occidentale

 

Trois tares accablent cette oligarchie, sclérosée dans sa mégalomanie :

 

i)  L’analphabétisme géopolitique

 

Habituée à dominer, massacrer, piller, pays et populations sans défenses ou quasiment, elle en vient à oublier l’état du monde, sa rapide évolution, les nations et leurs origines. Prétendre provoquer la Russie dans ce qui constitue un de ses hauts lieux d’identité nationale, par ses racines historiques et culturelles, représente une totale méconnaissance des enjeux géopolitiques actuels.

 

C’est oublier que la fondation de la Russie  remonte au IX° siècle à Kiev. La Russie Kiévienne fondée par Oleg le Sage, la Rus’ de Kiev, en 882, y déplaçant la capitale de son  royaume depuis Novgorod.

 

Puissant Etat qui se permit d’attaquer Constantinople en 907 avec 80.000 guerriers, et 2000 embarcations. A défaut de prendre la ville, ils en repartirent les fourgons débordant d’or payé par Byzance, avec un traité de paix signé en 911 les autorisant à ouvrir un comptoir dans la cité et y commercer librement. Ce fut le premier traité international de la Russie avec un Etat étranger.

 

En 988, lors du règne de Vladimir le Grand, un missionnaire, Cyrille, réussit à convertir au christianisme ces rudes descendants de Vikings, les Varègues. La cathédrale Sainte-Sophie de Kiev a été construite par un des plus grands rois de cette dynastie, Iaroslav le Sage. Cette succession de monarques exceptionnels par leur courage et leurs compétences d’administrateurs avisés, sur les immenses territoires des grands fleuves de la Baltique à la Mer Noire, incarne, symbolise, le socle de la Russie.

 

Non, Monsieur Obama, "Mille ans d’Histoire" ne se balayent pas d’un effet de manche !... Il est vrai, qu’il y a 1000 ans, les Etats-Unis n’existaient pas…

 

L’Occident était pourtant prévenu.

Souvenons-nous en 2008, lors des JO de Pékin, les occidentaux avaient fomenté une attaque-surprise lancée depuis leur protectorat de Géorgie, armé et encadré par l’OTAN. Violente et traitreuse agression contre des membres de la Fédération Russe, Ossétie et Abkhazie, sur ses frontières du Caucase. (2)

 

Ce fut la raclée immédiate.

 

C’est oublier, aussi, deux principes fondamentaux de la stratégie, connus depuis des millénaires. Depuis Sun Tzu (3) :

=>   On n’agresse jamais une nation, qui ne vous souhaite aucun mal, sur son territoire. C’est l’échec assuré. Sun Tzu emploie le terme : « mortel ». (XI-10-225)

=>   Encore plus important : sous-estimer son adversaire est la certitude d’une défaite. (IX-46-212)

 

 

ii)  L’illusion de la condescendance

Ce mépris, cette condescendance, attitude permanente des oligarques occidentaux et de leurs médias à l’égard de la Russie, illustrent l’expression récurrente de leur hystérie :
« Prendre ses désirs pour la réalité ».

 

Comment pouvait-on penser, une seule seconde, que les Russes "s’endormaient" dans la préparation ou la célébration des jeux de Sotchi et autres fadaises de la propagande ?... Depuis 2008, les Russes savaient qu’après le fiasco de leur aventure militaire, via la Géorgie, l'oligarchie occidentale organiserait une manœuvre de déstabilisation de l’Ukraine.

 

Eux aussi, ils ont leurs "War Room", "Data Room", moyens d’écoute et de repérage. Avec des dizaines de spécialistes, surveillant les opérations sur le terrain. Minute après minute. Avec organigrammes, photos, profils de tous les protagonistes, groupuscules et commandos. Agitations de tous les diplomates, intellectuels, ONG et journalistes, vrais et faux, des pays de l’OTAN. Venant déverser leur huile sur les feux du mécontentement, de la colère ou de la rue.

 

Relevés méticuleux des circuits de tous les mouvements d’argent. Corruptions des politiciens de tous les partis, responsables des services de police, officiers généraux de l’armée. Paiements "cash", lors des combats de rue, des mercenaires-agitateurs (30 € la journée, 35 € avec leur équipement personnel : casque, bouclier, barre de fer ; 5 € la bouteille incendiaire, etc.) : Business as usual… Identification, aussi, de ceux qui refusaient de se mettre à la solde des occidentaux pour encourager, répandre, le chaos.

 

C’est oublier que leurs services de renseignement sont parmi les plus performants. En Ukraine plus qu’ailleurs. N’oublions pas qu’ils étaient comme chez eux à la NSA, et qu’ils décortiquent semaine après semaine les "2 millions" de  documents ramenés pas Snowden avec sa brosse à dent…

 

Alors, le tissage de la toile, par les services spéciaux (action psychologique et action militaire) des membres de l’OTAN ne pouvait échapper à leur vigilance. Surtout le théâtre d’ombres animé par les services américains, britanniques, et allemands. Et, tout aussi actifs en Ukraine : polonais. La Pologne étant frontalière, et puissance occupante pendant deux siècles (XV° - XVII° siècles) avec une importante influence dans la partie "Ouest" comme il est dit actuellement, par opposition à l'Est de l'Ukraine et à la Crimée.

 

Cette maîtrise du renseignement leur a permis de préparer un large éventail de ripostes en fonction du degré d’implication de l’OTAN, avec ses ramifications dans "l'économie-casino" : spéculations boursières, manipulations du marché des devises, etc. Dans une stratégie parfaitement planifiée. Au-delà d’une simple riposte, il convient en effet de maximiser les gains au détriment d’un agresseur imprévoyant, pris au piège de ses propres mésaventures et de son incurable mégalomanie.

 

Dérisoire illusion de l’arrogance occidentale…

 

iii)  Le fanatisme idéologique
 

Arrogance nourrie par une idéologie coloniale forgée au cours des siècles qui atteint, de nos jours, des dimensions délirantes. Sans contrepoids, du fait que les puissances régionales (Russie et Chine, principalement) évitent, pour le moment, toute confrontation déclarée. Les occidentaux assimilant, évidemment, cette attitude de retenue et de prudence à de la faiblesse.

 

En Ukraine, ils se sont crus ainsi tout permis pour renverser le gouvernement et installer leurs marionnettes. Utilisant pour cela tous les moyens.

 

Jusqu’aux groupes néonazis, très nombreux et bien organisés en Ukraine de l’Ouest. Violemment antirusses. Héritiers des 250.000 d’entre eux qui se sont engagés, lors de la deuxième guerre mondiale, dans les troupes allemandes. Dont certaines se sont férocement illustrées dans l’occupation de la Yougoslavie, défendue par les résistants de Tito.

 

Ce sont eux qui ont pris d’assaut le parlement, armes à la main, pour faire « voter  la destitution » du président...

 

En termes d’organisation et de montage opérationnel, ce coup d’Etat m’a renvoyé à celui de 1953 qui a renversé Mossadegh et son gouvernement, régulièrement élus. Sanctionnés par les anglo-américains pour avoir refusé la spoliation des ressources énergétiques de l'Iran. Même racaille de félons, repris de justice, gangsters et tueurs, pour abattre des institutions démocratiques. Bien sûr, la personnalité magnifique d’intégrité de Mossadegh n’a rien à voir avec celle, pitoyable, de l’incompétent Yanoukovich.

 

Natalia Vitrenko, blessée dans un attentat à la grenade lors de sa campagne à l’élection présidentielle de 1999, responsable d’un des partis politiques du pays (Parti Socialiste Progressiste d’Ukraine - PSPU), a dénoncé ce coup d’Etat :
« Washington et Bruxelles… ont organisé un coup de type Nazi, effectué par des insurgés, des terroristes et des politiciens… pour servir les intérêts de l’Occident »

[Washington and Brussels … used a Nazi coup, carried out by insurgents, terrorists and politicians … to serve the geopolitical interests of the West.]

 

L’américain Mike Whitney qualifie ce coup d’Etat de « plan le plus stupide d’Obama à ce jour » [Obama’s Dumbest Plan Yet] (4) :

« Obama & Co ont renversé le président démocratiquement élu, Viktor Yanoukovich, avec l’aide de l’ultra-droite, de groupes paramilitaires, de gangs néo-nazis, qui se sont emparés et ont brûlé des bâtiments du gouvernement, tué des policiers antiémeutes, et répandu le chaos et la terreur à travers le pays. »

[Obama and Co. have ousted Ukraine’s democratically-elected president, Viktor Yanukovych, with the help of ultra-right, paramilitary, neo-Nazi gangs who seized and burned government offices, killed riot police, and spread mayhem and terror across the country.]

 

Jean-Bernard Pinatel, ancien général de l’armée française, dans une analyse, rappelle les faits qu’omettent systématiquement les médias de la propagande en France (5):
« Un président démocratiquement élu en 2012, chassé de sa capitale par les manifestants de la place de Maïdan où l’on a vu se côtoyer des groupes paramilitaires ultranationalistes affichant des signes nazis et qui refusent l’Europe. »

 

Notre pays, inévitablement, suivant dans son habituel réflexe moutonnier, docile, le troupeau des bellicistes et de l’extrême-droite américaine. "Gauche" en tête, en rang par deux...

 

Au lieu de recommander l'apaisement et le respect des règles démocratiques, de rappeler qu’un "gouvernement de transition" n’a pas à légiférer ni procéder à des nominations  de responsables d'administration, mais se doit de préparer le plus rapidement possible des élections fiables, cette "gauche" se précipite dans la diabolisation de la Russie et de son président. Même José Bové : pathétique…

 

Quant à Bernard-Henri Lévy, du fond des abysses du ridicule, il provoque l’ironie d’Eric Zemmour s’étonnant de le voir soutenir des groupes néo-nazis et des coupeurs de gorge. Mais, à force de répéter : « Ce qui est bon pour Israël… ». N’en perd-il pas la boussole ?...

 

En fait, tous ces zélés propagandistes appliquent à la lettre les directives du plan élaboré dans les années 1990 par Zbigniew Brzezinski et ses acolytes, suite à la disparition de l’Union Soviétique. Programmant la déstabilisation et l’éclatement de la Russie. Dont les grandes lignes, dans une provocante impudence, ont été publiées fin 1997 (6) :
 “A Geostrategy for Eurasia”.

 

Il y est stipulé, avec précision, que la Russie doit être divisée en trois entités : Russie Européenne (European Russia), République Sibérienne (Siberian Republic), et République d’Extrême-Orient (Far Eastern Republic)… L’avantage de cette partition serait une Russie « moins susceptible d’une mobilisation impériale » […“ a decentralized Russia would be less susceptible to imperial mobilization”].

 

Ce projet géopolitique à long terme structure, en conséquence, la russophobie médiatique et les manœuvres incessantes de déstabilisation de ce pays. D’autant que son opposition, exprimée dans ses votes au Conseil de Sécurité, aux récentes aventures guerrières de l'OTAN à l’encontre de la Syrie et de l’Iran, tout particulièrement, ont enragé les grands timoniers de cette géopolitique de la soumission et de la prédation de la planète à leur seul profit.

 

On comprend mieux l’acharnement de la coordinatrice des opérations du coup d’Etat en Ukraine, Victoria Nuland, contre la Russie. Son activisme effréné, caricatural, hystérique, l’avait même amenée à distribuer des cookies aux manifestants, complaisamment photographiée, sur la principale place de Kiev, en décembre dernier. Jusqu’à reconnaître officiellement que le budget de déstabilisation de l’Ukraine, qualifié de "promotion de la démocratie", s’élevait à 5 milliards de dollars (oui : milliards…), sur deux décennies (7).  

 

Elaborant, tel un chef cuisinier choisissant avec soin ses ingrédients, le futur gouvernement et ses titulaires dans un échange avec l’ambassadeur américain à Kiev, Geoffrey Pyatt.  Insultant, au passage, l’Union Européenne, témoignant du mépris du gouvernement américain, dans la plus extrême des vulgarités : « Fuck the EU » (8).

 

Véritable pièce d’anthologie sur la préparation des coups d’Etat, cette conversation téléphonique a été piratée et mise en ligne sur internet. Figurant dans une vidéo téléchargeable (avant censure…), intitulée  ‘Maidan Puppets’ [Les Marionnettes de Maidan (la place centrale de Kiev)]. (9)
 

Depuis, elle s’est excusée auprès de ses collègues européens. Mais, pas auprès du peuple Ukrainien.

 

Ajoutons, pour la petite histoire, qu’elle est mariée à Robert Kagan. Pour ceux qui s’en souviennent, hôte permanent des grands débats sur nos chaînes de TV "publiques", notamment sous la houlette de la "directrice de l’information" de l'époque Arlette Chabot, lors de l’invasion de l’Irak. Islamophobe halluciné, chargé de vendre, à l’opinion publique française, la nécessité de réduire l’Irak en poussière pour la défense de "Notre Civilisation"…

 

En fin de compte, ce coup d’Etat, cette provocation, représentent, pour la Russie, l’occasion rêvée, sur un plateau, de marquer un coup d’arrêt à cette pathologie des oligarques occidentaux. De donner une réelle leçon de géopolitique à cette bande de voyous, fanatiques, hyperviolents, prédateurs sanguinaires et cruels, multipliant destruction, souffrance, désespoir, de tant de peuples et nations.

"An-225 - Plus gros avion de transport du monde (32 roues) de l'avionneur Ukrainien Antonov"

"An-225 - Plus gros avion de transport du monde (32 roues) de l'avionneur Ukrainien Antonov"

Coup pour coup

 

Nos "chroniqueurs-analystes" n’ont rien compris… Loin d’administrer une "claque", les dirigeants occidentaux, infatués, trop sûrs d’eux-mêmes, se sont retrouvés dans un contexte qui les dépassait par ses enjeux mal évalués.

 

En résumé, la métaphore d’une partie de tennis aidant, ils se sont précipités au filet, frappant de toute leur énergie, certains de marquer le point. Sauf que Poutine, maîtrisant parfaitement la vision du jeu, reprenant la balle au bond, a répliqué par un magistral passing-shot, hors de leur portée. Brillant gagnant. Sans effort…

 

 

i)  Présomptueuse montée au filet

 

L’Ukraine traverse le même état de décomposition que la Russie sous Eltsine. Pourrie de corruption, largement alimentée par l’Occident, entretenue par des oligarques locaux. Noyautée, manipulée, par une multitude d’ONG "bidons", dont la vocation est de déstabiliser, fragiliser, fracturer, la société civile exaspérée par l’incurie de sa classe dirigeante.

 

La Russie, tout en connaissant ces mécanismes, ne pouvait intervenir : elle serait immédiatement accusée de vouloir reconstruire l’Empire Soviétique ou, dans le meilleur des cas, l’Empire Russe. Pour reprendre les clichés de la propagande russophobe… Dans l’attente d’une réforme constitutionnelle et l’arrivée d’une nouvelle génération de dirigeants, ne lui restait donc qu’une solution : attendre l’écroulement du système politique actuel, préalable à une mutation, tout en sauvegardant au mieux ses intérêts et ceux de la population Russe dans le pays.

 

A la faveur de cette situation, avec la complicité des responsables politiques soudoyés, cet important marché, de 45 à 50 millions d’habitants selon les recensements, était progressivement pénétré, pour ne pas dire gangréné par les intérêts étrangers.

 

Notamment les meilleures terres agricoles, accaparées par des sociétés occidentales, transformées en monoculture intensive, hyper-mécanisée, dont la production est uniquement destinée aux marchés internationaux spéculatifs (le blé, tout particulièrement). Avec les métastases habituelles : aucune création d’emplois, marges bénéficiaires encaissées à l’étranger, et dissimulées dans les paradis fiscaux.

 

Cette spoliation devait être accélérée, beaucoup d’entreprises et de services publics restant à privatiser. Les requins de la "mondialisation" se délectant, à l’avance, du plantureux festin.

 

A la perspective, mirobolante, de se saisir à bon compte, c’est-à-dire pour une poignée de cacahuètes, du pôle industriel des villes de l’Ukraine de l’Est (Kharkov, Donetsk, etc.). Un des premiers d'Europe centrale : métallurgie (une aciérie est déjà intégrée dans le groupe Mittal) et alliages, mécanique et transformation (matériel de transport, agricole), agroalimentaire, etc. Très lié, pour ses débouchés, au marché Russe fortement demandeur.

 

Signe évident : le "gouvernement désigné par les gangs de la rue", a immédiatement nommé 18 nouveaux gouverneurs dans les provinces. Dont deux "oligarques- milliardaires" (en euros), œuvrant dans les coulisses du pouvoir depuis la "révolution orange". Spécialement affectés à la préparation des "privatisations" dans les régions industrielles de l’Est, en tant que fondés de pouvoir des groupes occidentaux (10) :

   Igor Kolomoysky pour la région de Dnepropetrovsk

   Sergey Taruta pour la région de Donetsk

 

 

ii)  Fatale erreur d’appréciation

 

Toutefois l’Occident, emporté par la voracité de ses affairistes et le fanatisme de ses idéologues, a franchi deux "lignes rouges". Ce qu’il n’aurait jamais dû faire. Provocation, prétention, action, projet, inacceptables pour la Russie : véritable "Casus Belli" ! Fatale erreur d’appréciation :

 

=>  Remettre en cause la base navale de Sébastopol
Son gouvernement fantoche sous le bras, l’Occident allait rapidement faire dénoncer le contrat de bail (il avait fait "voter" une loi pour supprimer l’usage et l’enseignement de la langue Russe !…) liant l’Ukraine et la Russie pour la location de la base navale de Sébastopol. Célèbre, vénérée par les Russes, pour sa résistance héroïque face aux troupes allemandes pendant la seconde guerre mondiale.
 

D’où sont partis, ne l’oublions pas, les bâtiments de la marine Russe venus s’interposer entre les forces de l’OTAN et la Syrie. L’objectif étant de fermer ces imposantes installations militaires pour affaiblir le dispositif de défense et de dissuasion de la Russie.

 

=>  S’emparer du pôle aéronautique et spatial Russo-Ukrainien

Situé en Ukraine de l’Est (Kharkov, principalement), enjeu stratégique majeur : les occidentaux s'apprêtaient à faire main basse, à partir de rapides opérations "privatisation-escroquerie", sur un des plus importants pôles de haute technologie de la planète dans le domaine aéronautique et spatial. Indissolublement fusionné, depuis des décennies, avec l’industrie de la défense et de l'armement de la Russie.

 

Exemple : à la pointe de l’innovation et de la prouesse technique, le constructeur d’avions Antonov qui vient de lancer le plus gros avion de transport existant sur le marché avec l’impressionnant An-225.

 

Prétention occidentale aussi stupide que le serait celle des Russes voulant s’emparer d’une partie des bureaux d’études et des installations de fabrication de Boeing ou de Lockheed Martin… 

 

 

iii)  Imparable passing-shot

 

Face à ce coup d’Etat, ce coup de force, les Russes bénéficient du soutien de la totalité de l’opinion publique internationale, hors formatage de celles des pays de l’OTAN asphyxiées de propagande. Unanimement détestés pour leurs incessantes manifestations d’arrogance et campagnes de violence armée, sous les prétextes les plus mensongers.

 

Plus important, ils ont le support actif des chancelleries des principaux pays du monde. A commencer par la Chine qui a officiellement déclaré le 3 mars 2014 sa solidarité.

 

Endettés jusqu’au cou, croulant sous le chômage exponentiel, brandissant leurs ineptes menaces de "sanctions économiques", sans foi, ni loi, habitués à ne pas respecter le droit international, les occidentaux ont beau multiplier postures et grands airs, s’agiter et aboyer : ils sont coincés. Pris au piège, comme des rats.

 

Ou, ils acceptent la légalité en Ukraine, élections fiables et non pas "dictature des gangs de rue" agissant pour le compte de l’oligarchie occidentale, reconnaissent les intérêts civils et militaires de la Russie.

 

Ou, Poutine double la mise. Emportant immédiatement deux superbes lots, sous le nez des oligarques de l’OTAN :

 

=>   La Crimée. Donnée en cadeau par Khrouchtchev à l’Ukraine en 1954, retournant à la mère-patrie. D’abord par une autonomie renforcée, évoluant vers l’indépendance, s’achevant par l’intégration à la Fédération Russe. Ce que souhaitent les habitants Russes de Crimée. La Russie sécurisant ainsi sa base navale de Sébastopol, sans avoir à renouveler de bail.

 

=>   L’Ukraine de l’Est. Peuplée majoritairement de Russes souhaitant, eux aussi, rejoindre la Fédération Russe. Rejetant en masse le "gouvernement des casseurs" de Kiev. Surtout, depuis les velléités du "nouveau gouvernement" de vouloir interdire la langue Russe.

Par une sécession en réactivant, sous une forme actualisée, l’éphémère République de Donetsk-Krivoï-Rog proclamée le 11 février 1918. Elle avait eu pour capitales successives : Kharkov et Louhansk. Avant d’être fondue dans l’Union Soviétique.

Elle suivrait la même évolution que la Crimée dans son rattachement à la Fédération Russe. Laissant, la partie Ouest de l’Ukraine à sa russophobie, et aux délices des "plans d’austérité" du paradis de l’UE…

 

Ainsi l’arrogance, l’inculture, l’obscurantisme, la stupidité, des castes au pouvoir en Occident ont fait de Poutine et de la Russie les vainqueurs, toutes catégories, de l’imbécile confrontation qu’ils ont organisée en Ukraine…

 

Ukraine : Le Passing-Shot…

Pour se rassurer, les incrédules sous perfusion de la propagande OTANesque, persuadés de l’invasion par la méchante Russie d’un pays au gouvernement démocratiquement désigné par les "gangs de la rue", vertueusement défendu par les pays occidentaux, considèreront que tout ce que j'énonce n’est que "politique-fiction".

 

Avec raison, peut-être ?...

Sauf sur un point, en dépit de leur déni forcené, grotesque d'obstination : Vladimir Poutine est indubitablement un "Homme d’Etat". D’une exceptionnelle envergure par sa vision politique, sa pondération, sa ténacité et son courage.

 

Son pays et le présent siècle lui devront beaucoup…

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)  Ulysse à ses compagnons, Chant XXVI de L’Enfer de Dante, cité par Primo Levi dans "Il canto di Ulisse", éditions italiennes Einaudi, traduction française Julliard 1987, p. 142, note 1, René de Ceccatty, Op. Cit., p. 270.

(2)  Voir :
=> Georgie : La Chasse à l’Ours (1° partie), 27 septembre 2008,
http://stanechy.over-blog.com/article-23178862.html
=> Georgie : La Chasse à l’Ours (2° partie), 27 septembre 2008,
http://stanechy.over-blog.com/article-23178912.html
(3)  Sun Tzu, “L’Art de la Guerre”, préface et introduction par Samuel Griffith, éditions Flammarion, Collection Champs-essais, 2008. 

(4)  Mike Whitney, "Obama’s Dumbest Plan Yet" [Le plan le plus stupide d’Obama à ce jour], CounterPunch, 28 février 2014,

http://www.counterpunch.org/2014/02/28/obamas-dumbest-plan-yet/

(5)  Jean-Bernard Pinatel, Crise Ukrainienne : les 4 scénarios entre lesquelsl’avenir du pays se joue, Atlantico, 1er mars 2014,
http://www.atlantico.fr/decryptage/crise-ukrainienne-4-scenarios-entre-lesquels-avenir-pays-se-joue-jean-bernard-pinatel-997179.html

(6)  Zbigniew Brzezinski, “A Geostrategy for Eurasia”, Foreign Affairs, septembre-octobre 1997,
http://www.foreignaffairs.com/articles/53392/zbigniew-brzezinski/a-geostrategy-for-eurasia
(7)  Finian Cunningham, "Putin faces down Obama over Ukraine" [Poutine défie Obama sur l’Ukraine], Press TV, 1er mars 2014,
http://www.presstv.ir/detail/2014/03/01/352833/putin-faces-down-obama-over-ukraine/

(8) “‘F**k the EU’ : Snr US State Dept. official caught in alleged phone chat on Ukraine”, RT, 7 février 2014,
http://rt.com/news/nuland-phone-chat-ukraine-927/

(9)  img.rt.com/files/news/22/29/70
/00/english_international_2014-02-07_01_01_10_480p.mp4?event=download
(10)  "Rule by oligarchs : Kiev appoints billionaires to govern east", RT, 4 mars 2014,
http://rt.com/news/ukraine-oligarch-rule-governors-512/


 

Caricature de l'artiste Chinoise Li Min du China Daily

 

 


 

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19 février 2014 3 19 /02 /février /2014 15:25

 

 

"Se déclarer l'ennemi des peuples, c'est une faute qui ne se réparera jamais".
Talleyrand   (*)

 

 

 

 

 

Les négociations sur le nucléaire de l’Iran se poursuivent…

 

Tout le monde sachant que l’Iran n’est nullement intéressé par la fabrication d’une bombe nucléaire. Prétexte à diabolisation et au démantèlement de ses réalisations scientifiques, avec ses considérables potentiels, dans une multitude de domaines.

 

D’autant que l’Iran la considère comme un arsenal aussi stupide dans son utilisation stratégique que dépassée techniquement. La "bombe atomique" relève de la "bombarde" moyenâgeuse qui explosait deux fois sur trois au nez de ses propres artilleurs…

 

Travaillant, investissant, au contraire, sur d’autres projets de renforcement de sa défense nationale, avec ses excellentes équipes de recherche et développement. Où, paradoxe amusant aux antipodes des clichés  de nos propagandistes amphétaminés, "les femmes" ingénieurs figurent en majorité. Dans la mise au point d'armements fondés sur les technologies électromagnétiques ou laser. Ou encore sur l’intégration des nanotechnologies, domaine dans lequel l'Iran est classé au 8° rang mondial par le nombre de dépôts de brevets…

 

Face à cette négociation délirante, où les enjeux ne sont pas ceux énoncés, le plus intéressant est de relever l’évolution des strates du "front atlantiste" dans les coulisses : lobbies, sponsors, marchands de canons, financiers, industriels, pétroliers et chimistes, paniers de crabes des corporations de "renseignements & mercenaires" associées aux cartels internationaux de la drogue qui alimentent en continu leurs "trésors de guerre", et autres vautours de tous plumages...

 

De la "fusion" initiale, laissant croire à un bloc occidental immuable, apparait lentement,  une "fissure". S’élargissant inexorablement, pour former deux clans dont l’antagonisme ne peut que se renforcer, se radicaliser.

 

L’un, crispé sur une vision idéologique d’un pouvoir prédateur, colonial, sans partage, des richesses de la planète, défiant aussi bien le droit international que la Charte de l’ONU, ou même celle de l’OMC.

 

Obsédé, dans une fureur paranoïaque, par la destruction de l’Iran. Multipliant pour "chauffer", conditionner, son opinion publique, d’incessantes provocations : campagnes de propagande hallucinantes, sanctions, menaces...

 

Aussi bien contre ce pays que contre ceux qui souhaiteraient, Etats, entreprises, particuliers, commercer de bonne foi avec lui.

 

Le "fanatisme suicidaire"…

 

Négociation Nucléaire : Fusion ou Fissure ?...

L’autre, dans un contexte de nécessité de compenser l’effondrement des balances commerciales, désireux de s’ouvrir au marché Iranien. Eminente, incontournable, puissance régionale pacifique mais, aussi, clé du développement de l'ensemble de la région, notamment de l’Asie centrale.

 

Frustré de voir les Iraniens, avec leurs partenaires, Russes, Chinois et Indiens, bénéficier durablement, en petit comité, de l'interminable liste des projets de grands travaux et équipements d’infrastructure, colossaux investissements industriels, agricoles, touristiques, et gigantesques marchés de grande consommation.

 

Le "pragmatisme émergent"…

 

Négociation Nucléaire : Fusion ou Fissure ?...

 

Quel clan va l’emporter ?...

 

Un grille-pain écologique à manivelle, à tout gagnant pour avoir indiqué la bonne réponse !...

 

 

 

 

 

 

(*)  Jean Orieux, "Talleyrand", Flammarion, 1970, p. 508.

Caricatures du talentueux  Li Feng du China Daily

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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25 décembre 2013 3 25 /12 /décembre /2013 00:30

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"Tu ne suivras pas la multitude pour faire le mal"
Exode, 23, 2

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Noël avec Mandela en Palestine…

Noël 2013. Clochettes et carillons...

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En cette célébration de la Naissance de Jésus en Palestine (je parle sous le contrôle du Père Noël...), une pensée pour les enfants enfermés dans le camp de concentration de Gaza, étouffés par un blocus inhumain de cruauté imposé par l’Occident.

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Aussi illégal au regard du Droit International qu'en infraction de toutes les résolutions de l'ONU, dont les plus anciennes non appliquées à ce jour remontent à 1967 !...

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Le plus grand de la longue histoire de l’humanité : 1,7 millions de personnes.

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Depuis 2007…

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Sans eau potable, ni électricité, ni chauffage. Ecoles et hôpitaux détruits. Stations d’épuration d’eau réduites en gravats…

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Avec interdiction d'importer matériaux de construction, outillages et pièces de rechange pour empêcher réparations et réfections.

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L’impossibilité d’assurer un minimum d'hygiène, le fait de forcer des populations civiles de vivre dans un cloaque à ciel ouvert, sans médicaments et dans la malnutrition, sous des conditions météorologiques très dures notamment en hiver avec le froid et la pluie, et même la neige, représentent, en fait, une guerre bactériologique.

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Pratique occulte, d’un sadisme pervers, d'une minutieuse organisation, avec pour finalité de provoquer le maximum de maladies infantiles et de décès.

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Un génocide qui ne dit pas son nom. Sous nos fenêtres, au bord de la méditerranée.

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Carnages quotidiens, jusqu'à tuer pour passer le temps ceux qui essaient de cultiver un arpent de terre ou pécher quelques poissons sur un rafiot.

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Et, désespoir.

Noël avec Mandela en Palestine…

Génocide confirmé par le professeur israélien Ilan Pappé, lui-même.

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Historien renommé, humaniste éminent, contraint d'abandonner tous ses postes et responsabilités universitaires en Israël pour s'exiler en Grande-Bretagne où il enseigne, depuis 2007, à l'Université d'Exeter. Assurant, aussi, la Direction du Centre Européen d'Etudes sur la Palestine.
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Ses critiques courageuses contre les dérives sanguinaires, délirantes, du régime sioniste actuel, dans un pays que la propagande nous présente en "paradis de la démocratie", mettaient sa vie et celle de ses proches en danger permanent.

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En novembre dernier, dans une déposition devant le Tribunal International sur les Crimes de Guerre commis en Palestine (que nos médias n'ont surtout pas évoqué...), siégeant à Kuala Lumpur (Malaisie), Ilan Pappé a déclaré (1) :

"Un génocide est en cours à Gaza.

Les conditions de vie inhumaines dans une des zones du monde les plus denses et un des espaces humains les plus pauvres de l'hémisphère nord, détruit les personnes...

Le gouvernement israélien, et particulièrement l'armée, considèrent [Gaza] comme une prison enfermant la plus dangereuses communauté de détenus, qui sont à éliminer d'une manière ou d'une autre."

Noël avec Mandela en Palestine…

Beaucoup dans le monde sont révoltés par un tel niveau d'abjection, en dépit du silence de nos médias et de nos castes au pouvoir.

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Tout particulièrement en France où la censure, sur les spoliations et atrocités infligées quotidiennement à l'encontre des Palestiniens, se révèle la plus "hermétique" de tous les pays occidentaux. Les citoyens Américains et Britanniques, par exemple, arrivant à trouver et diffuser des informations que le public français ignore totalement.

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Le coordinateur pour les affaires humanitaires de l’ONU (UN Humanitarian Coordinator for the Occupied Palestinian Territory), James Rawley, s’en scandalise. (2)

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Robert Turner, directeur des opérations de secours humanitaires de l’ONU à Gaza et dans les territoires Palestiniens (director of operations in Gaza at UN Relief and Works Agency for Palestine Refugees [UNRWA]), en est écœuré… (3)

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Pensée à partager, évidemment, avec les autres enfants des autres territoires occupés, mitraillés, bombardés, "dronés", tous les jours, par les armées occidentales et leurs mercenaires, dans les autres territoires Palestiniens, en Syrie, en Irak, en Libye, en Afghanistan, au Pakistan, au Yémen, et ailleurs…

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Mandela ne cessait de le répéter, mais tous ces chefs d’Etat et de gouvernements qui se sont bousculés à son enterrement pour se faire prendre en photo, entre deux éclats de rire ou simulacres de piété, n’en ont que faire :

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« Nous savons trop bien que notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens »

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Noël avec Mandela en Palestine…

Malgré le mutisme irresponsable de ces roitelets et de leurs courtisans, le déni imposé par leurs usines à propagandes et désinformations.

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En dépit des législations liberticides, transformant méthodiquement la "liberté d'expression" en "délit d'opinion". Institutionnalisant un "terrorisme intellectuel" comparable à l'Inquisition moyenâgeuse. Traquant tout ce qui s'apparenterait à une esquisse d'hérésie à l'égard du dogme de ce qui est devenu la religion officielle de notre "République laïque" :
"Tout ce qui se passe en Palestine est normal, car légitime"...
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Sous les clameurs incessantes des diabolisants anathèmes : "brun-rouge !", "nazi !". Pour blasphème à l'égard du "credo" imposé, dès lors que l'on dénonce le fanatisme des injustices, atteintes à la dignité humaine, et atrocités à l'encontre d'innocents, ravageant le peuple Palestinien. Dans l'impunité.

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Oui, nous le savons…

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Comme nous savons que l'Histoire n’oubliera pas ces crimes. Pas plus que ceux qui les ont conçus, planifiés, exécutés.

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Avec leurs complices. (4)

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1. “A genocide is taking place in Gaza. The inhuman living conditions in the most dense area in the world, and one of the poorest human spaces in the northern hemisphere, disables the people... . The [Israeli] leadership, and particularly the army, see it as a prison with the most dangerous community of inmates, which has to be eliminated one way or another.”

Cité par Dylan Murphy, Gazans crushed under Israeli-Egyptian blockade, 19 décembre 2013, http://www.presstv.ir/detail/2013/12/17/340518/israeliegyptian-siege-crushing-gazans/

2. Gaza situation worse than before : UN, Fri Nov 22, 2013, http://www.presstv.ir/detail/2013/11/22/335983/gaza-situation-worse-than-before-un/
3. Gaza situation, Op. Cit.

4. Nous devons nous interroger sur le degré d'implication de nos gouvernements dans ce blocus, véritable goulag martyrisant un peuple qui ne nous a rien fait, et n'est donc pas notre ennemi. Quand on sait que le chef d'état-major particulier (depuis le 5 mars 2010) de deux de nos présidents de la République, Sarkozy et Hollande, le général Benoît Puga se fait gloire d'avoir contribué au blocus de Gaza...

Dans sa biographie sur Wikipédia (au 24-12-2013), il est en effet textuellement énoncé :

"En 2009, le général Puga est venu personnellement inspecter le chantier de construction du mur de séparation en acier entre l'Égypte et la bande de Gaza".

Ce général et ses commanditaires, chefs d'Etat, affichant ainsi leur mépris des Conventions de Genève, dont la France est signataire, sur la protection impérative, primordiale, des populations et infrastructures civiles dans tout conflit...

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9 décembre 2013 1 09 /12 /décembre /2013 19:00

 

 

 

" Notre but suprême, bien faire la guerre pour qu'on nous donne le droit de participer aux conférences de paix..."

Gilles Deleuze (*)

 

 

 

 

 

Passionnant de complexité !...

 

L’accord provisoire sur le "Nucléaire Iranien", conclu à Genève le 24 novembre dernier, pour une durée de six mois dans l’attente d’une négociation pouvant mener à un accord définitif, en présente toutes les composantes.

Accord Nucléaire : "Chiffon de Papier"  ?...

Signé, après les inévitables gesticulations et psychodrames pour entretenir la tension, entre les membres du Conseil de Sécurité de l’ONU plus l'Allemagne (pourquoi ce pays, et pas les puissances nucléaires que sont l'Inde ou le Pakistan, par exemple ?...), d’un côté, et l'Iran de l'autre, pose en fait plus de questions, ou révèle plus d’ambiguïtés, qu’il n’apporte de solutions au "problème". Vrai ou faux problème…

Rituel théâtral et mécanismes interactifs, habituels des négociations. Plus particulièrement internationales. Avec leurs variations pouvant conduire à des résultats diamétralement opposés, selon un curseur évoluant entre deux bornes :

i)  « Gagnant-gagnant » : "je gagne si tu gagnes aussi". Le "Win-Win" des anglophones. Impliquant un strict pied d'égalité entre les partenaires, dans un respect mutuel, partageant un objectif commun. C’est le contexte idéal pour parvenir à un accord durable, pas simplement fondé sur de bonnes intentions, mais sur des éléments tangibles d’intérêts convergents.

ii)  « Gagnant-perdant » : "je gagne si tu perds". Qui est le propre des accords « imposés », dont la durabilité est aléatoire, ou provisoire, du fait qu'il s'inscrit dans un rapport de force. Donc, de domination. Fondée sur l’illusion que ce rapport de force ne changera pas. Ce qui, dans un contexte historique ou de longue durée, n’existe jamais.

 

A Genève, où se situe le curseur ?...

 

L'hérétique

 

Que valent un accord, un contrat, une convention, un traité ?...

 

« Ce que valent ses signataires », répond la sagesse des nations ....

Accord Nucléaire : "Chiffon de Papier"  ?...

L’évolution des partenaires dans le temps introduit, toutefois, un facteur d’incertitude ou de dysfonctionnement. Classique exemple : celui considéré comme de "bonne foi" peut subitement, ou progressivement, changer selon ses intérêts du moment, ou à long terme.

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Un des exemples historiques les plus frappants est celui de l’Allemagne signataire avec les "grandes puissances" de l’époque, du Traité de Londres, dit des XXIV articles, le 19 avril 1839, garantissant la neutralité de la Belgique : Empire Autrichien, Empire Russe, Royaume-Uni, Royaume des Pays-Bas, Prusse et France.

L’état-major allemand, dans sa minutieuse préparation de l’attaque contre la France de ce qui allait devenir la Première Guerre Mondiale, considérait ce traité international comme un « chiffon de papier ». Voulant prendre ses troupes à revers et par surprise, formidablement aidé par l'incurie des services de renseignement français incapables de voir et recenser l'édification des lignes de chemin de fer et entrepôts de matériel vers et le long de la frontière de la Belgique. Ce sont les termes employés par le chancelier Bethmann Hollweg dans son entretien avec l’ambassadeur du Royaume-Uni, Edward Goschen, la veille de la déclaration de guerre, le 4 juillet 1914…

 

Ou encore, les traités avec les peuples soumis aux invasions coloniales : rompus dès le lendemain de leur signature par les colonisateurs. Les amérindiens, en Amérique du sud ou du nord. Ou, la nation Kanak, dans le Pacifique. Parmi des milliers d’autres, tout au long des siècles.

 

L’Histoire se construit, en grande partie, sur cet amas de "chiffons de papier". En ce cas, l’accord de Genève entre-t-il dans cette catégorie ?...

 

A partir du moment où l’Iran est comparé à un "dangereux hérétique" par ses interlocuteurs, cette "négociation" ne s’apparente-t-elle pas davantage à un Tribunal Inquisitorial qu’à une réunion de partenaires se concertant sur un projet constructif ?...

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Dans tous les cas, il ne pouvait échapper à cette "confrontation". Les uns le disant "épuisé" par les sanctions, et même avec délectation : "à genoux". D’autres, qu’en cas de refus de "négocier", il encourrait d’autres sanctions encore plus féroces, y compris militaires. Puisqu’on ne cesse de répéter que « toutes les options sont sur la table »…

 

Se renforcent, à ce stade de la négociation, deux éléments d’analyse :

=>  Une posture : nous sommes bien dans un contexte de "rapport de force", sanctions et menaces ; de "procès d’intention" sans commencement de preuve. A aucun moment dans un rapport de confiance : l’Iran étant diabolisé en permanence en menteur et de mauvaise foi. Le curseur désigne clairement la borne « gagnant-perdant » : l’Iran a tort et doit perdre.

=>  Une fissure : le bloc des interlocuteurs de l’Iran tend à se lézarder. Apparaissent ainsi deux "sous-blocs" : les membres du Conseil de Sécurité affiliés à l’OTAN d’un côté. Et les autres : Chine et Russie, foncièrement hostiles à toute mesure de nature militaire.

 

Dans ces conditions, l’Iran avait-il une "marge de manœuvre" ?... Apparemment limitée. Sans issue, "désespérée", affirmaient des commentateurs. D’où une multitude d’interprétations divergentes quant aux résultats, ou aux conséquences, de cet accord.

 

Certains affirmant que l’Iran avait abdiqué de sa souveraineté, se livrant pieds et poing liés à ceux qui vont le dépecer, comme ils l’ont fait de l’Irak ou de la Libye (1). D’autres célébrant une victoire pour l’Iran, identifiant jusqu’à 12 retombées bénéfiques pour le pays (2).

 

La majorité des commentateurs se montrant plus sceptiques, ou prudents. S’interrogeant sur la réalité du changement diplomatique du gouvernement des Etats-Unis, prisonnier des lobbies bellicistes (3). Ou, s’inquiétant de la fragilité de cet accord intérimaire (4).

 

En fait, le texte actuel, dans sa formulation, son interprétation, n’a aucune importance. Le thème de cette conférence n’est qu’un "trompe-l’œil". L’essentiel, comme souvent dans une négociation aux centaines de ramifications apparentes et dissimulées, résidant dans le « jeu des acteurs »

 

Le trompe-l’œil

Accord Nucléaire : "Chiffon de Papier"  ?...

Les négociateurs Iraniens, soutenus par la remarquable équipe diplomatique de la Russie, ont su exploiter avec habileté le cadre d’expression qui leur était offert. Prenant soin de ne pas se focaliser sur une apparente absence de "liberté" ou "marge de manœuvre" de négociation, mise en scène dans une agressive campagne de propagande, ils ont efficacement travaillé dans une autre direction.

Instruits par plus de 30 ans d’hostilité à leur encontre, ils savent que ce n’est pas de la "non prolifération nucléaire militaire", dont souhaitent s’assurer les membres de l’OTAN. Pas plus que de "la sécurité" dans la région qu’ils transforment en champs de ruines depuis des décennies, Les armes nucléaires sont inexistantes en Iran, mais omniprésentes au Moyen-Orient.

 

Tout le monde le sait : arsenaux israéliens, bases turques et jordaniennes, bâtiments et sous-marins de l’OTAN dans le Golfe Persique, la Mer Rouge, le long des côtes méditerranéennes.

 

Aucun élément concret dans l’amorce de fabrication d’une bombe atomique n’a pu être produit au Conseil de Sécurité, par l'IAEA. Même dans les rapports tendancieux signés du responsable de cette organisation, le japonais Yukiya Amano, comme l’ont souligné maintes fois les représentants de la Russie et de la Chine.

 

Derrière ce prétexte, l’objectif ultime est clair : le renoncement de l’Iran à sa souveraineté. La fin de son indépendance : de sa diplomatie, de ses forces armées, de ses avancées scientifiques et technologiques, de ses choix de développement et de croissance. De sa culture, aussi, aux multiples composantes ethniques, philosophiques, artistiques ; un des plus somptueux et anciens creusets de civilisations de l’Humanité. (5)

 

Sa reddition. (6)

 

Le retour au "statu quo ante", celui de l’âge d’or du pillage du pays par les occidentaux sous le règne de leurs polichinelles : le Shah, son atroce régime policier, et son entourage ultra-corrompu, civil et militaire. Prédation de ses immenses ressources en gaz, pétrole et uranium. "Privatisation-spoliation" de ses services publics transformés en rentes de situation pour les "milieux" financiers internationaux.

Accord Nucléaire : "Chiffon de Papier"  ?...

Plonger l’Iran dans le sous-développement économique, social et technologique. Le réduire en simple "bassin de consommateurs captifs". Comme l’Egypte, l’Irak, la Libye et tant d’autres pays.

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En conséquence, quoi qu’il fasse, dise, promette, accepte, souscrive, il sera toujours considéré comme "coupable". Si, pour reprendre l’expression de certains sociologues des systèmes d'organisation, il ne bénéficie dans cette "négociation" que d’une "liberté limitée", ses accusateurs occidentaux ne fonctionnent que sur une "rationalité limitée". (7)

La "rationalité limitée"

 

Structurée par une idéologie prédatrice, néocoloniale, d’une férocité proportionnelle à la résilience de l’Iran, la "rationalité" des négociateurs occidentaux dans cette négociation, s’en trouve plus que "limitée". Chine et Russie souhaitant, pour leur part, un terme à ce blocage de la part des membres de l’OTAN, tout en sachant que leur aveuglement rend cette sortie de "crise artificielle" quasiment impossible.

Accord Nucléaire : "Chiffon de Papier"  ?...

Le fait d’accepter ce dialogue de sourds, cette démonstration du "deux poids-deux mesures", est-il pour l’Iran une démonstration de faiblesse, un abandon de sa stratégie d’indépendance ?... Les commentateurs qui en ont véhiculé le cliché ont eu tort, ou ont sciemment induit en erreur leurs paroissiens. Ce fut, au contraire : un coup de maître !

Pratiquer "la politique de la chaise vide" aurait constitué une erreur grossière que les talentueux diplomates Iraniens ont, évidemment, évité. Mieux : ils se sont investis à fond dans l'occupation de la scène !

 

Car, une négociation même dans une apparente "liberté limitée", loin d’être un affaiblissement stratégique permet, en entrant dans le « système d’acteurs », d’identifier les « logiques d’action », de contourner la "rationalité limitée" des opposants. Pour reprendre les termes des chercheurs sur ces mécanismes et leurs dérivés relevant de la "sociologie de la traduction". (8)

 

Et, en fin de compte, de retourner la situation à son avantage.

 

Talleyrand avait, bien avant ces sociologues de la négociation, découvert ces principes, portant leur application au plus haut point. Il a sauvé la France anéantie, au Congrès de Vienne (septembre 1814 – juin 1815), à la suite des désastres Napoléoniens. Les alliés voulant l’exclure du Congrès selon l’adage : « Malheur aux vaincus ! ». Il s’y est imposé, incrusté, et a renversé la tendance violemment antifrançaise œuvrant à sa partition et son écrasement. Face à une "rationalité limitée", il a su admirablement manœuvrer malgré une "liberté limitée"…

 

Dans une négociation de type « gagnant-perdant », les "réseaux d’acteurs" se trouvent engagés dans une remise en cause du « vrai ». Sachant que le « vrai » est défini par le plus fort ou le vainqueur, suivant les contextes. Les enjeux se situent dans ce système de régulation, de normes et de règles, imposées. Dans ce cadre d’analyse, la « vérité », proclamée par le plus fort, est relative à l’importance du nombre de ceux qui affichent leur croyance en cette "révélation", ou "théorie"…

 

Les Iraniens ont éminemment réussi à modifier cet équilibre, élargissant lézardes, fissures et fossés dans ce groupe. Non seulement à l’intérieur du bloc des négociateurs, mais même entre membres de l’OTAN. Et, encore plus déterminant : aux yeux des gouvernements du reste de la planète…

 

La bonne foi de l’Iran ne fait plus de doute. Apparaît ainsi, en plein en lumière, l’aventurisme belliciste des membres de l’OTAN, sans foi ni loi.

 

Alors, qu’importe de savoir si les Iraniens ont échangé des "perles pour des bonbons" (pearls vs candies), comme le prétendent les Cassandre !... La réussite de cette "négociation" n'est pas fondée sur des "pourcentages", des "milliards" en US $ ou en € bloqués, en ou calculs d’arrière-boutique, d’autant plus pour une durée de six mois :
« ... tu n’enrichis pas ton uranium au-delà de 5%, je te restitue 7 milliards de dollars d’avoirs gelés dans mes banques, etc. ».

 

Mais, sur des "logiques d’action" parfaitement maîtrisées. Sur ce qui ne se voit pas, mais se révèle performant à terme.

 

L’aveuglement

 

Paradoxe : dès la signature de l’accord, les membres de l’OTAN multiplient les menaces de sanctions économiques et de bombardements, alors que l’Iran en respecte les termes, ouvrant toutes les portes de ses installations nucléaires aux inspections de l’IAEA, et à présent de ses mines d’uranium.

 

Les déclarations publiques des représentants élus des Etats-Unis, récusant la validité de cette négociation, hystérisant sur la nécessité de bombarder l’Iran, se sont multipliées. Parmi les plus notables, celle de Michele Bachmann, du parti républicain.

 

Ou encore, celle d’un autre parlementaire républicain, Duncan Hunter, membre de la Commission des Forces Armées, recommandant le bombardement nucléaire des installations de l’Iran au nom de "la non prolifération nucléaire préventive" !… Allant jusqu’à souhaiter une opération sous forme de campagne de bombardement aérien massif [massive aerial bombing campaign]. (9)

Accord Nucléaire : "Chiffon de Papier"  ?...

L’oligarchie de la France n’échappe pas à ce conditionnement : sa diplomatie est inexistante. Jusqu’à ses services de renseignement entièrement formatés par les idéologues de l’OTAN. Un très récent éclairage de ce délire collectif nous est donné par une émission de la chaîne gouvernementale Public Sénat, intitulée Bibliothèque Médicis, en date du 29 novembre 2013, sur le thème : "Le renseignement et l’espionnage". (10)

Réunissant des "spécialistes" du renseignement et de l'action clandestine, professionnels, et aussi parlementaires chargés d’en assurer "le suivi" au nom de notre Parlement, il est amusant de voir tout ce beau monde se lamenter sur les insuffisances de nos moyens par rapport à la NSA… Nullement inquiets de l’atteinte aux libertés publiques, mais désolés de n’avoir, pour reprendre leurs expressions, qu’un "tuyau d’arrosage au lieu d’un pipeline"…

 

Bien sûr, ces "génies du renseignement" chargés d’éclairer nos gouvernants sur nos intérêts géopolitiques ne voient comme principaux dangers pour notre pays que le "terrorisme islamique", notamment "l’islam du radicalisme chiite" (minute 17, seconde 14) et, inévitablement : "l’Iran", nommément désigné comme "ennemi" (minute 41, seconde 22).

 

Quant aux agressions, ravages, actions terroristes, carnages et chaos répandus de concert avec nos "alliés" par nos armes, nos armées, nos "services spéciaux", nos mercenaires, dans les pays musulmans qui ne demandent qu’à vivre en paix, visiblement ces "tontons flingueurs" ne sont au courant de rien !... Le "Trou Noir"...

 

Un tel concentré de fanatisme "tranquille", d’imbécillité grotesque, d'analphabétisme culturel comparable aux Croisades du X° siècle, est devenu la norme dans notre nomenklatura, reproduisant en copié-collé les diktats obsessionnels des néoconservateurs américains. Autrement dit "l’extrême-droite" des Etats-Unis, délirante d’islamophobie et d’hyperviolence. Relayés, en France comme chez les autres membres de l’OTAN, par une puissante mécanique souterraine de bielles et pistons ; de nos médias à nos appareils politiques, de nos sociétés d’édition à nos ministères...

 

 

L’apocalypse

Accord Nucléaire : "Chiffon de Papier"  ?...

Face à cet aveuglement des membres de l’OTAN, et au regard de la bonne foi de l’Iran, les gouvernements du reste de la planète, qui représentent qu’on le veuille ou non la véritable "Communauté Internationale" commencent de plus en plus à être excédés par cette attitude obstinément belliqueuse.

En fait :

i)   Ce sont eux, membres de l'OTAN et supplétifs, et non pas l’Iran, qui menacent la sécurité de la région en refusant la "dénucléarisation" du Moyen-Orient
ii)   Ce sont eux, et non l’Iran, qui ne respectent pas le droit international. Edictant, unilatéralement des sanctions économiques, illégales, en infraction de la charte de l’ONU et de l’OMC

iii)   Ce sont eux, et non l’Iran, qui s’opposent à la libre circulation des hommes, des marchandises et des capitaux. Se réjouissant de lui avoir occasionné par ces sanctions économiques un "manque à gagner" évalué à 120 milliards de dollars, non compris le gel de ses avoirs dans divers pays. Oubliant stupidement, que l’impact de ce manque à gagner se répercute, avec autant de force, dans les propres économies des autres pays. A commencer par ceux de l'OTAN...

 

Mais ces gouvernements pourront-ils résister aux pressions de l’OTAN ?... Oui, dès lors que leurs entrepreneurs et hommes d’affaires, du moins ceux plus préoccupés par des perspectives saines et sûres d’investissement à long terme que par l’affairisme aléatoire, vont taper du poing sur la table.

 

Ils ont commencé à le faire, britanniques et allemands en tête. Entraînant du même coup une partie des milieux d’affaires américains. Les lignes bougent. Autre béante fissure dans le bloc de l’OTAN ouverte par l’accord sur le nucléaire, s’élargissant tous les jours…

 

Il est vrai que l’Iran, un des rares pays dans le monde à n’avoir aucune dette mais de multiples avoirs dans de multiples pays, négocie actuellement un programme d’échanges "avoirs contre biens, services, et projets d’investissements" estimé à 30 milliards de dollars (évidemment, sans dollars…) : avec la Chine… De quoi susciter des envies.

 

La diplomatie et le rayonnement de l’Iran sont, à l’issue de cette négociation : à leur zénith. Même dans les pétromonarchies du Qatar, des Emirats Arabes Unis, d’Oman, peu désireux de lier leur sort à celui de l’Arabie Saoudite. Où les visites de ces derniers jours, au plus haut niveau gouvernemental, ont révélé dans les déclarations officielles que tous souhaitaient un Iran "fort et prospère". Autre brèche, dont les craquements sont retentissants dans le Golfe…

 

Inexorablement, charnière entre Proche-Orient et Asie-Centrale, l’Iran avec ses élites scientifiques, ses immenses ressources naturelles, son marché de 80 millions de personnes, représente une des locomotives du futur "marché commun" en cours d’édification au cœur d’une des régions les plus prometteuses en terme de développement dans le monde.

 

La 21° réunion de l’ECO (Economic Cooperation Organization) tenue à Téhéran, du 24 au 26 novembre dernier, en est l’illustration. Regroupant, autour de l’Iran, les responsables des économies des pays allant de la Turquie au Pakistan : Azerbaïdjan, Turkménistan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Kazakhstan, Kirghizistan, Afghanistan. Ce sont de gigantesques marchés d’infrastructures ferroviaires, routières, d’échanges en énergie, en recherches et technologies, en agriculture et tourisme, en enseignement et santé, qui s’ouvrent pour ces pays et leurs partenaires…

 

Bénéficiant du statut d’observateur auprès du BRICS et, surtout, du SCO (The Shanghai Cooperation Organisation), l’Iran, partenaire respecté, est appelé à intégrer inéluctablement ces deux puissantes organisations interétatiques…

 

L’Histoire poursuit sa marche…

 

Iran : "grande puissance régionale".

 

N’en déplaise aux "va-t-en-guerre". Face à l’évidence, s’ils s’obstinent dans le déni, ne leur reste plus "sur la table" qu’une option :

 

L’Apocalypse

Accord Nucléaire : "Chiffon de Papier"  ?...

 

 

1.  Cf. : Ismael Hossein-Zadeh, Did Iran Have to Give Up So Much To Get So Little ?, CounterPunch, 6-8 décembre 2013,
http://www.counterpunch.org/2013/12/06/did-iran-have-to-give-up-so-much-to-get-so-little/

Ou encore :
Thierry Meyssan, "L’abdication de l’Iran", Réseau Voltaire, 2 décembre 2013,
http://www.voltairenet.org/article181267.html

2.  Mahmoud Reza Golshanpazhooh, "12 Positive Outcomes of Geneva Nuclear Deal for Iran", FNA, 30 novembre 2013,
http://english.farsnews.com/newstext.aspx?nn=13920909000126

3.  Sasan Fayazmanesh, "Is Obama’s Policy of Tough Diplomacy Really Withering Away ? ", CounterPunch, 29 novembre 2013,
http://www.counterpunch.org/2013/11/29/is-obamas-policy-of-tough-diplomacy-withering-away/

4.  Gareth Porter, "Tehran accord design to fail ? ", Asia Times, 26 novembre 2013,
http://www.atimes.com/atimes/Middle_East/MID-02-261113.html

5.  Parmi quelques sites sur le patrimoine historique et culturel de l’Iran :
=>  http://guidecultureldeliran.over-blog.com/
=>  http://www.achemenet.com/
=>  http://www.sasanika.org/
=>  http://archnet.org/library/images/
Avec l’incontournable ouvrage, véritable encyclopédie de 512 pages et plus de 1300 photographies, cartes, et dessins, de Patrick Ringgenberg : Guide Culturel de l’Iran, édition 2006, distribué par la Librairie Bernard Letu, 2, rue Calvin, 1204, Genève (arts@letubooks.com).
6.  Nucléaire Iranien : Prétexte et Préméditation, 12 août 2012,
http://stanechy.over-blog.com/article-nucleaire-iranien-pretexte-premeditation-109034509.html
7.  Cf. sur ce thème les travaux de :
=>  Herreros G., Les nouvelles approches sociologiques des organisations, Seuil, 1996

=>  Latour B., La science en action, La Découverte, 1989
8.  Herreros et Latour, Op. Cit.
9.  Congressman : US should nuke Iran nuclear facilities if needed, PressTV, 4 décembre 2013,
http://www.presstv.ir/detail/2013/12/04/338255/congressman-us-should-nuke-iran/

10.  http://www.publicsenat.fr/vod/bibliotheque-medicis/le-renseignement-et-l-espionnage/jean-louis-carrere,bernard-squarcini,jean-jacques-urvoas,mohamed-m/142304

 

(*)  Gille Deleuze, Préface de l’édition italienne (1987) de Mille PlateauxCapitalisme et Schizophrénie, coécrit avec Félix Guattari

(**)  Caricatures du Brésilien Carlos Latuff
La désopilante caricature du japonais Yukiya Amano (responsable de l'IAEA) en forme de crayon est une réalisation de l'artiste Iranien Sajjad Jafari

(***)  Image du porte-avions extraite du rapport du capitaine de l’US Navy Henry J. Hendrix : At What Cost a Carrier ? ["A quel coût un porte-avions ?"], Disruptive Defense Paper, Center for A New American Security, Mars 2013.
Imparable et brillante démonstration par un spécialiste de l’aéronavale qu’à l’ère des missiles, en cas de conflit régional ou mondial, un porte-avions n’est qu’un tas de ferraille flottant…

 

 

 

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