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Liberté ...

   
 

 

 

 


 
Le Québécois
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Du conseil international en gestion stratégique et en développement d'économies émergentes...
Au regard sur la régression du respect de la dignité humaine, des libertés et du partage.
Une espérance solidaire avec ceux qui ne l'acceptent pas.
A contre-courant...

 

 

 

Modération


Tous commentaires et propos contribuant à enrichir échanges et débats, même contradictoires, sont amicalement reçus. Ne sont pas acceptées les pollutions organisées, en particulier :

a)  Hors sujets et trolls

b)  Attentatoires à la Dignité Humaine :

.  Injures

.  Propos racistes

.  Incitations à la haine religieuse

 

Avertissement

Liberté d’expression et abus de procédure

 

Devant la multiplication actuelle des atteintes à la liberté d’expression, sous forme d’intimidations et de menaces à l’égard de blogs et de sites, de la part d’officines spécialisées dans la désinformation et la propagande relatives aux évènements passés, présents et à venir au Moyen-Orient, tout particulièrement, il est rappelé que la Loi du 21 juin 2004 (LCEN),

modifiée par la Loi n°2009-1311 du 28 octobre – art.12, s’appliquant à des « abus » éventuels,

spécifie

dans son alinéa 4 :

« Le fait, pour toute personne, de présenter aux personnes mentionnées au 2

un contenu ou une activité

comme étant illicite

dans le but d'en obtenir le retrait ou d'en faire cesser la diffusion,

alors qu'elle sait cette information inexacte,

est puni

d'une peine d'un an d'emprisonnement

et

de 15 000 Euros d'amende»

 

 

8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 00:30

 

« La décadence n’est autre que la cruauté délibérée »
Truman Capote (1)




Une mégalopole

Téhéran, mégalopole sur la route de l’Asie…

Avec ses banlieues : une quinzaine de millions d’habitants. Dépassant la population de la Grèce. (2) Pays en faillite, à en croire la “désinfosphère”, parce que nos frères Grecs, inconscients et paresseux, n’auraient pas assez travaillé et ne se seraient pas suffisamment serré la ceinture.

C’est à ne rien y comprendre.

Téhéran, dont les Occidentaux ne cessent de serrer la ceinture, d’étouffer dans des embargos de plus en plus féroces depuis 33 ans, se porte comme un charme. Trop, même…

Fulgurant contraste, dès que l’on sort la tête de l’enfumage de notre propagande : embouteillages monstres, permanents, avec des pics de pollution insupportables par grosses chaleurs. Carrefour de tous les peuples d’Asie centrale, mais aussi et depuis peu d’Amérique latine. Babel d’idiomes en tous genres, échangeant, expédiant, transportant, aspirant, cannibalisant, digérant, irriguant le pays de l’impressionnant déversement en provenance d’Asie et d’ailleurs, à flots continus : voitures, marchandises, machines-outils, engins, derniers gadgets du portable au téléviseur écran plat 3D. Jusqu’à de la viande de bœuf en provenance d’Argentine.

Immense vague repartant dans l’autre sens, sous d’autres formes de biens et services, tel un reflux. Dans son écume, parmi les plus visibles : acier, produits pharmaceutiques, automobiles, tracteurs, robots industriels, cimenteries et barrages. Exportant de l’électricité, pour 1 milliard de dollars, chez ses voisins : Afghanistan, Arménie, Azerbaïdjan, Irak, Pakistan, Turkménistan et Turquie. (3) On l’oublie, ou on l’occulte, l’Iran n’est pas qu’un producteur de pétrole et de gaz.

Iran, « isolé » de la « communauté internationale » ?...

J’éclate de rire quand j’entends pareille intox ! D’autant plus qu’il serait interdit de rire en Iran. Dernière trouvaille sortie de l’imagination échevelée des « experts en diabolisation – iranophobie misérabiliste - et autres farces & attrapes »…

L’exportation de produits non-pétroliers de l’Iran se chiffre à 50 milliards de dollars pour le denier exercice. Avec un prévisionnel de 55 milliards, au minimum, pour le prochain. Explosant d’une croissance exponentielle, propulsée dans une étonnante alchimie de grandes industries et de PME-PMI, alimentée par un impressionnant réseau d’universités et de centres de recherche. L’ambition étant de dépasser, à terme, ceux des hydrocarbures. Hissant le pays dans un bond de 41 places en un exercice, de 2008 à 2009, d’après les statistiques "US Facts", du 69° au 28° rang mondial pour sa production industrielle. (4)

Bien sûr, beaucoup reste à faire pour rattraper les champions de la catégorie en termes d’exportation de produits non-pétroliers. Mais lentement, inexorablement, l’Iran se relève des terribles pertes, évaluées à 500 milliards de dollars, subies au cours des 8 ans de guerre (1980-1988) contre l’Irak imposée par Saddam Hussein, allié alors avec les Occidentaux et les pétromonarchies du Golfe Persique. Dans la démolition méthodique de ses industries, avec ses infrastructures de pétrole et de gaz, pour le punir d’avoir renversé la tyrannie du Shah et refusé l’allégeance à l’Empire. Au tragique, et encore plus dévastateur, “coût humain” : un million de morts, avec autant de blessés, gazés et handicapés à vie.

Progression économique constatée dans le rapport FMI du mois d’août 2011. En ce début 2012, la situation est encore plus favorable. Une balance commerciale excédentaire, des réserves en devises dépassant les 120 milliards de dollars auxquelles s’ajoutent 907 tonnes d’or représentant 17,5 milliards de dollars supplémentaires. (5) La capitalisation boursière de la Bourse de Téhéran, à ce jour, dépasse les 127 milliards de dollars, enregistrant une augmentation annuelle de 30%.

Malgré l’implacable hostilité de l’Occident : campagnes de propagande diffamatoires délirantes, embargos, sabotages, attentats, assassinats. L’Iran chemine, avec ténacité, surmontant les obstacles, pour devenir un géant industriel, scientifique et financier de la région, maîtrisant toutes les nouvelles technologies. L’arraisonnement du drone le plus sophistiqué de l’arsenal US en est un signe évident.

Un des premiers pays dans le monde à investir massivement dans les nanotechnologies et les nanosciences, l’aérospatial, la recherche agronomique et vétérinaire, la recherche médicale et pharmaceutique, la recherche sur les cellules et le clonage.

 

L'Iran est considéré comme le pays dans le monde où la recherche scientifique progresse le plus vite : 11 fois la moyenne mondiale. Dépassant même la Chine (6). Au cours du premier semestre 2011 iranien (avril – septembre), l’Iran a publié dans des revues scientifiques internationales plus de 12.000 articles de recherche scientifique ; 70% des étudiants dans les disciplines scientifiques étant des femmes…

Confirmant cet élan le 3 février 2012, lors des festivités de la révolution de 1979, par l’annonce du lancement réussi de son troisième satellite, avec une parfaite mise en orbite. Lanceur et satellite, entièrement « faits maison »…

 

Iran_Satellite-Navid-e-Elm-o-Sanat-03022012.jpg
Lancement du 3° satellite iranien, Navid-e Salm-o Sanat, le 3 février 2012

 

Une politique de reconstruction et de développement enracinée dans une opposition farouche aux appropriations prédatrices des groupes pétroliers et financiers occidentaux. Paradoxe, l’embargo de l’Empire complétant à merveille cette gestion par ses effets extrêmement positifs pour l'économie du pays, évitant de se voir imposé, sur fond de pillage de ses ressources naturelles et de “privatisations” spoliatrices, le modèle économique néocolonial.

On ne le soulignera jamais assez la réussite de l’Iran dans le blocage de cette calamité...

 

Miroir aux alouettes architecturé, par les « économistes occidentaux » secondés de leurs supplétifs sur place, autour de 5 “mécanismes-parasites” ingénieusement agencés suivant les contextes, vampirisant, phagocytant les économies locales des pays "néocolonisés" au profit des groupes occidentaux :
=>  Développement d’un “tourisme toxique”, dont les marges réelles sont confisquées par les “Tour Operators” étrangers (7)
=>  Eradication de la petite agriculture au profit des “cultures d’exportation” des grands propriétaires dont une majorité de sociétés étrangères (coton, agrumes, fleurs coupées, primeurs, etc.), accélérant l’exode rural et l’émigration illégale
=> Eradication du petit commerce au profit de la grande distribution étrangère, avec incitation au surendettement dans la consommation
=> Spéculation immobilière bloquant l’accession à la propriété ou au logement décent d’une grande partie de la population, tout en permettant aux occidentaux de se constituer un patrimoine immobilier de grande valeur (centres commerciaux, hôtels, résidences, terres agricoles, etc.) avec des prix et des avantages fiscaux meilleurs que chez eux
=> Sous-traitance “paupérisante”, avec ses variantes les plus caricaturales : "centres d’appel" ou usines de confection de chemises et de jeans pour la grande distribution occidentale.

Semi-esclavagisme, ancré sur des activités précaires (la moindre “crise” assèche immédiatement tourisme et sous-traitance), des fluctuations erratiques de cours des produits agricoles à l’export, ne créant ni emplois à forte valeur ajoutée, ni "essaimages" générateurs de développements techniques et scientifiques. Obligeant le pays à vivre dans l’endettement permanent, à la merci des exigences de ses créanciers occidentaux, au seuil de la survie. On peut, ainsi, le constater tristement pour ce grand pays, aux immenses talents et potentiels, qu’est l’Egypte.

 


 Haft-e-Tir-Square-Tefran.jpg

Haft-e Tir Square – Téhéran
 

“Teheran delenda est”


Pendant que les Occidentaux, prenant leurs désirs pour la réalité, refusent de considérer l’Iran comme un partenaire à respecter, Chinois et Indiens vibrionnent de "business", à ne plus savoir où donner de la tête. Commerçant, investissant, construisant, multipliant les partenariats : routes, chemins de fer, trains à grande vitesse, infrastructures portuaires, exploration et exploitation de champs pétrolifères et gaziers.

Avec, dans leurs caravansérails, leurs fabuleux restaurants à succès. A terme, de quoi s’inquiéter davantage de la survivance de la délicieuse gastronomie persane, face à ses rivales d’Inde ou de Chine, que de celle de la Nation Iranienne…

Car, nous martèle-t-on : « il faut détruire l’Iran ! ».

Pays industrieux, mais aussi pays de poésie et de spiritualité. Magnifique par la splendeur de ses paysages, les raffinements de sa civilisation millénaire, et son fraternel sens de l’hospitalité, célébré avec tant d’émotion et de profondeur par l’incomparable “Iraniste” Henri Corbin. (8)

Bien sûr, se donnant “Bonne Conscience” dans l’invocation de la sournoise et diabolique sauvagerie des Iraniens. Nos nomenklaturas, Tartufes, poches et soutes bardées d’armes à détruire 36 fois l’humanité, ne cessant de hurler à la lune : les Iraniens, couteau entre les dents, vont arroser la planète de leurs bombes atomiques qu’ils n’ont pas encore, les concoctant activement dans les chaudrons de leurs souterrains secrets ! Visant tout spécialement, stupides qu’ils seraient, les pays qui en possèdent des centaines…

Hypocrisie venimeuse. Tout le monde le sait. Chacun fait "comme si". Singeant Pilate se lavant les mains du mensonge et du massacre à venir. Nos médias hébétés, ânonnant la rhétorique de la propagande. Identique à celle précédant la dévastation de l’Irak, recyclant les mêmes arguments : armes de destruction massive, bombes atomiques, qui n’existent pas. Mais, qui seraient sur le point d’exister.

L’Iran est signataire du Traité de Non Prolifération Nucléaire, se conformant à ses obligations. Seul le nucléaire civil l’intéresse, en particulier le nucléaire médical.

Les spécialistes Iraniens, qui ne sont pas les marionnettes d’un lobby de l’armement international mais d’excellents joueurs d’échecs, éprouvent autant de considération pour le nucléaire militaire que pour une vieille arquebuse : un armement dépassé, obsolète, dangereusement encombrant, "abyssalement" hors de prix en achat et en maintenance, n’enrichissant qu’une même caste. Et, en fin de compte : inutilisable. Le comble de l’imbécillité stratégique militaire.

Avec pour socle une cohésion nationale fondée sur une justice économique et sociale, la force de dissuasion d’un pays, la défense de sa souveraineté, reposeront sur sa maîtrise des nanotechnologies et des technologies laser. Les Iraniens y travaillent et vont devenir un des leaders mondiaux en ce domaine. Alors, se lancer sur le marché des antiquités atomiques ne les intéresse pas…


 Complexe-Cinematographique-Park-Mellat.jpg
Complexe cinématographique Park Mellat - Téhéran

 

Rien n’y fait.

Diabolisons, il en restera toujours quelque chose dans l’inconscient collectif occidental ! Pas de preuve, le procès d’intention suffit. Dire qu’il possède les connaissances techniques pour fabriquer la bombe : évidemment, qu’il en a le niveau ! Le dernier des cancres ne pourrait nier l’excellence de sa recherche scientifique.

Que veut-on dire par là ?... Qu’exprime cette "abjection des calomniateurs", comme dirait Nizan ?... En clair, ce que l’Empire avait promis aux Irakiens et qu’il a réalisé : renvoyer l’Iran à “l’âge de pierre”. Réduire en cendres un pays de 80 millions d’habitants (9), près de 4 fois la France en superficie. Tel est l’objectif.

Ce n’est ni l’existence supposée d’une bombe atomique ou de sa préparation, ni l’impérieuse nécessité d’un "changement de régime" pour introduire la démocratie, qui sont en jeu.

Seul motif : s’emparer d’un pays, de ses richesses, ressources naturelles et réserves de devises ou d’or, détruire ses acquis scientifiques, casser ses revendications de libre exercice de sa souveraineté, l’asservir en lui imposant un gouvernement de « collabos », pour crime d’hérésie par son refus obstiné de l’hégémonie de l’Empire et de son "dollar roi".

Dans sa volonté de dominer le monde, la logorrhée guerrière de ses traîneurs de sabre est atterrante par son niveau de mégalomanie et d’hallucination. Lisons le rapport publié en janvier 2012, par son ministère de la Défense : « Sustaining U.S. Global Leadership : Priorities for 21st Century Defense ». Un “remake new look” du bla-bla-bla des conquistadors du XV° siècle…

Au fond, rien n’a changé, depuis l’Antiquité, depuis Rome. Tout « empire » confronté au refus de son hégémonie s’estime menacé et, en conséquence, s’arroge “le droit Jupitérien” de foudroyer celui qui défie sa puissance. Obsession, rappelant le slogan de Caton qui ne cessait de réclamer la destruction de Carthage, avec sa formule historique clôturant chacun de ses discours :
« Carthago delenda est ». Il faut détruire Carthage ! (10)

Il est vrai que les Carthaginois avaient failli prendre Rome. Mais, on voit mal les Iraniens débarquer aux USA et camper aux portes de Washington. Qu’importe ! Comme les Romains pour Carthage, les Occidentaux rêvent de raser Téhéran et d’y verser du sel sur ses ruines pour que rien ne repousse.

Ecoutons les candidats républicains à la présidence des USA, appelant à la destruction de l’Iran, ignares du Monde et de l’Histoire rivalisant, dans "les primaires" en cours, de bêtise et de xénophobie dans une effrayante paranoïa. Restons humbles, toutefois, nos propres candidats à la présidence française et leurs pistoleros, s’ils se montrent plus sobres ou plus ternes dans les gesticulations, ne valent guère mieux en ce domaine…


 Tehran-Subway.jpg
Métro de Téhéran

 

 La paranoïa pour Doxa

Cette haine obsessionnelle contre l’Iran résume, en fait, la doxa des nomenklaturas de l’Occident. Symbolisée par la formule de l’ancien PDG du fabricant de microprocesseur Intel, Andrew Grove (11) : « Seuls les paranoïaques survivent ». Scandée durant toute sa carrière professionnelle devant des auditoires le prenant pour un génie, au point qu’il fut nommé professeur de stratégie à l’Université Stanford…

Face à la peur d’être rejoint, dépassé, par d’autres nations souhaitant s’émanciper de leur domination militaire, scientifique, économique, culturelle. Préférant l’anéantissement de l’Autre, plutôt que la remise en cause de sa relation à l’Autre.

En fait, dans leur fureur, en créant de toutes pièces une "crise iranienne", les occidentaux inscrivent le « point d’inflexion » marquant historiquement la fin de leur hégémonie sur le reste de la planète. La courbe de leur expansion prédatrice, ralentissant, plafonnant, amorce à présent sa descente, sa chute.

Fin du XX° et début du XXI° siècle, des coups d’arrêt ont surgi face à leurs prétentions de domination hyperviolente, à l’encontre de toutes “valeurs” d’humanité et de justice, dans la résistance héroïque de peuples refusant la soumission, l’invasion, la colonisation : Palestinien, Chinois, Cubain, Vietnamien, Sud-Libanais, Afghan.

L’Empire avait su les contourner, s’y adapter. S’acharnant sur d’autres nations, plus faciles à diviser, envahir, détruire : la petite île de Grenade ou Panama. Puis : Yougoslavie, Irak, Libye. Tout en imposant son pouvoir par dictatures interposées, depuis des décennies, dans des dizaines de pays, sur tous les continents.

Mais, l’évolution est inéluctable.

En Amérique latine, réactivant l’épopée de  Simón Bolivar et de Cuba, les volontés d’affranchissement à l’égard de ces prétentions hégémoniques se multiplient : Venezuela, Bolivie, Equateur… Fin 2011, ce mouvement se confirme par la création d’une organisation des Communauté des Etats Latino-Américains et Caraïbes (CELAC), rassemblant 33 pays de la région. (12)

Le projet de remodelage du Moyen-Orient en une mosaïque ethnique et religieuse tel qu’il était fantasmé par les idéologues de l’Empire (13), vient de capoter. La destruction programmée de la Syrie, survenant après la sauvage désintégration de la Libye, avec pour projet la mise en place d’un gouvernement de « polichinelles » pour en gérer les débris, a trouvé une pierre d’achoppement.

 

Chine et Russie, représentant un large courant de pays excédés des prétentions de la “Bande des Quatre” (USA, Israël, GB et France) associés aux pétromonarchies, bloquant pour la deuxième fois par leurs droits de veto au Conseil de Sécurité, les tentatives d’instrumentaliser l’ONU.

La propagande de l’Empire et de l’Otan, leurs “agents d’influence” dont plusieurs occupent des postes gouvernementaux en Europe, se livrant à une séance d’histrionisme d’un cynisme absolu. Criant au scandale, exprimant leur “dégoût”, stigmatisant “l’association des dictatures” contre la vertueuse "communauté internationale", dont ils s’autoproclament les porte-paroles. Leur ardeur charitable à l’égard du peuple Syrien trouvant sa limite dans l’oubli de la soixantaine de vetos émis rien que par les USA, entre 1972 et 2011 (14), verrouillant expressément toute intervention humanitaire contre massacres et spoliations infligés au Peuple Palestinien.

 Luo-Jie-Chinadaily-19012012-Iran-Europe.jpg

Le commencement de la fin

Les vetos de la Russie et de la Chine sont l’expression du refus d’accepter qu’une horde de prédateurs invoquant des “valeurs” qu’ils n’appliquent jamais, usurpant le droit de représenter l’ensemble des Nations, s’amuse à détruire des pays les uns après les autres sous couvert d’une diabolisation préalable. Tout cela pour satisfaire des prétentions hégémoniques.

Au mépris des règles élémentaires de la diplomatie. Et, surtout, de la Charte des Nations Unies dont ils sont signataires qui spécifie clairement, irrévocablement, dans son Chapitre 1 : Buts et Principes, notamment dans l’article 1.2., l’obligation pour ses membres de :
« Développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l'égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes, et prendre toutes autres mesures propres à consolider la paix du monde ».

L’Iran, avec sérénité et courage, les yeux dans les yeux des Etats-voyous qui le menacent d'anéantissement, lui livrant une impitoyable "guerre économique", soutient une politique de paix et de dénucléarisation militaire du Moyen-Orient. Face aux exigences de domination de l’Empire, il ne cèdera pas sur ses droits légitimes et n’acceptera aucune soumission contraire à sa souveraineté nationale.

En cela, il bénéficie de l’appui, direct ou indirect, officiel ou officieux, de tous les Etats non inféodés au camp occidental. A commencer par la mise en place de transactions dans d’autres devises que le dollar ou l’euro : yuan, rouble, ou en or. Affaiblissant d’autant, la domination financière de l’Empire…

Dans leur aveuglement, l’Occident, l’Empire, ne perçoivent pas le basculement en cours. Ce n’est pas à la “bombe atomique virtuelle” de l’Iran qu’ils se trouvent confrontés, mais à une réalité plus tangible. Celle de l’effondrement de leur hégémonie séculaire.

En conséquence, pour reprendre le langage de gangsters utilisé à présent sur les estrades diplomatiques : « toutes les options ne sont pas sur la table ». Il n’en reste que deux. Pas une de plus :

i)  L’aborder dans l’apaisement et la paix, dans une collaboration constructive avec l’ensemble des pays de la planète, dans le respect mutuel, pour relever solidairement tous les défis qui l’attendent. Tout particulièrement, l’urgente nécessité de créer pour la prochaine décennie un minimum de 600 millions d’emplois…

ii)  S’enfermer dans une folie destructrice qui trouvera vite son butoir, comme on vient de le mesurer à l'ONU, en écrasant des pays plus faibles que soi, les uns après les autres, pour se livrer à leur pillage.

Choisir la deuxième option, établirait que l’Occident n’était qu’une "civilisation" inhumaine, mortifère, érigée sur une foncière paranoïa lui faisant prendre ses désirs de mort pour la pulsion de vie.

Ignorant ce dilemme, les bellicistes échafaudent l’attaque contre l’Iran, supputant la « fenêtre » de son extermination et de son démembrement. A l’image de publicitaires, planifiant le lancement d’une campagne pour une nouvelle savonnette ou un dentifrice miracle.

Entre avril et juin 2012, énonce doctement le ministre de la défense des USA, Leon Panetta. Pour bien faire comprendre qu’il s’agira d’une invasion de l’Iran, avec troupes d’occupation, ils annoncent la création, en plus d’une multitude de bases, d’une vingtaine d’hôpitaux militaires pour un budget de 5 milliards de dollars, dans le Caucase, en Géorgie. Car, forcément “pertes humaines” il y aura… (15)

En attendant l’Apocalypse vociférée par les fanatiques de l’Empire, les stratèges Iraniens regardent patiemment sur leurs écrans-radars passer, langoustes en migration, les multiples bâtiments en tous genres de ses escadres, escortant chacune un porte-avions géant, s’engouffrant en file indienne…

Dans la nasse, qu’est le Golfe Persique.






(1)  Truman Capote, Entretiens, traduit de l’anglais par Michel Waldberg, Rivages, 1988, p. 203.
(2)  En 2010, les données de la Banque Mondiale chiffrent la population de la Grèce à 11.319.048 habitants.
(3)  Pour un total de 1.318 GWh lors de l’exercice 2010-2011 (le calendrier iranien se déroule de mars à mars). Sur les 11 mois 2011-2012 (21 mars 2011 au 19 février 2012), le total atteindra 7.349 GWh.
(4)  http://old.tehrantimes.com/index_View.asp?code=215089
(5)  Le Trésor Iranien a réalisé une excellente affaire en achetant ces réserves d’or lorsque le cours était à US$ 600 bondissant à US$ 1730 en moyenne actuellement, soit un quasi triplement de valeur, http://www.tehrantimes.com/economy-and-business/95019-iran-reserves-120b-in-foreign-notes-907-tons-of-gold. Le cours atteignait US$ 1760, le 3 février 2012.
(6) Rapport d’Eric Archambault, sur la progression de la recherche scientifique en Iran, extrait de “  30 Years in Sciences – Secular Movements in Knowledge Creation ”, Science Metrix – Canada – 10 février 2010, http://hasnain.wordpress.com/2010/02/20/irans-science-progress-fastest-in-world-eric-archambault%E2%80%99s-report-of-science-metrix-a-data-analysis-company-in-montreal-canada/
(7)  Le développement d’une « industrie touristique » dans un pays à forte population, insuffisamment développé sur le plan économique avec une diversité d’industries et de services, équivaut à livrer une grande partie de la jeunesse, survivant sans emplois ou dans des emplois sous-qualifiés et peu rémunérateurs, au « tourisme sexuel ».
Les dirigeants le savent et participent au trafic. D’autant plus qu’il est insidieusement imposé par les puissances néocoloniales, s’agissant d’un dissolvant ravageur pour une société réfractaire à une colonisation. L’équivalent de « l’opium » imposé par les occidentaux à la Chine au XIX° siècle.
Bangkok ou Manille en sont les archétypes. Actuellement des pays arabes non ou peu producteurs de pétrole, notamment, n’échappent pas à cette gangrène. Expliquant, en partie, l’approche « moralisatrice » de certains courants politiques. D’où, leur succès au sein d’une population souffrant de cette provocation humiliante. Phénomène, évidemment, soigneusement occulté par nos médias et « experts », évacuant les racines profondes d’une révolte face à l’inacceptable sous le vocable « hiver islamiste »…
(8)  Parallèlement à son œuvre immense, plus connue à l’étranger qu’en France, Henri Corbin a toujours dénoncé la tyrannie sanguinaire du Shah, les horribles exactions de sa police politique la SAVAK. Ainsi que les colossales prédations de l’Occident en Iran, dans un complet analphabétisme sur ce pays de l’opinion publique, notamment française, manipulée par nos politiciens et médias.
(9)  Données officielles en 2010 : 76.923.300 habitants.
(10)  Caton dit « l’Ancien » (aux USA, on dirait “Senior”), vécut de 234 à 149 avant notre ère. Responsable politique romain, célèbre pour son puritanisme et sa xénophobie : il fit expulser artistes et philosophes grecs de Rome, accusés de pervertir la "civilisation" de la nation… Adversaire acharné, halluciné, de Carthage.
(11)  Cofondateur et PDG d’Intel, pendant 38 ans, jusqu’en 1997, puis Président de son Conseil d’administration jusqu’en 2004. Icône caricaturale de la religion du “capitalisme sauvage”, avec ses dogmes et son culte, appliquée aux entreprises et organisations, formatant, infestant, des générations de cadres et dirigeants dans les séminaires de son “clergé” que sont les Business Schools. Dont on commence à peine à mesurer les ravages. La “séparation de la Religion et de l’Etat” commence, en priorité, par là…
(12)  Thomas Posado, Amérique latine : unité régionale pour une nouvelle indépendance, Le Grand Soir, 4 février 2012, http://www.legrandsoir.info/amerique-latine-unite-regionale-pour-une-nouvelle-independance.html
(13)  Lire l’excellente analyse d’Hédi Dhoukar du 10 janvier 2012, sur le remodelage fantasmé, déjanté, du Moyen-Orient par les idéologues néoconservateurs US : Les dessous d’une carte, http://hedidh.blogspot.com/2012/01/les-dessous-dune-carte.html
(14)  US on UN Veto: "Disgusting", "Shameful", "Deplorable", "a Travesty"… Really ?, Jadaliyya, 5 février 2012, http://www.jadaliyya.com/pages/index/4237/us-on-un-veto_disgusting-shameful-deplorable-a-tra
(15)  ‘US builds hospitals in Georgia, readies for war with Iran’, RT, 10 janvier 2012, http://rt.com/politics/us-georgia-iran-war-441/

Caricature de LUO JIE - ChinaDaily - 19 janvier 2012

 

 

 

 

 

 

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26 janvier 2012 4 26 /01 /janvier /2012 19:06

 

 

« La chétive Pécore s'enfla si bien qu'elle creva »
La Fontaine (1)





Un confetti

Qatar…

Excroissance côtière du Golfe Persique, péninsule de 160 km de longueur face à l’île de Bahreïn, confetti géographique frontalier de l’Arabie saoudite, couvrant 11.437 km2. Superficie, à 10% près, similaire à celle du département français de la Gironde.

En population, l’équivalent d’un autre département celui des Vosges : 400.000 habitants ou nationaux. Car le chiffre de sa population globale, approchant les 2 millions (2), est composé pour les 4/5° de “non nationaux”, travailleurs immigrés venant d’Inde, du Pakistan, du Bengladesh, des Philippines, du Sri Lanka, et d’autres pays arabes. L'essentiel des postes de direction du pays étant monopolisé par des expatriés, essentiellement, anglo-saxons.

Habile à s’entourer des meilleurs spécialistes en communication et en image, le Qatar est mondialement courtisé pour ses largesses. Inondant à profusion médias, milieux académiques, sportifs et artistiques. Achetant des clubs sportifs comme des petits pains, même des bateaux de courses avec leur équipage (3). Accueillant les Jeux Asiatiques en 2006, promoteur de nombreux évènements sportifs généreusement dotés : moto, tennis, tennis de table, golf, cyclisme, etc.

Tant et si bien que le Qatar sera, en 2015, l’hôte de la coupe du monde de handball. Jusqu’à la FIFA, renommée pour sa “rigueur éthique”, qui l’a choisi comme organisateur de la coupe du monde de football, en 2022 !...

Son meilleur “coup de pub”, celui qui a fait connaître ce pays, a été la création de la chaîne télévisée à diffusion internationale Al-Jazeera, en 1996. Avec, au démarrage, une excellente équipe de BBC Arabic Television qui venait d’être licenciée pour ne pas respecter la ligne éditoriale exigée par le gouvernement britannique. Emettant à partir de 1998 en continu, en arabe puis aussi en anglais, elle était célèbre pour sa liberté de ton par rapport aux autres télévisions de la région. Seul bémol, évidemment : éviter de parler de la politique intérieure et extérieure du Qatar.

Dans un surprenant revirement la fragile indépendance d’Al-Jazeera a, toutefois, fondu comme neige au soleil lors du « Printemps Arabe ». Ses meilleurs éléments l’ont quittée devant l’obligation de s’aligner scrupuleusement sur la propagande de l’Empire, imposant la diabolisation de ses futures proies au Moyen-Orient.

 

A présent, rabaissée au niveau des autres chaînes arabes, notamment saoudiennes, spécialisées dans la glorification des tyrans locaux adoubés par l’Occident et la désinformation, allant jusqu’à des mises en scène en studio et des faux témoignages interprétés par acteurs et figurants. (4)

Ce Micro-Etat, par ses postures et mises en scène médiatiques, se revendique à présent en "hyperpuissance", financière et militaire. Lors de la récente opération de "démocratisation" en Lybie, nos journalistes ne cessaient de s'extasier devant son impressionnante présence armée, éclipsant pratiquement les corps expéditionnaires coloniaux de la Grande-Bretagne et de la France : forces aériennes, forces spéciales, instructeurs, aviation de transport ravitaillant les "rebelles" en armes et munitions, etc.

Nous savons que les soldats du Vatican ont, par tradition, la nationalité suisse. Mais, quelles étaient, quelles sont, les authentiques nationalités des hyperactifs porteurs d’uniforme qatari ?... Question que journaliste et « expert » du Moyen-Orient ne doivent surtout jamais formuler…

Le chef de cet “Etat” est un émir : Hamad bin Khalifa Al-Thani. Son “gouvernement” est dirigé par un premier ministre, Hamad bin Jassim Al-Thani. Oui, tout se passe en famille. Cette autocratie ubuesque est, en effet, un clan familial gérant le pays comme s’il s’agissait de sa ferme, ou de son patrimoine personnel. Ce qui n’empêche pas, comme dans toute féodalité, des règlements de compte réguliers entre pères et fils, frères et cousins…

D’après le classement et les estimations du magazine américain Forbes, publié en juillet 2010, la fortune personnelle de l’émir était estimée à 2,4 milliards de dollars. Possédant un des yachts privés les plus grands du monde (Al-Mirqab, 133 mètres…), résidences somptueuses et chapelet de palaces sur les principales places financières de la planète (5). Ce montant est évidemment à multiplier, au minimum par dix, du fait des insondables astuces et artifices comptables, mettant en jeu la nébuleuse des ascendants, descendants, collatéraux, fondations, holdings, cascades de sociétés-écrans et paradis fiscaux.

Aucune élection (6). Aucun parti politique. Aucun syndicat. Aucune presse indépendante. Aucun opposant. Aucun dissident. A l’exemple des autres pétromonarchies du Golfe Persique.

L’incarnation du rêve ploutocratique…

Bizarre.

D’ordinaire en proie aux plus ravageuses hystéries « droits-de-l’hommiste », nos vestales médiatiques et politiciennes, gardiennes des “valeurs républicaines”, se révèlent étrangement silencieuses devant ce déni des libertés élémentaires, fondement de la dignité de tout citoyen. (7) Jamais ne sera évoqué le commencement d’une allusion à l’impérieuse et urgente nécessité d’un « changement de régime » !

Tétanisées, probablement, par la vision féérique de cette caverne d’Ali Baba. Croulant sous les excédents financiers à ne pas savoir qu’en faire, d’autant plus qu’il lui est interdit par son suzerain de les réinvestir dans les pays de la région non producteurs d’hydrocarbures, le Qatar peut tout acheter.

Avec autant d’efficacité, de rapidité, de récurrence, que luxe, faste, caprices, armes et mercenaires, starlettes et sportifs, l’argent n’achète-t-il pas les consciences ?...

 Qatar-V-Kremlev-RT-06122011.jpg
 

Qui cherche la bagarre ?!!!



Sur une bombonne de gaz

Richissime producteur de pétrole mais, avant tout, troisième producteur mondial de gaz naturel après la Russie et l’Iran, le Qatar est, actuellement, le premier exportateur de gaz liquéfié. Le hasard de son positionnement géographique dans le Golfe Persique octroie au Qatar, sous ses eaux territoriales, une des plus grandes réserves de gaz de la planète : le fameux gisement North Dome Field (6000 km2), mitoyen du South Pars (3700 km2) relevant des eaux territoriales de l’Iran.

Curieux destin que cette entité lilliputienne. Pendant des siècles, noyée dans les immenses territoires de la Perse. Stérile, désertique, seuls subsistant de petits villages côtiers vivant de la pêche, du commerce ou, suivant les saisons, de la contrebande et de la piraterie. La seule importance que lui ont trouvée les Portugais, lors de leurs explorations et implantations de comptoirs au XVI° siècle, était son eau potable. Vitale pour les équipages de leurs voiliers. Expliquant leur présence pendant une vingtaine d’années, de 1517 à 1538. Avant d’en être chassés par l’expansion de l’Empire Ottoman.

Profitant de son affaiblissement, au XIX° siècle, les britanniques ont imposé leur protectorat sur la région. Organisant la sécession du Qatar, rattaché alors à Bahreïn, en 1867 en application du dogme de la prédation coloniale : "diviser pour régner". Créant un émirat, bombardant comme premier « émir » le plus riche commerçant du coin avec qui ils étaient en affaires, un certain : Al-Thani…

Renforçant leur emprise dès la chute de l’Empire Ottoman à la suite de la première guerre mondiale et, surtout, devant la découverte des hydrocarbures. L’indépendance du Qatar en 1971 n’étant qu’une couverture pour un protectorat de l’Empire administré, de fait, par les compagnies pétrolières anglo-saxonnes. C’est le Qatar qui servit de Quartier Général des forces US lors de l’invasion et la destruction de l’Irak. Elles y détiennent une de leurs plus grandes bases aériennes hors de leur territoire : Al-Eideïd.

La France n’est pas en reste. Nos gouvernements, tous partis confondus, ne savent que faire pour complaire à ces despotes. Ouvrant une base navale, accordant, entre autres faveurs, des privilèges fiscaux inimaginables.

Rappelons quelques termes de la Convention fiscale du 4 décembre 1990 avec le Qatar (8), sous couvert d’éviter les doubles impositions, notamment (9) :
=> art. 9.1.  Les revenus de créances provenant d'un Etat et payés à un résident de l'autre Etat ne sont imposables que dans cet autre Etat.
=> art.10.1.  Les redevances provenant d'un Etat et payées à un résident de l'autre Etat ne sont imposables que dans cet autre Etat.
=> art. 19.2. Les personnes physiques qui sont des résidents du Qatar et qui disposent d'une ou plusieurs habitations pour leur usage privé en France sans y avoir leur domicile fiscal au sens de la législation française sont exonérées de l'impôt sur le revenu établi sur la base de la valeur locative de cette ou de ces habitations.

L’avenant du 14 janvier 2008, entré en vigueur le 23 avril 2009, est encore plus croustillant. Extraits :
=> art. 3.1. Les dividendes payés par une société qui est un résident d'un Etat à un résident de l'autre Etat ne sont imposables que dans cet autre Etat si la personne qui reçoit ces dividendes en est le bénéficiaire effectif.
=> art. 3.5. Lorsqu'une société qui est un résident d'un Etat tire des bénéfices ou des revenus de l'autre Etat, cet autre Etat ne peut percevoir aucun impôt sur les dividendes payés par la société […]
=> art. 3.6. Une société qui est un résident de l'Etat du Qatar et qui est imposable en France selon les dispositions des articles 5, 6 ou 11 n'est pas passible en France de la retenue à la source sur les revenus réputés distribués […]

Véritable légalisation de « l’évasion fiscale », permettant à nos gouvernants de se lamenter sur le « vide » des caisses de la France…

L’Occident protège, encourage ces pétromonarchies, ploutocraties baignant dans la gabegie et l’irresponsabilité, aussi indécentes que stupides. Se croyant tout permis devant une telle complaisance, elles se permettent depuis peu de donner des leçons de « démocratie » et de « droits de l’homme » à certains de leurs voisins. Le Qatar se distinguant, tout particulièrement, dans ce nouveau jeu de rôle en décuplant déclarations fracassantes, agitations diplomatiques, organisations de sommets.

D’abord, pour participer à la destruction de la Lybie afin de libérer le pays d’une “infâme dictature”. Ensuite, ne cessant de fustiger le gouvernement syrien, d’y attiser la guerre civile, sommant son chef d’Etat de quitter immédiatement ses fonctions. Dernièrement, souhaitant que des troupes envahissent la Syrie. Rêvant, peut-être ou sûrement, de doubler, tripler son pactole, en bénéficiant de l’embargo imposé par l’Empire sur le pétrole et le gaz iraniens, dans la multiplication des contrats de substitution…

Alors que depuis de nombreux mois, l’île de Bahreïn au large de ses côtes est à feu et à sang. Le peuple ne veut plus endurer la tyrannie de leur émir Al-Khalifa et de sa famille. L’atroce répression de cette courageuse révolte populaire sur fond de fusillades, tortures, enlèvements, disparitions, s’effectue par des troupes saoudiennes et des mercenaires. Toute la région côtière saoudienne du Golfe Persique notamment à Qatif est, elle aussi, en révolte contre la tyrannie des Saoud.

Mais, solidarité "pétromonarchique" oblige : le Qatar se tait. Aussi hermétiquement que notre propagande médiatique.

Jusqu’à quand pareille imposture ? Question de temps, de hasard ou de nécessité…

Comme les autres aberrations territoriales héritées de la colonisation occidentale dans la région, cette satrapie impériale de carton-pâte sera balayée par les vents de l’Histoire.

Ou, telle la grenouille de la fable de La Fontaine explosant dans son fantasme bovin, emportée par le souffle des prochains champignons atomiques que nous promettent les fous de guerre qui nous gouvernent…


 

 

 

 

 

 

 

 

(1)  Fable : La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf
(2)  Chiffre officiel de la population, nationaux et non nationaux, pour 2010 : 1 696 563 habitants.
(3)  La navigatrice britannique Tracy Edwards a empoché 55 millions d’euros, en 2005, pour enregistrer son bateau dans ce pays et le baptiser “Qatar”.
(4)  A titre d’exemple, voir le document Wikistrike du 14 décembre 2011 : Al-Jazeera pris en flagrant délit de faux reportages !, http://www.wikistrike.com/article-al-jazeera-pris-en-flagrant-delit-de-faux-reportages-92420183.html
(5)  Parmi ses actifs en France : Le Royal Monceau et la résidence Lambert (hôtel particulier) à Paris, ou encore une luxueuse propriété à Mougins. Propriétaire du Manhattan Palace à New-York, etc.
(6)  Pour la forme ou le folklore, mentionnons des « élections » de conseils communaux sur des listes soigneusement filtrées par le pouvoir, depuis 1999. Et, celle d’un « conseil consultatif », faisant office de « parlement » de 45 membres, dont 15 sont nommés directement par l’émir. Tout cela à titre « consultatif » et, bien entendu, sans parti politique, ni critique autorisée de la gestion du pays sur le mode de la “cassette personnelle” ou, encore moins, de la « politique étrangère » du clan Al-Thani.
(7)  Pour le “fun”, souvenons-nous des attaques d’apoplexie de Daniel Cohn-Bendit hurlant sa rage antichinoise au parlement européen la veille des Jeux Olympiques de Pékin. Ou, encore sur le même thème, les séances d’incantation antichinoise organisées par la célèbre ONG : Reporters Sans Frontières. Affublés de leurs T-shirts de boycott des Jeux…
(8)  Convention du 4 décembre 1990, signée par Cheikh Mohamed Bin Khalifa Al-Thani, Secrétaire d'Etat aux finances et au pétrole, et Michel Charasse, Ministre délégué chargé du budget
(9)  Textes téléchargeables : Convention signée à Paris le 4 décembre 1990 (http://www.impots.gouv.fr/portal/deploiement/p1/fichedescriptive_2100/fichedescriptive_2100.pdf), et, Avenant à la Convention avec le Qatar du 14/01/2008 – en vigueur au 23/04/2009 (http://www.toutsurlesimpots.com/convention-fiscale-france-qatar.html)




Caricature de Kremlev dans RT : http://rt.com/news/qatar-russia-syria-usa-115/



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25 décembre 2011 7 25 /12 /décembre /2011 00:05

 

 

"Goodnight, sweet prince,
And flights of angels sing thee to thy rest."
Horatio à la mort d'Hamlet - Shakespeare 

 

 

 

 

 

Une brassée de pensées
Pour les enfants d’Afghanistan
De Gaza
,
du Pakistan
De Palestine, de Libye
Tués, cette année
Écrasés, ensevelis vivants
Sous nos bombes
Expédiées, livrées
Dans le papier cadeau
chatoyant
De  « La Communauté Internationale »
Avec le beau
nœud et ruban bleu
Au sigle de l’OTAN…


 massacre d'enfants 04-2010

 

Pic-Noel-Afghan--2-.jpg

 

 

Et ...
Que ceux qui ont conçu, exécuté, accepté
Complices
Ce Massacre des Innocents
Fier-à-bras
Titubant de violence repue
Rayonnant de Bonne Conscience
Rire silencieux
De leur lâcheté
Enivrés, imbibés, aveuglés
De leur mensongère,
Barbare “Modernité Démocratique”
Aillent brûler
Jusqu’à la Fin des Temps
Au fin fond des Galaxies
Dans les flammes de l’Enfer !

 

 

 

 

 

 


 

 

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16 décembre 2011 5 16 /12 /décembre /2011 22:10

 

 

Les hurlements du vent ne font pas trembler la Montagne
Proverbe Chinois

 

 


Silence

 

Silence des médias occidentaux, presse, radio, TV, chroniqueurs obsédés de buzz, praticiens patentés du "bashing" capables de s’emparer du moindre prétexte dès qu’il s’agit de diaboliser Russie, Chine, Cuba, Venezuela et autres boucs émissaires désignés à la vindicte d’une opinion publique droguée de désinformation… Censure privatisée, parfaitement rodée.

 

Parfois, dans la presse européenne ou nord-américaine, quelques maigres entrefilets, comme à regret, de reprises de communiqués d’agence de presse, lénifiants, noyés dans la masse de ce qu’on n’a pas le temps de lire. Alors que les médias du reste du monde n’ont cessé d’en faire leurs titres et articles ces jours derniers, particulièrement en Asie.

 

L’évènement qui s’est produit le dimanche 4 décembre 2011 présente, pourtant, des implications immédiates et une portée géopolitique d'une colossale importance. Composant un cocktail qui devrait passionner “journalistes d’investigation” et “experts médiatiques de politique étrangère”, esprits curieux et friands d’actualités, amateurs de jeux vidéo, lecteurs de BD et de romans d’espionnage assaisonnés aux missions ou exploits “impossibles”.

 

Coup de théâtre fusionnant tous les ingrédients des hautes technologies : aéronautique futuriste, guerres secrètes entre services spéciaux ou renseignements militaires, CyberWars ou conflits mêlant télécommunications cryptées et informatique bardée de codes et pare-feux, ruses minutieusement architecturées face aux foucades de l’arrogance stupide…

 

Silence, expression d’un déni.

 

Celui d’un désastre militaire et technologique majeur, immense, ravageur, pour les USA, dans leur prétention hégémonique à dominer le monde. Aux conséquences multiples.

 

Ce désastre vient de leur être infligé par l’Iran.

 

Ses spécialistes en CyberWars, en « guerre électronique »,  se sont emparés d’un exemplaire de son drone technologiquement le plus sophistiqué. Avion sans pilote à bord, radioguidé au moyen d’un système satellitaire, qui avait décollé d’Afghanistan. Le faisant atterrir en douceur, après en avoir neutralisé les systèmes de sécurité, avec une parfaite maîtrise, sur une de leurs bases aériennes.

 

L’appareil avait pénétré l’espace aérien iranien, se croyant indétectable pour l’avoir effectué précédemment à plusieurs reprises, sur une profondeur de 225 km au nord-est du pays. Survolant Kāshmar, capitale de la province de Razavi Khorasan.

 

Kāshmar, à 926 km de Téhéran, célèbre pour la beauté veloutée de ses tapis laine et soie à l'extraordinaire finesse des motifs rehaussés, dans leur brillance, d’un subtil équilibre de couleurs et nuances. Amateurs et collectionneurs de tapis persans, notamment dans les pays de l’Eurasie, en raffolent. A 220 km de la frontière afghane dans le nord-est du pays, près du magnifique désert de Loot, un des plus beaux de la planète. La proximité de l’air chaud lui permet de cultiver une quarantaine de variété de raisins, avec une des plus savoureuses productions mondiales de safran (1). Réputée, aussi, pour la qualité de deux universités : Payame Nur University, spécialisée dans l’enseignement à distance, et Azad University.

 

Le drone n’était pas là pour photographier universités, hôpitaux, stations d’épuration d’eau et centrales électriques de la ville. Photos et plans sont disponibles au public. Les Iraniens savent que ces infrastructures civiles figurent parmi les cibles prioritaires, malgré l’interdiction internationale des Conventions de Genève, en cas de bombardements par “La Communauté Internationale”. Comme ce fut le cas en Palestine-Gaza, Irak, Afghanistan, Liban, ou en Libye récemment réduite en cendres. (2)

 

Pas davantage pour inventorier les sites touristiques de la région…

 

Pang-Li-ChinaDaily-05122011.jpg 

Rires en Chine sur la diabolisation obsessionnelle de l’Iran par les occidentaux

 

 

Le Chihuahua

 

Il ne le savait pas, impatiemment attendu ce jour-là. Une réception spéciale lui était réservée, s’agissant d’un drone d’exception. De loin, beaucoup plus perfectionné que les “drones-tueurs”, armés de missiles, spécialisés dans les massacres quotidiens de civils en Afghanistan ou au Pakistan, aux noms sanguinairement évocateurs : “Reaper” (La Faucheuse), “Predator”... (3)

 

Non. C’était la superstar de l’arsenal US qui franchissait la frontière iranienne, un « drone espion » : le RQ-170 Sentinel. La crème de la crème, en termes de haute technologie aéronautique et militaire, un concentré de tout le savoir et de la technicité la plus secrète, même auprès de ses alliés et vassaux, du complexe militaro-industriel US.

 

Peu d’exemplaires construits. Si précieux que seule la CIA en détient l’exclusivité : mise au point, programmes des missions, pilotage, exploitation des informations recueillies. Son pilotage s’effectue à partir de la base de Tonopah dans le Nevada, via des relais satellite. Les RQ-170 Sentinel chargés d’espionner Iran, Pakistan et Chine, limitrophes de l’Afghanistan, sont dans leur majorité physiquement positionnés et gérés par la CIA, depuis 2008, sur la base aérienne de Shindand, avec leurs équipes de maintenance, même s’ils sont pilotés à partir des USA.

 

Située à 1.500 mètres d’altitude dans la province de Hérat à l’ouest de l’Afghanistan, face à l’Iran, la “Shindand Air Base” est destinée, chez les stratèges US, à servir de plateforme logistique dans l’éventualité, souhaitée par tous les traîneurs de sabre à Washington, d’une invasion de ce pays. Car, rien ne justifie une telle démesure de moyens face à une guérilla de résistance nationale, faiblement armée, en Afghanistan. Cette gigantesque base vient de faire l’objet d’un triplement de son infrastructure et pistes en 2011, et une nouvelle piste va encore être rajoutée début 2012. La longueur de ses pistes permet de recevoir les avions de transport géants C-17 Globemaster III. (4)

 

Le RQ-170 Sentinel, drone à long rayon d’action capable de voler à 15 000 mètres d’altitude, sa forme en delta lui donne une envergure de 26 mètres en largeur, 4,5 mètres en longueur, 1,84 en hauteur. Equipé d’un réacteur General Electric TF34 connu pour sa robustesse et sa fiabilité. Son équipement, son “design”, son “avionique”, pour reprendre le jargon du métier, sont dérivés du fameux bombardier B-2, réputé indétectable par tout système radar. D’où son qualificatif de “furtif” selon l’expression technique, “stealth” en anglais. (5)

 

RQ170122011.jpg

Cette merveille aéronautique a ainsi une “signature”, une identification ou un repérage, parmi les plus faibles : acoustique, infrarouge, visuelle et radar. Quasiment, impossible à détecter, passant inaperçu. Quand il l’est, c’est trop tard, ayant disparu ou déjà frappé. En raison de deux caractéristiques :

=> Son aérodynamisme en forme d’aile-volante en matériaux composites, au profilage offrant peu de prise aux ondes radars adverses

=> Son revêtement spécial, sa “peau” (wing skins) comme disent les spécialistes, dont la composition multicouche est ultrasecrète, absorbant tous types d’ondes de détection radar. 

 

Il embarque le nec plus ultra de ce que science et technique ont pu rendre opérationnel sur le plan de la détection, de la surveillance, du radioguidage, et des transmissions cryptées : interception de communications, prélèvement par capteurs (sniffers) d’émanations chimiques ou radioactives même à doses infimes, prise de photos et de films par tous temps et toutes résolutions de nuit comme de jour, identification des positions radars ennemies, centres de commandements, localisation de bunkers et souterrains, etc.

 

L’ensemble de cet appareillage est si sophistiqué et sensible qu’il est nécessaire d’abriter ce drone, en dehors de ses missions, dans un hangar climatisé.

 

Pareil « trésor volant » évolue, évidemment, dans un environnement sécurisé à l’extrême. Quatre systèmes de sécurité le rendent quasiment invulnérable :

i)   Systèmes antibrouillages (“anti jam”) et de guerre électronique les plus récents et les plus puissants

ii)  Doublement systématique des éléments essentiels de sa motorisation et de son pilotage, avec basculement immédiat de l’un à l’autre dès l’amorce d’une panne improbable

iii)  En cas de perte de contact avec son pilote à terre, procédure de mise en pilotage automatique avec programmation de son ordinateur de bord en guidage autonome lui permettant de retourner à sa base initiale, dans une sorte de « retour au pigeonnier »

iv)  En cas de défaillance du pilotage automatique, ou du système de « retour au pigeonnier », phase terminale par destruction automatique, ou plutôt pulvérisation en vol, pour qu’il n’y ait aucune possibilité de récupérer une quelconque pièce ou trace éventuelles à récupérer par des mains autres que celles des agents de la CIA.

 

Dans leur mégalomanie coutumière, les experts militaires et du renseignement US l’avaient surnommé “The Beast of Kandahar”, où il fut exhibé et filmé en vidéo au décollage en 2007 pour la première fois. La Bête, le Monstre… Mais encore, en argot anglais, The Beast c’est le flic méchant, à la matraque facile, la brute, la terreur légitimée par l’insigne et la loi du plus fort…

 

Les ingénieurs Iraniens ont apprivoisé, domestiqué, The Beast.

 

Le transformant en Chihuahua docile, couettes enrubannées au vent, allant sagement se coucher selon leurs instructions, et dans la soumission, sur le coussinet qu’ils lui avaient assigné. A son insu, coupant ses relations satellitaires, se substituant au pilote du Nevada, gérant tous les recoins de son ordinateur de bord, son cerveau, le manipulant de brillante façon au point de le faire atterrir, sur ce qu’il croyait être sa niche ou son “pigeonnier” d’origine : la “Shindand Air Base”. Intact.

 

Saluons, sportivement, ce fantastique et historique exploit.

 

drone-2011-official-picture.n.jpg

Spy drone Iran Dec 2011


RQ-170-Iran-December-2011.jpg

 

Présentation du RQ-170 Sentinel intact par l’Iran. La grille qu’on aperçoit est l’entrée du réacteur, situé au milieu de “l’aile volante”, conçue pour éviter “l’ingestion d’oiseaux”.

 

 

Un cadeau impérial

 

Mais, allons au-delà.

 

Conséquences, perspectives, bouleversements, impacts, s’amoncèlent : juridiques, économiques, technologiques, militaires, géopolitiques. Un regard sur les plus déterminants s’impose pour qui veut comprendre l’ampleur de l’évènement. Reste deux attitudes : soit examiner d’un œil clinique et logique les faits, soit en nier l’évidence, l’importance, en se réfugiant dans une idéologie sclérosante.

 

Essayons la première voie, en retenant brièvement quelques dimensions :

 

i)  Droit International et Bellicisme

« Acte hostile », gravissime, dénoncent les Iraniens, en saisissant les instances de l’ONU. Sachant qu’ils n’obtiendront rien. Mais, ils ont raison sur le fond, en droit international, et pour le principe : une fois de plus, tendre à l’ONU le miroir de ses postures hypocrites, son double jeu et son incurie. Imaginons qu’un drone russe ou chinois ait pénétré de 225 km à l’intérieur des frontières des USA… Dans l’hystérie médiatique, ce ne seraient que cris, résolutions, sanctions, en cascade, de “La Communauté Internationale”.

 

Plus révélateur est le comportement de la nomenklatura US. Lundi dernier sur CNN, l’ancien vice-président Dick Cheney, le second de Bush, reprochait à Obama de ne pas avoir immédiatement donné l’ordre de bombarder l’endroit où avait été vu pour la dernière fois le drone capturé par les Iraniens :

« La bonne réponse à cette affaire était de réagir immédiatement dès que l’appareil a été capturé et le détruire… Cela peut être fait à partir d’une opération aérienne. Cela peut être réalisé par une rapide frappe aérienne ». (6)

 

Non seulement, aucune volonté de s’excuser ou de regretter un tel « acte hostile », mais, au contraire, il paraît naturel de passer aussitôt, jouant les outragés, à un « acte de guerre ».

 

Position partagée par les politiciens du Congrès US. Notamment, chez les candidats "républicains" aux primaires présidentielles en cours dans une surenchère délirante : tels, l'ancien président de la Chambre des Représentants Newt Gingrich, (7), ou encore Rick Santorum, qui ne cessent de préconiser l’assassinat des dirigeants de l’Iran ainsi que celui de ses scientifiques. Exigeant, outre ses centres de recherche atomique, le bombardement de ses productions de pétrole et de gaz, ses infrastructures portuaires, etc.

 

Un tel degré d’inconscience, d’irrationalité, de fanatisme, à ce niveau de responsabilité, démontre combien la caste dirigeante américaine est gangrénée par un ramassis de milliardaires-voyous, analphabètes de la situation du monde. Etalage d’arrogance, de mépris des peuples, de la vie humaine et des principes élémentaires du respect du Droit à l’Autodétermination. Véritables gangsters psychopathes de la violence, substituant l’Assassinat, le Bellicisme, au Droit International.

 

Face au désastre militaire et technologique que représente la saisie intacte du RQ-170 Sentinel par les Iraniens, leur fureur aveugle ne semble pas se calmer…

 

ii)  Science et Technologie

Le Président Ahmadinejad, ingénieur de formation, s’en délecte dans l’ironie. Synthétisant, dans un entretien avec une télévision latino-américaine, un des aspects majeurs de cette opération, évoquant un “cadeau” :

« Les américains ont peut être décidé de nous offrir cet avion espion … »

 

Assurément, “cadeau”  est bien le terme. Impérial. Au minimum, d’une valeur de 50 milliards de dollars. Et, je pèse mes chiffres !... Ce n’est pas simplement le prix de l’appareil et de son équipement. C’est aussi celui de la masse des brevets, fournis gratuitement à l’Iran.

 

Celui de l’ensemble, de l’aboutissement sur plusieurs décennies, des programmes, budgets, financements, centaines de milliers d’heures de recherches, d’essais, de mises au point, de savoir-faire (know how), dans une multitude de disciplines et de techniques : aéronautique, motorisation, matériaux composites, réseau de fibres optiques embarqués, logiciels de bord, interfaces satellitaires, radars, télécoms et radioguidages, optiques et systèmes électro-optiques, photos, système d’imagerie hyperspectrale, systèmes de piratages téléphoniques et informatiques, d’écoutes, prélèvements chimiques-bactériologiques, sondes ou sniffers de particules radioactives, etc.

 

L’équivalent d’une visite guidée, portes ouvertes, par le Pentagone, au cœur de l’arsenal et du "secret défense" de son industrie de l’armement. Le complexe militaro-industriel US soudainement nu comme un ver, sous les projecteurs. Tous les systèmes de navigation, de radar, de furtivité, de mesures et de contremesures électroniques, intégrés aux appareils les plus perfectionnés des forces aériennes US et occidentales, offerts aux patientes investigations des spécialistes Iraniens.

 

Non seulement le fameux bombardier B-2, mais aussi le chasseur de dernière génération F-35, qualifié de “furtif”, qui a le même fabricant que le drone espion : Lockheed Martin. Chasseur polyvalent (Multirole Joint Strike Fighter) qui équipe progressivement l’aviation, la marine, le corps des marines (modèle spécial à décollage vertical), des USA, ainsi que la Royal Navy britannique. Prochainement une vingtaine pour Israël, livrables à partir de 2018, avec une option sur 55 supplémentaires. Sous la pression du lobby sioniste, le Congrès US a bloqué la vente du F-35 à l’Arabie saoudite qui devra se contenter du F-15 de conception ancienne, et de plus, dans une version bridée...  

 

Paradoxe, l’Iran bénéficie dès aujourd’hui des technologies les plus secrètes et précieuses de l’aéronautique US que l’Arabie saoudite, un des plus fidèles alliés des USA, n’obtiendra jamais, et qu’Israël ne pourra utiliser que dans sept ans !  “Cadeau”, faisant apparaître ridicule, dérisoire, caduc, l’embargo obsessionnel des occidentaux sur le transfert de technologie à l’Iran …

 

Mais, rien n’y fait. L'arrogance indécrottable des responsables US et de leurs « experts militaires » demeure. Exemple : un analyste du Teal Group (expertise en aéronautique et spatial), Richard Aboulafia, minimise le cataclysme dans une métaphore méprisante :

« D’un point de vue du secret, c’est comme si on avait fait tomber une Ferrari dans une culture du char à bœuf ». (8)

 

Fanatisés, conditionnés, niant les faits, abrutis d’idéologie coloniale, la nomenklatura US ne peut fantasmer l’Iran qu’en désert technologique, peuplés de sauvages, incapables de décoder, adapter, tirer le moindre enseignement de la saisie d’un appareil de haute technologique que ses ingénieurs ont fait atterrir comme une fleur sur leur territoire. L’arrogance n’est-elle pas une manifestation imbécile, une pathologie déconnectant de la réalité, précipitant droit dans le mur ?… Symptôme du pathétique suicide intellectuel d’une oligarchie.

 

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Rires en Chine sur les menaces des va-t-en-guerre contre l’Iran
L’Oncle Sam tient dans ses bras le rapport de l’IAEA
sous le regard impatient de Netanyahou

 

Le Lièvre et la Tortue

 

Certes, sur le papier le rapport de forces théorique entre l’Empire et l’Iran reste inchangé. Une vague de bombes atomiques peut réduire en poussière l’Iran, en quelques secondes. Toutefois, utiliser la force atomique, contre un Etat qui n’attaque personne, n’occupe aucun pays dans la violence ni la spoliation, serait pour l’Empire se mettre au ban de la planète entière. Même, sous prétexte de guerre préventive fondée sur des mensonges. D’où l’intensité de la “guerre secrète” imposée à l’Iran.

 

Comme dans la fable du "Lièvre et la Tortue", rattrapant dans beaucoup de domaines le retard accumulé sous la dictature du Shah inféodée aux industries de l’armement occidentale, pour préserver son indépendance l’Iran a édifié une performante industrie de la défense et du renseignement. Adossée à une infrastructure scientifique et technique de premier plan, aux nombreuses universités, multiples centres de recherches et milliers d’ingénieurs (ce qui va exiger des services occidentaux beaucoup d’assassinats pour les exterminer jusqu’aux derniers…).

 

Ce coup terrible, envoyé en pleine figure de l’appareil militaire américain et occidental dans son ensemble, est révélateur. L’opération réussie d’arraisonnement du drone espion, préparée de longue date, méticuleusement mise au point, en est une éclatante démonstration.

 

L’Iran, sur les 10 dernières années, a abattu, neutralisé, de nombreux drones franchissant ses frontières. La plupart ont été récupérés sous forme de débris et reconstitués, certains en bon état. D’autres ont été complètement perdus, dont deux abattus au-dessus des eaux territoriales du Golfe Persique. Les autorités iraniennes vont prochainement organiser une exposition, destinée dans un premier temps aux ambassadeurs et aux professionnels de l’information, pour présenter le drone espion arraisonné, encadré de 7 autres drones en bon état : 4 israéliens (violation des frontières est) et 3 américains (violation des frontières sud et ouest).

 

A partir de cette mine d’informations, les Iraniens avaient organisé des équipes multidisciplinaires de recherche et développement afin de pénétrer tous les secrets du fonctionnement de ces aéronefs sophistiqués. D’autres équipes, se relayant nuit et jour, se sont spécialisées, par type de drone, dans un véritable travail de fourmi : suivre  toutes leurs évolutions, en Iran, en Afghanistan. Et, même au Pakistan, où une de leurs équipes était présente en permanence.

 

Le drone a un grand défaut : il est excessivement bavard, une pie jacassant sans interruption. Ne pouvant cesser de communiquer avec son pilote au sol pour savoir où se diriger, envoyant un flot continu d’images, d’informations et prélèvements divers. Une masse de communications faciles à enregistrer, même en langage codé. Ce bavardage continu facilite grandement l’apprentissage de son langage. Rien de plus facile : quel que soit son niveau de cryptage, un langage codé « se casse ». Les Iraniens comptent parmi eux les meilleurs mathématiciens et logiciens du monde (dont de nombreuses femmes…), jonglant avec les algorithmes et les supercalculateurs avec autant de facilité qu’un joueur de frisbee. (9)

 

Dernière étape, à partir du décryptage, décortiquer le fonctionnement de son cerveau. Qui n’a rien à voir, pour le moment, avec la complexité du cerveau humain. Un simple logiciel de bord qui, par définition, livre celui utilisé au sol. Avec leurs différents modes d’échanges d’instruction via les satellites. C’est ainsi que la “feuille de route” du RQ-170 Sentinel destiné à violer les frontières de l’Iran pour l’espionner, était connue de la défense iranienne dès son décollage…

 

S’amusant à pénétrer les ordinateurs de la “Creech Air Force Base” dans le Nevada et y infecter de quelques virus retors, pendant plusieurs semaines à l’insu des spécialistes US, l’ensemble de leur flotte de drones. Générant de multiples incidents, jusqu’à provoquer l’écrasement d’un drone de type Reaper aux Seychelles cette semaine. (10)

 

S’il est possible de disposer de tous les codes sources pour arraisonner des drones adverses, en gérant leurs liaisons terrestres et satellitaires parmi les plus fortement protégées, il faut savoir que la maîtrise d’algorithmes et de logique est encore plus simple dans le contrôle des stations de radars, avions, bateaux, chars d’assaut, missiles. Jusqu’aux relations satellitaires coordonnant les troupes au sol…

 

Constat implacable : les forces armées iraniennes, sur le plan opérationnel de la « guerre électronique », ont atteint l’excellence. Faisant au moins jeu égal, si ce n’est plus, avec leurs adversaires potentiels. Ceux qui prétendent l’envahir auront en face d’eux non pas un pays sans "défense électronique" comme la Palestine, le Liban, l’Irak, l’Afghanistan, le Pakistan ou la Libye, qu’ils sont habitués à écraser dans la facilité et l’impunité, après avoir “aveuglé” leurs défenses aériennes quand ils en ont, mais des forces comparables aux leurs… (11)

 

The Beast, emblématique d’une géopolitique mégalomaniaque de l’absurde, subitement devenue l’ombre d’elle-même.

 

Préfigurant le sort d’un Empire décadent…

 


 

 


 

(1)  Safran qu’on retrouve sur nos tables, du fait d’un embargo hypocrite profitant surtout aux intermédiaires véreux, dans un conditionnement "espagnol", "turc", ou autres appellations d’origines non contrôlées…

(2)  Cf. in Justice ou Injustice internationale, Daniel Lagot, Edditions L’Harmattan, 2009, Les Conventions de Genève, art. 85.5, énoncent parmi les crimes de guerre :

- « soumettre la population ou des personnes civiles à une attaque »

- « lancer une attaque indiscriminée atteignant la population civile ou des biens de caractère civil, en sachant qu’elle causera des pertes en vies humaines dans la population civile, des blessures aux personnes civiles, des dommages aux biens civils, “excessifs par rapport à l’avantage militaire et concret attendu” ».

(3)  Ces “drones-tueurs” sont responsables des plus grands massacres actuels de civils en Afghanistan et au Pakistan, sous prétexte de tuer des “commandants Talibans ou membres d’Al Qaïda”. Comme lors de la guerre du Vietnam, à l’exemple des luttes des puissances coloniales contre une révolte face à leurs prédations, tout chef de village est assimilé à un rebelle, un insurgé, un terroriste, ou un Taliban. En conséquence : tué avec sa famille, quand ce n’est pas avec l’ensemble de son village. Dans la stratégie de lutte contre une résistance nationale, le premier objectif étant de déstructurer une société en éradiquant un quelconque “leadership”.

(4)  L’USAF y a affecté le 838th Air Expeditionary Advisory Group, cohabitant avec les services spécialisés de la CIA.

(5)  Le coût “officiel” de chaque B-2 avec ses pièces détachées et sa maintenance, est évalué à 2,13 milliards de dollars ("B-2 Bomber: Cost and Operational Issues Letter Report, 14 August 1997, GAO/NSIAD-97-181." United States General Accounting Office).

Attaquant toujours de nuit, les B-2 ont été le fer de lance de l’écrasement de l’Irak sous les bombes en 2003, au cours duquel ils ont lancé plus de « 1,5 millions de pounds » (1 pound = 0,45359237 kg) de bombes de tous calibres. Jusqu’à une tonne par bombe.

Trois d’entre eux, furent les premiers appareils de l’OTAN, à pénétrer dans l’espace aérien Libyen pour y bombarder des aérodromes en mars 2011, déversant une quarantaine de bombes.

Dans les deux cas, pour « renverser » un dictateur… Ils ont été aussi utilisés au Kosovo et en Afghanistan, pour annoncer l’arrivée de « la démocratie »…

(6)  "The right response to that would have been to go in immediately after it had gone down and destroy it," […] "You can do that from the air. You can do that with a quick air strike.”, http://rt.com/news/iran-obama-drone-request-713/ 

(7)  Inconnu de l’opinion publique internationale jusqu’à sa récente et délirante déclaration qualifiant les Palestiniens de « Peuple inventé et terroriste »…
(8) "From a secrecy standpoint, it's like dropping a Ferrari into an ox-cart technology culture", http://www.defensenews.com/story.php?i=8517205&c=AIR&s=TOP

(9)  La Chine possède le deuxième plus puissant supercalculateur du monde, et le plus rapide, avec son Nebulae Dawning de 1,2 pétaflop et 55 680 cœurs Intel…

(10)  http://rt.com/usa/news/seychelles-drone-us-iran-711/ 

(11)  Avec d’autant plus de facilité quand ils leur ont vendu le matériel de défense antiaérienne dont ils connaissent toutes les caractéristiques, emplacements, systèmes de surveillance et de communication, disposant de tous les codes sources qu’ils peuvent neutraliser en un claquement de doigt. Exemple : les missiles antiaériens “crotale” livrés par la France à la Lybie (9 unités d’acquisition & 27 unités de tir) n’ont abattu aucun avion ni hélicoptère …

 

 

Caricatures talentueuses de Pang Li et Luo Jie du ChinaDaily Europe

 

 

 


 

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23 septembre 2011 5 23 /09 /septembre /2011 16:30

 

 

 

Mission Accomplie !

 

Dans ce cri, célébrant la destruction, la pulvérisation de l’Irak, l’instauration de la démocratie et des libertés dans un pays en cendres, Bush exultait. Enivré d’autosatisfaction, sur un porte-avions dans la baie de San Diego face à la plus grande base aéronavale des USA, en Californie du sud.

 

En Libye, le tyran a été renversé. Son bras droit, intronisé chef du gouvernement provisoire au milieu des ruines du pays. Avec abnégation, pétri d’émotion, il est venu quémander cette semaine, à la tribune de l’ONU, une “aide alimentaire et matérielle” internationale pour son pays. La Libye en voie de “Somalisation”… Hourrah !  Alléluia !  Youppie ! On a gagné !

 

Cameron et Sarkozy, maîtres d’œuvre de l’opération militaire par délégation de l’Empire, n’ont pas dérogé au rituel colonial. Mais, plus téméraires, ils sont allés célébrer leur victoire en Libye. Sur le terrain de leurs exploits narcissiques, encadrés de leurs gorilles, de leurs propagandistes et de leur claque applaudissante, figurants aux poches bourrées de dollars.

 

Par prudence, il est vrai, en des endroits bien balisés et sécurisés. Bien sûr, ne sont jamais montrés à ceux qui appuient sur le bouton de la mort et des massacres, en signent les ordres d’exécution, les effroyables effets. Que des médias pourraient, accidentellement, montrer au JT. “Aseptiser le contexte”, disent les communicants galonnés… Dans nos médias “dominants”, tambours, trompettes, cymbales de la désinformation et de la propagande, reprenant en fanfare la glorification des promoteurs des bombardements humanitaires et libérateurs.

 

Toutefois, au cœur de ces mêmes médias quelques irréductibles, déterminés, tenaces, tels des Astérix de l’info, ont pourfendu la stupidité, le mensonge, le cynisme des castes au pouvoir : les caricaturistes. En France, où ces talents existent (1), peu de dessinateurs ont accès à une grande visibilité lorsqu’ils prétendent contester l’ordre établi, le politiquement correct : « Nous sommes magnifiques, les autres sont des barbares. Ils n’ont que ce qu’ils méritent ».

 

Bâillonnés (2) ou censurés (3)…

 

Réduits, que nous sommes, à visiter des médias étrangers pour voir illustrer en ridicule cette prétention civilisatrice aussi hypocrite que violente.

 

The Guardian, par exemple, qui laisse les dessinateurs s’exprimer (en couleurs, en plus !) dans une totale liberté de ton. S’opposant à la ligne éditoriale de leur propre journal qui, depuis la guerre d’Irak, s’est complètement alignée sur l’idéologie fanatique de l’extrême-droite US, pudiquement appelée « néoconservateurs ». Bel exemple de diversité d’opinions au sein d’un même média.

 

Parmi ces talents, Steve Bell et Martin Rowson, ne cessant de dénoncer l’irresponsabilité et la voyoucratie de la nomenklatura britannique. Tout particulièrement le monde de la Finance ou de la City : les fameux Fat Cats, les “chats grassouillets”, s’empiffrant dans la spéculation et les privilèges fiscaux !

 

Petit échantillon de ce festival de courage et d’humour. Courage, sous le déluge de la propagande, pour démonter, dénoncer, fustiger, mégalomanie et infantilisme des dirigeants de nos pays. Humour, noir aussi, dans le regard stoïque face à leur stupide folie sanguinaire anesthésiée de Bonne Conscience

 

Un dessin de Steve Bell sur la “libération bombardée” de la Libye. Sarkozy s’étant arrogé la fonction de « boss » de l’expédition coloniale, il l’a caricaturé en Napoléon. Reprenant le surnom de Sarkozy, ou l’image, souvent utilisés à l’étranger pour le représenter. Son alter ego dans cette opération, le premier ministre britannique Cameron, en Napoléon aussi, par clonage !

 

Arborant l’un et l’autre le nouveau drapeau de la “Libye démocratique”, qui était antérieurement celui de la monarchie libyenne. Cameron jetant derrière les conquérants, d’un furtif coup de talonnette, le drapeau de la Libye de Kadhafi. Jetons vite dans l’oubli les plantureux contrats et accords signés avec lui !

 

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Martin Rowson a choisi de présenter les conquérants dans la lignée des légendes de Lawrence d’Arabie flanqué de ses compagnons d’aventures, sur des dromadaires. Libérant, soi-disant à l’époque, les pays arabes de l’oppression de l’Empire Ottoman…

 

Sarkozy y est coiffé du shako avec son protège-nuque des armées d’Afrique et de la Légion, son coursier harnaché du drapeau français. A l’extrême gauche du dessin, esquissée, la chevelure blonde représentant Hillary Clinton, aussi férocement belliciste que celles qui l’ont précédée dans les mêmes fonctions de ministre des affaires étrangères US : Condolezza Rice ou la sinistre Madeleine Albright.

 

Avec chacun, en tandem sur son dromadaire, son “révolutionnaire libyen” brandissant le “nouveau” drapeau de la Libye démocratique, qui n’est, comme on l’a vu dans la précédente illustration, que “l’ancien” de la monarchie corrompue renversée par Kadhafi. Etendard, symbole, aveu : surtout ne rien changer, pas d’innovation, faire du neuf avec de l’ancien… Excellente illustration du rôle des services spéciaux occidentaux, sponsorisant chacun un clan ou un gang, servant de couverture aux prédations locales de leurs maîtres.

 

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Notons le militaire britannique, en bas à droite du dessin, sous son casque colonial en uniforme rouge des années de gloire de l’empire Victorien, sollicitant les militants de demander à Cameron de s’occuper de son armée le week-end. Du fait des économies budgétaires, des licenciements d’hommes de troupe sont, en effet, programmés par le gouvernement britannique. Expliquant son geste distributeur des formulaires P45, qui sont ceux des demandeurs d’emploi…

 

Les smicards de la guerre deviennent de moins en moins nécessaires. La guerre de conquête est fondée, à présent, sur la haute technologie. Electronique, informatique et télécoms, drones et missiles de croisière, forces spéciales et mercenaires spécialisés, propagande et désinformation : finis gros bataillons et godillots !

 

Un autre caricaturiste britannique s’est mobilisé contre l’intervention des pays occidentaux. Exceptionnel militant de la paix et de la justice : Leon Kuhn. Ses dessins présentent la particularité de mêler photos et dessins.  

 

Dans un impressionnant montage, il évoque les massacres d’innocents, victimes des bombardements aveugles de l’OTAN. Tout le monde se voilant la face. Mettant en scène l’hypocrisie des politiciens représentés par Cameron, (Whitehall désigne le Parlement et Downing Street, bureaux et résidence du premier ministre), dissimulant, sous des discours de prouesses militaires et d’aide humanitaire, la sauvagerie des massacres et destructions.

 

Rappelons que Cameron se veut un des plus fervents donneurs de leçons de droits de l’homme et de civilisation au reste du monde. Son dernier discours à l’ONU est une éclatante démonstration du cynisme sanguinaire de l’oligarchie occidentale (4).

 

Le drapeau britannique, totem de gloire et de panache, est ainsi utilisé pour cacher des cadavres d’hommes, de femmes et d’enfants. Recouvrir, étouffer, dissimuler, occulter… D’où le titre du dessin : The Cover Up.

 

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Leon Kuhn décrit, dans un autre dessin, le nouveau gouvernement Libyen : Front Bench. Référence aux premiers rangs du Parlement britannique, de part et d’autre du pupitre du président de séance, occupés par les responsables gouvernementaux et, face à eux, les responsables de l’opposition (Shadow Cabinet).

 

En Libye, ceux qui vont diriger le pays : les soldats de l’OTAN avec leurs armes et uniformes. Exécuteurs des lobbies de l’armement, du pétrole et des BTP. Sur l’épaule droite des trois soldats au premier plan, les drapeaux de leur armée respective, de gauche à droite : France, USA et GB. L’un d’eux tient entre ses mains un dossier intitulé : « contrats pétroliers »…

 

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Pour terminer, une illustration de ce que tout le monde a compris, l’Occident colonial veut s’en mettre plein les poches, du moins sa ploutocratie, quitte à plonger le pays dans la misère, la guerre civile. Le pomper jusqu’à extinction de ses ressources. Jeter l’écorce, après en avoir extrait tout le jus...

 

Victor Kremlev, de l’excellent média Russia Today (RT), a parfaitement résumé le véritable enjeu, la programmation du pillage, dans un dessin évoquant les partages coloniaux des siècles antérieurs. 

 

Sur fond de puits de pétrole, grande bagarre entre compagnies pétrolières occidentales pour se partager le gâteau. Un “révolutionnaire libyen” stupéfait de voir les occidentaux rivaliser pour se partager les dépouilles du pays, sans un regard pour lui. Sans aucune considération pour le projet actuel de son peuple, son avenir. Essayant de rappeler à la réalité les prédateurs, du moins la sienne :

« Hé les gars, vous n’auriez pas vu Kadhafi, par hasard ? »

 

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Dessins, caricatures, fulgurantes analyses en fait, décrivant l’immuable ordre du monde. Avec sa nouvelle sémantique, sa nouvelle rhétorique, que La Mère Pipe dans la pièce Tueur sans gages (5) d’Eugène Ionesco, avait clairement formulées dès 1958 (6) :

  « Nous n’allons plus persécuter, mais nous punirons et ferons justice. Nous ne coloniserons pas les peuples, nous les occuperons pour les libérer. Nous n’exploiterons pas les hommes, nous les ferons produire.
La guerre s’appellera la paix…
La tyrannie restaurée s’appellera discipline et liberté. Le malheur de tous les hommes c’est le bonheur de l’humanité ! ».

 

 

 

 

 

(1)  Exemple Emmanuel Chaunu (http://chaunu.fr/). Voir aussi le site collectif d’un groupement de professionnels du dessin de presse : http://www.caricartists.com/public/pages/caricaturistes_accueil.php

(2)  En France, dans un grand quotidien matinal, propriété d’un richissime industriel, un caricaturiste est payé (le propriétaire actuel l’ayant “trouvé” dans les “actifs” du quotidien, au sens comptable et financier, lors de son rachat) avec interdiction de publier le moindre dessin. Motif invoqué : le propriétaire n’aime pas les caricatures…

(3)  Pendant l’invasion et la destruction de l’Irak, même un journal satirique bien connu “s’autocensurait” en s’interdisant la publication de toute caricature mettant en cause comportements et carnages démesurés des forces de la coalition, notamment US…

(4)  Cf. le discours du prince héritier d’Espagne lors du VII° Congrès International des Victimes du Terrorisme, tenu à Paris (15 – 17 septembre 2011) :

« Rien ne justifie la barbarie ».

Rien que l’édification et le maintien de l’Empire espagnol, du XV° au XX° siècle, a provoqué la mort de dizaines de millions de personnes. Une des plus violentes, cruelles, inhumaines, colonisations de l’Histoire de l’Humanité. Au minimum, rien qu’en Amérique latine plus de 200 millions de victimes, non compris les victimes du trafic d’esclaves à partir de l’Afrique… Quant à la "barbarie occidentale" actuelle... « La Bonne Conscience »…

(5)  1re version, Théâtre II, Gallimard, Coll. « Blanche », 1958, pp. 59–171.

(6)  Eugène Ionesco, Tueurs sans gages, Editions Gallimard, Folio Théâtre, 1958/2003, Acte III, pp. 131-132.

 

 

 


 

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20 août 2011 6 20 /08 /août /2011 15:00

 

 

De mon hamac bercé d’alizés, plongeant la main dans ma besace de livres et documents, le hasard m’offrit l’ouvrage le plus surprenant de l’année, désopilant, bourré d’humour “décalé”, le plus passionnant aussi : un rapport du FMI !

 

Oui ! Daté du mois d’août 2011, tout frais, le dernier rapport du FMI sur l’Iran ! (1)

 

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Qui dit mieux ?... 

 

A sa lecture, loin des diatribes hystériques coutumières, ce pays de 75 millions d’habitants, trois fois la France en superficie, apparaît comme un des meilleurs exemples actuels de gestion économique d’un Etat !   

 

Le titre en est un peu lourdingue, style maison, bureaucratie assumée. Mais, ce mille-feuilles de commentaires, chiffres, pourcentages, et graphiques, mérite la dégustation pour ceux qui s’intéressent un tant soit peu aux « puissances économiques émergentes » :

Islamic Republic of Iran: 2011 Article IV Consultation—Staff Report; Public Information Notice on the Executive Board Discussion; and Statement by the Executive Director for Iran

 

Ironie décoiffante !

 

Des experts du FMI en pleine galère ! Malgré eux, au terme de mois de travaux, contraints de déconstruire les clichés de la propagande impériale, l’iranophobie compulsive des « spécialistes » et « géopoliticiens » de la désinformation instrumentalisés par les lobbies prédateurs, dont les imprécations récurrentes ne cessent de se déverser, dégouliner, dans nos médias… Repris en chœur par nos politiciens ignares et corrompus. (2)  

 

Cinquante et une pages de contorsions, pour reconnaître, après visites, inspections, discussions, passage au microscope des statistiques et de leur méthodologie d’élaboration (3), que de fantastiques progrès sont en cours.

 

En dépit de la fréquence des tremblements de terre (dont celui du 14 août dernier), exceptionnelles sècheresses [… severe drought … in 2008/09…] (4), embargos, sanctions, anathèmes, et autres “coups tordus” (5).

 

Jusqu’à concéder une croissance annuelle de 3,2 % pour le dernier exercice (l’année fiscale iranienne se termine ou commence le 20 mars de chaque année). (6) Avec des réserves en devises de 100 milliards de dollars, estimées à 109,7 milliards pour 2011/2012, pour être précis. (7)

 

Qui dit mieux ?...

 

Dans l’acharnement des occidentaux à déstabiliser ce pays, rappelons les mesures foncièrement illégales au regard des résolutions de l’ONU et engagements internationaux. Celles d’entraver, d’empêcher l’Iran de se connecter au réseau bancaire international et donc au système de paiements internationaux, pour effecteur ses transactions commerciales courantes. (8) Au point qu’un pays comme l’Inde, qui importe 20% de ses ressources énergétiques de l’Iran (12 % en pétrole), éprouvait récemment des difficultés pour le règlement de son fournisseur. (9) Mais, la solution vient d’être trouvée : toutes les idioties, même les plus perverses, sont contournables…

 

Obligés d’admettre que le pays connaît une croissance soutenue. Pas seulement grâce aux cours internationaux du pétrole et du gaz, mais aussi sous l’action conjointe d’une forte croissance du secteur agricole (“… strong rebound in agricultural sector and rapid credit expansion …”. (10) Auquel s’ajoute l’effet moteur d’une rapide extension du crédit en faveur d’un important secteur industriel, bien diversifié, tout particulièrement des petites et moyennes entreprises [… Iran has a relatively well-diversified economy with a sizeable industrial base…]. (11) Afin d’améliorer leur productivité, leur compétitivité, et faciliter la création de nouvelles initiatives.

 

Le gouvernement Iranien tout en développant l’habitat social a limité, en effet, les crédits hypothécaires spéculatifs dans l’immobilier, généralement captés par une poignée (pour ne pas dire “mafia”…) de grands propriétaires et entreprises du bâtiment, pour concentrer les ressources financières disponibles sur l’investissement réellement productif. Ce que fait apparaître l’ “Index of real estate prices at constant prices in Tehran”, descendant de 110 en février 2008 à 75 en juin 2009, pour se stabiliser depuis à ce niveau. Un des rares pays où la spéculation immobilière est jugulée… (12)

 

Tout en maîtrisant le risque d’inflation et améliorant les rentrées fiscales (“… Inflation was contained while fiscal and external positions improved …”. (13) Preuve que les grands équilibres macroéconomiques sont sauvegardés. Des finances ultra-saines, semblent se lamenter les experts. Aucun endettement auprès du FMI, ni accords spéciaux. (14)

 

Mieux encore : les perspectives sont bonnes (With prudent macroeconomic policies, the medium-term outlook is positive…) avec une croissance estimée par prudence à 4,5 % (la cible étant 8%), avec une inflation chutant de moitié pour se situer au niveau des pays européens de 12 % dès 2011/2012. Malgré un doublement prévisible de ses importations de biens et de services, les réserves sont évaluées à 305,3 milliards de dollars en 2016/2017. Soit un triplement par rapport au niveau actuel ! (15)

 

La lutte contre le chômage, notamment chez les jeunes, est une priorité du gouvernement et du parlement Iraniens. Avec un taux de 14,5 %, en 2010, il est comparable au niveau des pays européens. L’objectif immédiat étant de l’abaisser à 7% dès 2012. Politique volontariste, inscrite dans le 5° Plan de Développement Socio-Economique quinquennal [Socio-Economic Development Plan (2010-15)], lui-même  intégré dans le plan de développement global du pays sur 20 ans : The 20-Year Outlook Plan (2005-25). L’Iran a créé 1,6 millions d’emplois lors du dernier exercice et vise, pour 2012, la création de 2,5 millions d’emplois. Avec comme objectif à terme : le plein emploi…

 

Pipeline-Iran-Turkey.jpg

 

Remarquable réussite des réformes économiques

 

Au-delà de ces performances, ce qui est à retenir de la lecture du rapport du FMI c’est le “constat” de la remarquable réussite, à l’étonnement des experts eux-mêmes, portant sur la profonde rénovation en cours du système économique de l’Iran. Dans trois domaines majeurs, tout particulièrement :

 

1.  Réforme des mécanismes de subventions

 

En décembre 2010, les subventions des prix de l’énergie et des produits agricoles ont été supprimées. Facteurs d’injustice sociale (le "riche" paye, pour des produits identiques, le même prix que le "pauvre") et de corruption (cf. les fortunes personnelles dans l’huile, le blé et le sucre, fondées sur ces mécanismes ...), les subventions sont extrêmement délicates à réformer. Il est essentiel de ne pas passer d’une injustice sociale, à une plus grave encore, accablant les précaires et les démunis. D’habitude, pour en oublier le volet social (la caste politique mettant la différence dans ses coffres), ces réformes provoquent les révoltes dites du « pain » ou de la « faim ».

 

Les autorités Iraniennes y ont été attentives, l’enjeu étant un énorme transfert équivalent à 15% du PNB : 60 milliards de dollars. Agissant sur trois plans, avec un sens de l’organisation exceptionnel : une intense campagne de communication, une action sociale méticuleusement menée, et une redistribution soigneusement contrôlée.

  

Les produits pétroliers, électricité, et blé, en particulier, ont subi une forte augmentation. Pendant une période transitoire, le montant économisé est redistribué aux ménages sous forme d’une allocation en espèces librement utilisable (30 milliards de dollars), aux entreprises pour activer leur restructuration et leur modernisation en termes d’économies d’énergie (15-18 milliards), et aux administrations publiques pour financer leur modernisation (10-12 milliards). 

 

Les experts du FMI, ébahis, parlent de plein succès dans la mise en place de cette réforme (The successful early implementation of the subsidy reform…), jusqu’à en reconnaître les avantages immédiats : amélioration de la redistribution des revenus, réduction de la pauvreté, et stimulation de la demande intérieure (… improving income distribution, reducing poverty, and supporting domestic demand…). (16)

 

A retenir que l’indice de pauvreté, établi à 2 $ par jour, est tombé de 12 % à 2% à la suite de cette réforme. Le coefficient GINI passant de 0,45 à 0,37. Effet collatéral positif : l’augmentation des produits pétroliers a diminué leur consommation (jusqu’à 20% de baisse pour certains carburants) et réduit la pollution…  

 

 

2.  Réforme du Système Bancaire et des Finances Publiques

 

Depuis deux ans, l’Iran s’est engagé dans une vigoureuse réforme de son système bancaire sous le contrôle d’une Banque Centrale connue pour la qualité de son encadrement et son efficacité. Mixant établissements privés et publics, mettant de l’ordre (à la fureur des “barons” locaux…) dans l’immense secteur des 1700 coopératives de crédits, privatisant quatre grandes banques pour les inscrire à la côte de la Bourse de Téhéran [ Tehran Stock Exchange – TSE ], cette action se poursuit dans deux directions.

 

La première, l’exigence du renforcement des capitaux propres, réserves et provisions des banques. La deuxième, le “nettoyage”, et la récupération, des prêts à risques ou des créances litigieuses, dans le jargon du métier : les NPLs (Non-Performing Loans).

 

Ce dernier travail, toujours en cours, provoque une forte “opposition” de certains intérêts privés “hauts placés”, habitués à ne pas rembourser les considérables crédits bancaires dont ils ont bénéficié pour édifier leurs fortunes personnelles… Mais, le FMI en prend acte : le montant global de ces prêts est tombé de 24,5 % en janvier 2010 à 13,5 % en mars 2011. Comme quoi : quand on veut, on peut… (17)

 

Parallèlement, l’Etat Iranien a entamé un programme de privatisation d’entreprises et activités non liées à des services publics et à la défense nationale : 589 entreprises ont été privatisées pour une valeur de $ 83 milliards. Contrairement au schéma classique qui consiste, dans les économies émergentes notamment, à les brader à des intérêts étrangers en cheville avec de richissimes familles locales, les autorités ont veillé à une scrupuleuse répartition des actions :

◊ 20 % détenues par l’Etat

◊ 40 % réservées aux foyers à faibles revenus

◊ 40 % sous forme d’introduction en Bourse

 

Cette politique d’assainissement et de restructuration induit deux effets positifs :

 

=>  La forte attraction de la Bourse de Téhéran auprès des Iraniens, perçue non pas comme un lieu de spéculation hasardeux (économie-casino) mais comme un vecteur de valorisation de l’épargne dans des investissements productifs. C’est une des Bourses qui a connu la plus forte croissance en valeur (200 %) dans le monde, depuis 2009.

Toutefois, l’analyse des experts du FMI considère qu’il ne s’agit pas d’une bulle spéculative mais d’un fort dynamisme créé, sur de solides fondamentaux, par la restructuration de l’économie sous forme de privatisations, fusions et acquisitions (… staff analysis suggests that stock prices have not yet reached bubble levels, with supportive fundamental factors, including high levels of IPOs, having been at play…). (18)

 

=>  Le rial Iranien est apprécié à sa juste valeur, après une dévaluation technique intervenue le 8 juin dernier, de 11,5 %, démultipliant l’exportation de ses produits non pétroliers, tout particulièrement (qui avaient déjà évolué de $ 6,4 milliards en 2004 à 26,3 milliards en 2010, atteignant 30% de ses exportations).

Ni “sur”, ni “sous” évaluée, la monnaie du pays correspond aux grands équilibres macroéconomiques (…The macroeconomic balance approach estimates an equilibrium current account (norm) from a set of fundamentals employing a generalized method … no evidence of exchange rate misalignment … broadly in line with its medium term fundamentals.) Signe évident d’une bonne gestion des finances publiques. (19)

 

 

3.  Maîtrise de la gestion des exportations de gaz et de pétrole

 

Le volet certainement le plus prometteur pour l’avenir du pays : la gestion maîtrisée de ses richesses pétrolières et gazières. L’Iran, membre de l’OPEP, étant un des premiers producteurs mondiaux et le deuxième pays, après la Russie, à détenir les plus importantes réserves de gaz. Leur contrôle, dans l’indépendance de leur exploitation et la bonne affectation de leurs revenus, est considéré comme un vecteur essentiel de développement et de garantie pour les futures générations.

 

Les Iraniens se souviennent que Mossadegh, leur premier ministre régulièrement élu et réputé pour son intégrité, avait été renversé par un putsch militaire manipulé par les services spéciaux occidentaux en 1953. Il avait eu le tort d’exiger la présentation des livres comptables de l’exploitation du pétrole et du gaz monopolisés par les compagnies étrangères qui pompaient, exportaient, et réglaient à l’Etat ce que bon leur semblait ; et de les nationaliser…

 

La révolution iranienne de 1979 a permis l’éviction des grandes compagnies occidentales qui en pillaient les ressources naturelles dans l’impunité, sous couvert d’une des plus atroces dictatures de l’Histoire, celle d’un empereur d’opérette : le Shah. A présent, c’est donc une seule compagnie nationale qui contrôle l’exploitation et l’exportation de ces ressources : National Iranian Oil Company (NIOC).

 

Mais, pas n’importe comment. Pour bien assurer la traçabilité des flux, deux ensembles de procédures et de comptes budgétaires, étanches, rigoureusement surveillés, ont été mis en place pour le suivi et la répartition des revenus provenant des exportations énergétiques (20) :

 

=> Le premier, affecte et ventile les recettes budgétées sur un taux estimé ($ 75 le baril [1 baril ≈ 159 litres environ] pour le budget 2010/11, par exemple) :

 63,5 %  au Budget de l’Etat

 20 %     au Fonds de Développement National (National Development Fund - NDF), destiné en priorité au financement des infrastructures (il est interdit au gouvernement d’y effectuer le moindre emprunt)

  2 %     au Budget des régions (notamment non productrices de pétrole ou éprouvant des difficultés économiques)

14,5 %  aux fonds propres et réserves pour la compagnie nationale elle-même (NIOC) : investissements / prospection-production-recherche-développement.

 

=> Le second, est destiné à réguler les surplus, ou les diminutions, de recettes par rapport au prix du baril estimé lors de la préparation et de l’application du budget de l’Etat : variation des cours internationaux en hausse ou en baisse, diminution ou augmentation en quantité des exportations de pétrole ou de gaz.

 

Pour le moment, les chiffres sont à la hausse par rapport au prix du baril antérieurement budgété, notamment en raison des hausses de cours ($ 80-90 en moyenne le baril, actuellement). La différence est, en ce cas, affectée pour :

 85,5 %  à un Fonds de Stabilisation du Pétrole (Oil Stabilization Fund – OSF), dont 50% sont versés en fin d’année fiscale au Fonds de Développement National

 14,5 %  aux fonds propres et réserves pour la compagnie nationale elle-même (NIOC) : investissements / prospection-production-recherche-développement.

 

Pour encore mieux valoriser ses ressources et éliminer un certain nombre d’intermédiations, l’Iran a inauguré mi-juillet dernier sa propre Bourse internationale des produits pétroliers sur l’ile de Kish (surnommée la perle du Golfe Persique), à l’entrée du Golfe Persique : The Kish Commodity Exchange. Les transactions quotidiennes sont estimées à 50.000 barils/jour pour commencer. Mais, il est à prévoir une forte croissance de ce type de ventes. Ainsi, le jeudi 18 août 2011, 500.000 barils de pétrole brut ont été vendus au prix d’ US $ 105,49.

 

Cette gestion des ressources pétrolières et gazières « en bon père de famille » est une rareté dans la région, habituée aux gaspillages pharaoniques dans les achats d’armes ou la construction spéculative de multiples tours de bureaux et appartements aux hauteurs démentielles, avec vue imprenable sur le désert …

 

Bien sûr, des critiques sont distillées dans le rapport du FMI. Curieusement, elles ne portent pas sur des chiffres, des catégories d’investissements, des éléments techniques. Non. Uniquement : sur des orientations idéologiques. L’Iran est en retard, réticent, dans l’instauration de l’Ultralibéralisme ou du Capitalisme Sauvage, censés procurer prospérité et bonheur à l’espèce humaine. Têtus, ces Iraniens…

 

On y retrouve l’inévitable florilège des incantations antisociales (21) :

i)  Le système de protection du chômeur est trop généreux, jusqu’à 50 mois d’indemnisation (The existing unemployment benefit system [of up to 50 months] is too generous) 

ii)  Les procédures d’autorisation de licenciement devraient être simplifiées (The administrative approval process to allow companies to terminate redundant workers could also be simplified)

iii)  Les autorités devraient progressivement supprimer les surveillances et les interventions sur les prix (The authorities should gradually relax any remaining supervision and interventions over product prices)

iv)  Encourager la participation des investisseurs étrangers dans le processus des privatisations qui est à accélérer (Greater participation of foreign investors … and accelerating the ongoing privatization process).

 

Evidemment, beaucoup reste à faire pour un pays qui demain comptera 100 millions d’habitants…

 

Surmonter “l’opposition” d’une « bourgeoisie affairiste », friande de spéculations (sur l’immobilier et les prix), de corruptions, de monopoles, de rentes de situation, générées par les produits d’importation et les privatisations « soldées ». Affronter l’hostilité des puissances étrangères et leur volonté de s’emparer à nouveau de ses immenses ressources naturelles, de ses services publics, de ses infrastructures, et de ses avoirs en devises. Rituelles danses du scalp des prédateurs.

 

Mais, d’après ce rapport du FMI, l’Iran travaille, progresse, s’organise, prépare l’avenir. Malgré diabolisations délirantes et menaces d’apocalypse, dont il est l’objet obsessionnel. Méthodiquement. A grands pas.

 

Néanmoins…

 

Prétendre aujourd’hui, comme le fit Galilée en son temps, qu’après observations la Terre est ronde et non pas plate peut s’avérer dangereux. Nos pays prétendument “laïcs” se révèlent, en effet, inflexibles quant au respect des croyances et dogmes édictés par les grands prêtres de la propagande de l’Empire. Implacable religion “mondialisée”, avec son Clergé et son Inquisition.

 

Espérons que les experts du FMI s’étant permis quelques libertés à l’égard des injonctions cléricales de la démonologie actuelle, sous forme de propos objectifs ou mesurés sur l’Iran, ne soient pas excommuniés, brûlés en place publique ou médiatique, pour “blasphème” et “hérésie”…

 

 

 

                                                                            

 

 

 

 

 

(1)  IMF Country Report No. 11/241 - Islamic Republic of Iran: 2011 Article IV Consultation—Staff Report; Public Information Notice on the Executive Board Discussion; and Statement by the Executive Director for Iran - August 2011 

N.B. Document accessible en ligne, pouvant être lu, téléchargé ou imprimé : http://www.google.fr/search?q=IMF+Islamic+Republic+of+Iran%3A+2011+Article+IV+Consultation&ie 

(2)  Cf. l’archétype du cliché de cette désinformation caricaturale dans l’article de Wikipédia sur l’Iran, à la date du 18 août 2011, dans le paragraphe “Relations extérieures et perspectives économiques” : 

« L’économie iranienne ne se développe toujours pas, et les revenus pétroliers représentent une bouée de sauvetage pour un pays possédant une économie administrée et inefficace »…

Référencé d’après un document sponsorisé, comme indiqué sur la couverture, par les lobbies du pétrole, de l’armement et de l’uranium : Total, EADS, CEA (Commissariat à l’Energie Atomique), édité par la Fondation de la Recherche Stratégique (sic…) en date du 17 mai 2006, intitulé : “Où va l’Iran ? ”…

(3)  Cf. l’excellente appréciation des experts du FMI sur “l’appareil statistiques” de l’administration iranienne, in APPENDIX III. ISLAMIC REPUBLIC OF IRAN : STATISTICAL ISSUES, Informational Annex, Prepared by Middle East and Central Asia Department (In consultation with other Departments), July 5, 2011, p.5, Op. Cit., p. 39.

Notamment, citations :

=>  National accounts statistics are reasonably sound
=>  Price statistics are sound and released in a timely manner
=>  The accounting system for foreign exchange receipts and payments of the CBI and
banks is being implemented in line with the methodological guidelines of the Fund’s Balance of Payments Manual, fifth edition (BPM5)  

(4)  Op. Cit., p. ­6. Rien à voir avec nos “sécheresses” médiatiquement bidonnées annuellement, rituellement, à chaque début de saison estivale, par la “grande agriculture” [richissimes céréaliers & éleveurs] pour remplir ses poches de subventions…

(5)  Parmi les “coups tordus” habituels des services spéciaux occidentaux : sabotages permanents (sur territoire Turc, principalement) des gazoducs exportant le gaz iranien, ou encore assassinat et enlèvement des scientifiques Iraniens, etc.

(6)  Cf. § 4 :  … 3.2 percent 2010/11.”, Op. Cit., p. 5. 

(7)  Cf. § Table 2. Islamic Republic of Iran: Balance of Payments, 2007/08–2016/17, Op. Cit., p. 22.

(8)  Cf. § 3 : “New international sanctions in 2010 have in practice increased the cost of doing business, limited FDI and technology transfer, and have affected international trade and financial transactions… particularly in the Euro and the U.S. dollar…”, Op. Cit., p. 4-5.

(9)  “Many Directors noted the authorities’ concern about the impact of sanctions on the transfer of oil export proceeds, including potential adverse effects on oil markets, and some Directors called on the staff to monitor and assess Iran’s access to the international payment system”, IMF Executive Board Concludes 2011 Article IV Consultation with the Islamic Republic of Iran, p. 3, July 20, 2011, Op. Cit., p. 44.

(10)  Op. Cit., p. 3.

(11)  Op. Cit., p. 12. 

(12)  Figure 2. Iran: Macroeconomic and Price Developments, 2005/06-2010/11, Index of real estate prices at constant prices in Tehran (In percent), Op. Cit., p. 7.

(13)  Op. Cit., p. 3.  

(14)  Cf. § IV. Outstanding Purchases and Loans : None, § V. Financial Arrangements : None, in APPENDIX I. ISLAMIC REPUBLIC OF IRAN: RELATIONS WITH THE FUND (As of May 31, 2011), Op. Cit., p. 36.  

(15)  Medium-Term Outlook, Text Table 1. Islamic Republic of Iran: Medium-Term Scenario, 2008/09–2016/17, Op. Cit., p. 10. 

(16)  Cf.:  I Overview, § 2, et Box I Initial Impact of the Targeted Subsidy Reform, Op. Cit., p. 4.

(17)  Op. Cit., p. 8.

(18)  Cf. Box 2. Is there a Price Bubble in the Tehran Stock Exchange ?, Op. Cit., p. 9. 

(19)  Op. Cit., p. 30. 

(20)  Cf.: Figure 3. Distribution of Oil Revenue for 2011/12, Op. Cit., p. 8.

(21)  Op. Cit., p. 15.

 

 

Illustrations : infrastructures du gazoduc Iran-Turquie. Source : Press-TV.

 

 

 


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22 juillet 2011 5 22 /07 /juillet /2011 20:51

 

 

« Saladin ! Réveille-toi ! Nous sommes revenus ! »

 

C’est en ces termes que le général Henri Gouraud, corseté dans sa morgue, essuyant la semelle de ses bottes sur la tombe de Saladin, lance ce défi lors de son entrée à Damas en 1919 à la tête du corps expéditionnaire français. (1)

 

General_Gouraud_1923.jpg

Général Henri Gouraud, le « Saigneur » de la Syrie (1919 – 1923)

 

 

La Diplomatie de l’Histrion 

 

Posture histrionique tristement célèbre dans la région, évidemment totalement occultée en France, depuis nos livres scolaires jusqu’aux travaux académiques. (2) Ce représentant de la France était chargé d’assurer le mandat confié à notre pays par la SDN, ancêtre de l’ONU, sur la “Grande Syrie”. Dans le cadre du partage, entre “vainqueurs de la Grande Guerre”, des nations et richesses antérieurement sous tutelle ou administration de l’Empire Ottoman. Qui avait eu le tort de s’allier à l’Allemagne pendant la première guerre mondiale.

 

Saladin, Homme d’Etat hors du commun, organisateur méthodique, fulgurant stratège. Chevaleresque dans l’action, mais implacable face à la lâcheté. D’une immense générosité, mais intraitable à l’encontre des voleurs, corrompus et assassins. Le libérateur de Jérusalem, au XII° siècle. Après en avoir chassé la soldatesque européenne qui prétendait s’être installée en Palestine pour « libérer le tombeau du Christ », au grand désespoir des chrétiens d’Orient qui n’en avaient nul besoin…

 

C’était au Moyen-Age. Les Croisades. Le Vatican, l’OTAN de l’époque, avait pris l’habitude d’envoyer par vagues successives les armées de tous les pays d’Europe au Moyen-Orient, pour y piller, rançonner, spolier, s’y tailler fiefs, royaumes et colonies, sous les prétextes les plus vertueux et sanctificateurs. L’essentiel étant qu’en Europe ils ne se fassent pas la guerre.

 

Certainement, à armes égales, face à un Saladin vivant, qui écrasa l’armée des “croisés” à la bataille de Hattin (4 juillet 1187), le général Gouraud n’aurait rien perdu de son abyssale imbécillité, mais beaucoup de son arrogance…

 

Rien d’étonnant dans cette gesticulation, aussi stupide que grotesque, d’un général se considérant en pays conquis. Archétype des traîneurs de sabre, ganaches analphabètes de l’Histoire, générés, dégénérés devrait-on dire, régulièrement par des armées. Non pas “nationales”, au service du peuple, garantes de la souveraineté d’une nation. Mais, dans le dévoiement de leur vocation initiale, devenues des instruments au service d’intérêts privés bâtissant leurs rapides et colossales fortunes sur le mensonge des fausses valeurs, pour mieux dissimuler la réelle finalité de leurs objectifs : la spoliation des peuples et nations. Dans le temps, on osait parler du « parti colonial »…

 

A longueur de guerres coloniales surarmées, massacrant peuples sans défense, terrorisant populations innocentes, ce général était devenu mégalomaniaque comme beaucoup de ses pairs. A vaincre sans péril, on triomphe idiot. Boursouflé de l’indécrottable « habitus colonial » de notre inconscient collectif. Parmi ses faits d’armes : la sanglante répression, en 1912 au Maroc, du soulèvement de la ville de Fès contre le protectorat français.

 

Les allemands, qui n’étaient pas en reste sur ce plan, le surnommaient « einarmiger Draufgänger », le « manchot cinglé » (il avait perdu son bras droit aux Dardanelles, suite à une gangrène mal soignée). (3) Stupéfaits de le voir, jour après jour, multiplier les vagues d’assaut suicidaires des soldats français, placés sous son commandement, contre leurs rideaux de barbelés et de mitrailleuses sur le front français.

 

Se croyant au temps des croisades, formaté par les bains de sang des guerres coloniales et les tueries des combats de tranchées, le général Henri Gouraud devint ainsi le « Saigneur » de la Syrie, lors de son “proconsulat” de 1919 à 1923. Un des artisans les plus furieux du dépeçage de la Syrie : le plus gros morceau arraché étant le Liban et la Transjordanie. Dans les massacres, tortures, humiliations ; villages rasés, montagnes incendiées, charniers à profusion (4). Chars, aviation, bombardements navals. Toute la panoplie mortifère, dans le contentement de soi. Avec pour vecteur idéologique en guise de vision : un racisme anti-arabe, islamophobe, poussé à son paroxysme.

 

Inaugurant une trentaine d’années d’occupation française, l’implacable application de La Loi du Plus Fort, dans la sauvagerie d’une colonisation méprisante face au Peuple Syrien qui jamais ne l’accepta. Révoltes multiples, répressions sauvages. C’est ainsi qu’en 1945, le lendemain de l’armistice de la 2° guerre mondiale, la France tirait encore au canon sur la population de Damas :

« Le 29 mai 1945, après dix jours de manifestations ininterrompues, les Français, sous l'ordre du général Oliva-Roget bombardent Damas pendant 36 heures d'affilée. Les morts et les blessés se comptent par centaines. Une partie de la ville est détruite par ce bombardement dont le parlement syrien. » (5)

 

Il est vrai que l’encre à peine séchée de l’armistice du 8 mai 1945 avec l’Allemagne, la France tout juste libérée, nos Gouraud de l’époque couraient, fusaient dans tous les sens, pour « reprendre en main notre empire colonial » qui montrait quelques velléités d’indépendance. Ce furent des semaines et des mois d’atrocités depuis l’Indochine jusqu’au Cameroun, avec les sommets de l’horreur dans les tueries à Sétif en Algérie et à Madagascar. Des massacres de populations par dizaines de milliers. (6)

 

Le Peuple Syrien ne put échapper à cette folie répressive. Mais, quelle que soit son appartenance ethnique et religieuse, il a toujours résisté. La France ne l’a jamais supporté.

 

Et, cela continue …

 

L’équipée de notre ambassadeur en Syrie ces jours derniers, accompagnant l’ambassadeur américain dans la ville de Hama, pour “soutenir les manifestants contre le régime” me rappelle par son mépris affiché des devoirs et usages de la diplomatie, sans parler des lois élémentaires de l’hospitalité, la pantalonnade du général Gouraud. Sauf que la France de l’époque nourrissait la prétention d’élargir son “empire”…

 

 

Qu’importe ?... 

 

Imaginons un instant en France, l’ambassadeur du Brésil accompagné de l’ambassadeur de Chine allant soutenir des manifestants à Marseille, par exemple. Leur voiture blindée escortée de nervis et casseurs, les poches bourrées de cash et d’armes fournis par leurs services. Ce serait vécu comme une ingérence dans les affaires intérieures de notre pays, fomentant une sédition armée, une guerre civile. Chacun de ces diplomates serait immédiatement déclaré « persona non grata », et vigoureusement expulsé dans la foulée. Avec en prime, des représailles sous une forme ou une autre…

 

Les Syriens ont réagi. Venant en masse jeter souliers et cailloux sur la façade des ambassades française et américaine. La propagande occidentale, véhiculée par les médias de la désinformation, parle « d’attaque » ; l’ONU allant jusqu’à « condamner les attaques contre les ambassades américaine et française en Syrie » :

« Des partisans du régime syrien ont attaqué lundi, pour la deuxième fois en trois jours, les ambassades américaine et française afin de protester contre la visite, à la fin de la semaine dernière, des ambassadeurs américain et français dans la ville rebelle de Hama (centre), théâtre de deux manifestations monstres contre le président Bachar Al-Assad ce mois-ci. » (7)

 

Relevons, au passage, les hyperboles de la propagande : « … des partisans du régime syrien… », « … ville rebelle …», « … deux manifestations monstres contre le président… », etc.

 

Mensonger et ridicule.

 

Mais, « Paris hausse le ton » clament les agences de presse…

 

Je comprends l’indignation de nos amis Syriens. Face à cette provocation coloniale, comme eux, j’aurais réquisitionné toutes les vieilles paires de chaussures de la famille pour les déverser sur les façades de ce qui s’apparente davantage à des tripots de comploteurs, des casernes de pompiers incendiaires, qu’à d’authentiques représentations diplomatiques.

 

Place-des-omeyyades---Damas---Jullet-2011.jpg

Damas – manifestation d’union nationale contre les ingérences étrangères - 17 juillet 2011

 

Car, ce déplacement de diplomates accrédités dans le pays, cette “virée de voyous”, sont en soi un aveu, une signature. Celle de l’immixtion, l’implication, l’intervention, des pays occidentaux dans la déstabilisation par la sédition armée et la guerre civile, méticuleusement et de longue date organisées, d’un pays souverain. Loin de soutenir un mouvement démocratique.

 

Mais, je ne suis pas Syrien. Je suis français, limité et contraint, rageusement triste, à constater, une fois encore, l’état de la diplomatie de mon pays : en lambeaux. De la Chine au Mexique, de Cuba à l’Iran, en passant par pays arabes et africains, nos diplomates se comportent en crétins et freluquets.

 

Notre pays, notre diplomatie, nos forces armées, ravalés aujourd’hui à un rôle d’auxiliaire, de supplétif, au service d’intérêts étrangers. Exécutant ordres et instructions à la lettre, à la virgule, d’une politique extérieure élaborée dans les officines de l’Empire Washingtonien. Tels “nos ancêtres les gaulois”, fournissant richesses et escadrons de cavalerie gauloise à l’Empire Romain.

 

Obséquiosité zélée à l’égard d’un suzerain, servitude assumée… (8)

 

Bien sûr, se donner Bonne Conscience pour justifier sa participation à de basses œuvres est primordial. Tous nos médias et leurs affidés, les “jeteurs d’anathème patentés”, ne cessent dans le martèlement d’une propagande stalinienne de diaboliser le « régime syrien ». Les mêmes muets, dès lors qu’il s’agit de couvrir exactions, corruptions, des pires dictatures “pétromonarchiques” dans la région. Ou des crimes répétés contre le Peuple Palestinien.

 

Oubliant, tout aussi consciencieusement, les régimes tyranniques en Afrique protégés ou installés par nos forces armées, comme on l’a vu récemment en Côte d’Ivoire. Dissimulant les dynasties autocratiques, sinistrement burlesques et héréditaires de père en fils, des Bongo au Gabon ou des Eyadema au Togo, sur fond d’élections truquées. Il y aurait tant d’autres exemples… 

 

Pour ceux qui voudraient sortir la tête du goudron de la désinformation déversée par nos "journalistes d’investigation-décrypteurs de l’information", "experts-charlatans", “politiciens vendus”, et autres polichinelles, sur la Syrie, je leur propose un livre fondamental :

“Quand la Syrie s’éveillera…”, de Richard Labévière et Talal El-Atrache. (9)

 

Publié cette année, agréable surprise tant le niveau de qualité de la production d'études géopolitiques françaises sur ce pays et sa région est traditionnellement “nul”, il présente l’avantage d’avoir été rédigé par deux véritables « connaisseurs » de la Syrie. Précisons que Talal El-Atrache est l’arrière petit-fils de Sultan Talal El Atrache, l’un des prestigieux chefs de la « grande révolte Syrienne » (1925-1927) contre l’occupation française.

 

Ouvrage remarquable par la pertinence de ses analyses, sans complaisance à l’égard de chacun des acteurs, et la richesse de sa documentation : références, bibliographie, cartes réalisées par Hugues Dumont. Un régal d’intelligence : comprendre les enjeux actuels des luttes ouvertes et souterraines à partir d’un contexte historique sciemment masqué, enfoui, par la propagande de l’Occident. Percevoir l’extraordinaire héroïsme du Peuple Syrien face aux entreprises impériales permanentes souhaitant sa mise sous tutelle, son éclatement en une mosaïque d’ethnies en guerre permanente.

 

Caramel sur la chantilly, il bénéficie d’une décapante préface d’Alain Cholet, ancien directeur du “Service de Renseignement de la Sécurité - chargé de la lutte antiterroriste, de la contre-criminalité et du contre-espionnage à l’étranger” de la DGSE (10).

 

Oui. Il arrive que, dans les services secrets, des “responsables” ne se contentent pas des stéréotypes d’une propagande, des compulsions racistes ou idéologiques, lorsqu’ils analysent une situation, un continent, une région ou un pays. Exerçant ce “mix” indispensable : connaissance, expérience et, surtout, honnêteté intellectuelle.

 

C’est avec une lassitude amusée qu’Alain Cholet résume les inusables clichés “diabolisateurs” de la propagande atlantiste à l’encontre de ce pays :

« … la Syrie est régulièrement présentée par les médias occidentaux, en particulier français, comme une sorte de dictature ubuesque sur le modèle de la Corée du Nord  avec laquelle elle partage d’ailleurs le douteux privilège d’être classée dans “l’Axe du Mal” par l’administration américaine.

Toujours selon ces mêmes médias, les dirigeants syriens cultiveraient la volonté obsessionnelle de maintenir leur population sous une chape de plomb, de rayer Israël de la carte, d'annexer le fragile Liban, de se doter d’armes de destruction massive y compris nucléaires, de soutenir toutes les entreprises terroristes, d’entretenir un désordre permanent dans l’ensemble du Moyen-Orient et d’être le dernier obstacle de la paix dans la région. » (11)

 

Comment lutter contre le confort intellectuel d’une propagande qui vous assure, flattant votre narcissisme, que susciter, organiser, financer, armer, la guerre civile dans un pays, est un acte hautement civilisateur engendrant, sur ses morts et décombres, les délices paradisiaques de "La Démocratie" ?... Piqure d’anesthésie des aventures coloniales, imparable : se "shooter" à la Bonne Conscience

 

Les grands inquisiteurs, dans leurs prêches hystériques, ont lancé l’anathème : le « régime syrien » est une des incarnations du Diable sur cette planète !... L’excommunication pour satanisme étant édictée, il ne reste plus qu’à brûler le pays médiatiquement et l’écarteler, le démembrer, en morceaux sous les bombes de l’OTAN, avec la bénédiction déculpabilisante des résolutions de l’ONU…

 

feu-d-artifice---damas---juillet-2011.jpg

Place des Omeyyades à Damas – immense manifestation du Peuple Syrien contre les ingérences étrangères - 17 juillet 2011

 

 

Alors, qu’importe que la Syrie ait accueilli à bras ouvert de multiples populations au cours de sa longue histoire ?... Les juifs chassés d’Espagne par les chrétiens au XV° siècle et ceux chassés par les pogroms tsaristes au XIX° siècle. Les 500.000 réfugiés Palestiniens subissant la spoliation de leur terre et les nettoyages ethniques récurrents depuis la Nakba en 1948 jusqu’à nos jours, avec ses villages détruits par centaines, ses oliviers rasés par milliers. Les 2 millions de réfugiés Irakiens, suite à la destruction méthodique de leur pays par l’Empire et ses vassaux…(12)

 

Qu’importe qu’une partie de son territoire, le Golan, soit toujours occupé malgré les résolutions de l’ONU et les engagements internationaux ? Qu’importe qu’il soit régulièrement survolé et même bombardé par avions et navires de l’Occident ?

 

Qu’importe que lui soient imposés « sanctions » et « embargos » aussi illégaux qu’injustes par l’Empire et ses vassaux, entravant le pays dans le financement de son commerce extérieur et intérieur, son transport aérien et maritime, son système bancaire, la légalisation d’un marché des devises, encourageant ainsi contrebande, corruption et marché des changes parallèle ?... (13)

 

Qu’importe, malgré ces obstacles permanents, le peu de ressources naturelles par rapport à ses voisins de la région, le poids des réfugiés de toutes nationalités représentant 15% de sa population, que la Syrie connaisse un taux de croissance moyen de 5% par an, avec une dette extérieure de 8% du PNB (un des moins endetté au monde), des investissements multipliés par 12 depuis 2001, des exportations doublées depuis 2000… (14).

 

Qu’importe qu’en Syrie il y ait, depuis une quinzaine d’années, une évolution politique inconnue chez une dizaine de pays “alliés” de l’Occident dans la région :

« … un parlement élu où siègent les représentants de différents partis politiques, dont un parti communiste … les femmes disposent dans les institutions syriennes des mêmes droits que les hommes… le gouvernement […] compte en son sein plusieurs femmes à des postes majeurs… les élections […] ne se différencient guère des pratiques électorales du Maroc ou de la Jordanie pourtant présentés comme des modèles de démocratie en marche… » ? (15)

 

Qu’importe que la Syrie ait été diffamée pendant des mois par La Communauté Internationale et ses instruments de propagande, sous l’égide de l’ONU, au prétexte qu’elle aurait organisé l’attentat contre le premier ministre libanais Hariri ? Pour reconnaître ensuite que ce n’était pas le cas… Sans regret, excuses, ni sanctions à l’encontre les diffamateurs et leurs relais…

 

Qu’importe que dans le contexte de tensions, de menaces, et d’agressions incessantes qu’il subit, le pays se soit organisé en gouvernement d’union nationale, qu’il tienne à son droit à l’autodétermination, au respect de sa souveraineté nationale ?

 

 

Le Saut du Cabri 

 

Pourquoi cet acharnement de l’Occident contre la Syrie ?...

 

Très simple à comprendre : le Moyen-Orient doit être morcelé en micro-Etats “ethnico-confessionnels” sous tutelle israélienne. Plan géostratégique exposé, détaillé, en particulier, par Oded Yinon dans la revue Kivunim (Orientations) publiée par l’Organisation Sioniste Mondiale à Jérusalem, le 14 février 1982. Trente ans déjà…

 

Avec l’objectif clairement affirmé, revendiqué, dans la légitimité et l’impunité de son bellicisme :

« L’éclatement de la Syrie et de l’Irak en régions déterminées sur la base de critères ethniques ou religieux doit être, à long terme, un but prioritaire pour Israël, la première étape étant la destruction de la puissance militaire de ces Etats ». (16)

 

Meilleur moyen ?... Devenu à présent un classique : l’intervention de l’OTAN sous couvert de sauvetage humanitaire dans une guerre civile. En agissant sur deux plans :

 

1.  Créer les conditions réelles, ou même apparentes, d’un conflit entre groupes ethniques, religieux, qualifiés « d’opposants au régime ».
Dans le cas de la Syrie, ce ne sont pas des manifestations similaires à celles de Tunisie ou d'Egypte qui ont surgi, pacifiques, toutes tranches d’âge et de conditions sociales réunies sur des places publiques pour manifester dans une ambiance festive et solidaire. Mais de véritables raids de commandos parfaitement organisés avec des snipers équipés de fusils à longue portée. (17) Opérations coups de poing se déroulant, par rotation, de la frontière jordanienne à la frontière turque. Beaucoup de militaires et de policiers ont été ainsi tués et des administrations publiques brûlées. Les morts étant systématiquement attribués au « régime » à renverser.

 

Deux opérations d’envergure ont retenu l’attention par leur mode opératoire, démontrant une puissante organisation logistique avec l’apport d’éléments infiltrés, couplée à une mise en scène de la désinformation médiatique immédiatement diffusée à l’échelon des pays membres de l’OTAN :

=> Le mitraillage de nuit d’un convoi militaire (simples camions bâchés), sur l’autoroute côtière de Lattaquié, par un commando débarqué puis exfiltré à partir de la mer. Probablement par un sous-marin. La propagande occidentale faisant état, plusieurs jours de suite, d’exécutions sommaires de militaires par des « policiers fidèles au régime » du fait qu’ils refusaient de tirer sur la foule. Le récit des survivants et des blessés, officiers et soldats, n’a jamais été diffusé par nos médias. Leurs témoignages concordants font tous état d’une embuscade menée par des professionnels “hautement qualifiés”… 

=> L’attaque surprise et l’occupation de la localité de Jisr al-Choughour par des commandos puissamment armés et cagoulés. Massacrant tous les représentants de l’ordre, jetant les corps dans deux charniers. Incendiant les bâtiments publics. Terrorisant la population, entraînant de force plusieurs dizaines d’habitants, avec leurs enfants, de l’autre côté de la frontière turque. Afin de simuler l’exode de « milliers » de syriens « fuyant la répression du régime », hébergés dans des tentes, devant des caméras de TV de la propagande. Désinformation complaisamment relayée par nos médias, faisant état d’au moins 10.000 réfugiés, etc.

Les 198 habitants enlevés ont tous pu retourner en Syrie, le 18 juillet dernier, libérés par le commando une fois l’opération d’intox terminée et dans la crainte d’une opération militaire turque. Les tueurs s’exfiltrant par la partie turque du Kurdistan.

 

 

2.  La « diabolisation du régime » par une désinformation qui atteint une dimension délirante, rappelant la période précédant l’invasion de l’Irak par l’Occident. Nombreux sont ceux qui ont compris et réagi devant ce cumul de contrevérités, prenant souvent des tournures rocambolesques. Comme celle de « la lesbienne syrienne persécutée par le régime », qui était en fait un américain gérant cette opération mensongère depuis un site en Ecosse…

 

Le refrain principal, obsessionnel, de la propagande est "le nombre de morts", ne cessant d’augmenter dans une progression exponentielle. Il est frappant de voir les médias énoncer des morts par ville et village, mais être incapables d'établir le nombre des victimes des bombardements et tueries effectués par les membres et associés de l’OTAN en Irak, en Afghanistan, à Gaza, au Liban ou ailleurs.

 

Avec d’autant plus d’aisance que les sources sont invérifiables, se reprenant en boule de neige, d’une agence à l’autre, d’un média à l’autre, se citant les uns les autres à partir d’un courant d’air. Dans l’inflation. Officiellement, les “sources” seraient : des organisations humanitaires sans préciser lesquelles, des particuliers « sous réserve d’anonymat », des comités de coordination régionale inconnus, des groupes de l’opposition… Toute une faune, aussi bigarrée que fantomatique. Le principe est simple : tout mort, se multipliant comme des petits pains, est le fait des « partisans du régime ».

 

Dans cette arnaque à l’information, sur le fond et la forme, prenons au hasard un exemple caricatural des multiples dépêches d’agence : celle de l’agence Reuters du 19 juillet 2011, qui précise que 10 personnes ont été tuées à Homs. (18)

 

Quelles sont les sources de l’agence de presse ? Un « comité de coordination régionale », nous n’en saurons pas plus. Les responsables de ces morts ? Même pas les "forces de l’ordre", ou les "policiers du régime". Non, on passe à un degré supérieur dans la personnalisation de la diabolisation : ce sont « les partisans du président syrien »… Donnant ainsi le titre de la dépêche : Les partisans du président syrien tuent 10 personnes à Homs.

 

Les Syriens ont compris la manipulation par l’Occident de leurs souhaits et espoirs. Contrairement aux schémas de la propagande des membres de l'OTAN, ils aspirent à une évolution démocratique de leur pays, dans la prospérité et la paix. Mais, refusent l’ingérence étrangère. D’immenses manifestations, se sont déroulées dans les principales villes, notamment les 17 et 18 juillet 2011, pour signifier leur volonté d’indépendance nationale, leur droit à l’autodétermination. Bien sûr, aucun média de l’Empire n’en a fait état. Aucune image. Aucune vidéo… L’autocensure de nos médias…

 

Le rejet de l’intervention des puissances étrangères est clair : les Syriens ne veulent pas subir, comme l’Irak ou la Libye, un pseudo « comité de transition » composé "d’opposants bidons" soi-disant en exil qu’ils considèrent comme d’authentiques « collabos », figurant depuis des années sur les livres de paye des services secrets occidentaux. Pour les Syriens, l’évolution de leur pays viendra de l’expression populaire de l’intérieur, et non pas des « vendus à l’étranger » camouflant les manœuvres de l’Empire.

 

Evidemment, il ne s’agit pas de défendre un régime par rapport à d’autres. Ou ignorer absence d’alternances, emprises de la corruption chez les uns et pas chez les autres.

Qui ne souhaite pas « La Démocratie », pour tous ? De Gaulle disait que la construction européenne ne consistait pas à « … crier  “l’Europe !”, en sautant comme un cabri ». Il en est de même pour « La Démocratie ». Une lente et permanente construction, avec ses avancées et ses régressions, en Syrie ou ailleurs, comme chez nous.

 

Notre diplomatie doit-elle continuer à hystériser, s’impliquer dans une politique extérieure imposée par des Etats étrangers, réputés être des « alliés », fondée sur l’agression et l’arrogance, contraire aux valeurs que nous prétendons représenter, et à nos propres intérêts ?

 

Sachant que les prétentions de l’Occident, au Moyen-Orient, ne résisteront pas au Temps. Malgré la violence de son idéologie conquérante dissimulée sous le masque démocratique ou humanitaire pour anesthésier son opinion publique, sa propagande hallucinée de mensonges permanents, l’utilisation de sa force militaire jointe à la menace de son arsenal nucléaire. Ses implantations coloniales directes ou indirectes, ne pourront s’opposer à l’évolution et aux réalités de l’Histoire. Encore moins, celles fondées sur l’imposition d’un apartheid organisé selon des discriminations religieuses. L’effondrement des royaumes francs ou latins, imposés par les Croisades, en témoigne.

 

Notre diplomatie n’est pas un vecteur d’idéologie à la disposition servile d’intérêts étrangers au destin de notre pays, mais un outil d’analyse géopolitique, de compréhension, de résolution, et non pas de création, des tensions et conflits. Proposant respect mutuel, conciliation, dialogue, et coopération pour enrayer radicalisation et surenchère.

 

La paix, lorsqu’on la souhaite véritablement, nait de la coopération économique et culturelle. Non pas du mépris, de la menace, de la diabolisation, de l’agression. Surtout au Moyen-Orient, le plus grand foyer actuel de tensions et de risques de guerre mondiale.

 

C’est une action d’apaisement, de désarmement atomique, d’incitation au respect du droit international qui doit être encouragée. Une action d’incitation à l’application des multiples résolutions de l’ONU non encore mises en œuvre à ce jour, notamment en Palestine. Certaines depuis plus d’un demi-siècle.

 

Paroles et actions de Paix, avant tout. Telles devraient être les priorités de la politique étrangère de la France.

 

Mais, qu’importe ?...

 

Comme ils viennent de le faire pour la Libye. Dans l’euphorie de la veulerie pour ne pas changer, les “représentants du Peuple Français” à qui ils ne demanderont surtout pas son avis, dans un vibrant élan pour « la promotion de La Démocratie - la défense de notre civilisation et de nos libertés… » nos députés voteront la guerre coloniale contre la Syrie.

 

Qui ne nous a rien fait. Ni, menacés. Ni, provoqués.

 

Et, nos Gouraud d’aujourd’hui astiqueront frénétiquement leurs bottes, devant TV et imprécateurs de la propagande, rêvant d’en essuyer les semelles sur la tombe de Saladin.

 

La France asservie…                                       

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)  Richard Labévière, Talal El-Atrache, préface d’Alain Cholet, cartes réalisées par Hugues Dumont, Quand La Syrie s’éveillera…, Editions Perrin, 2011, p. 39.

(2)  Général Henri Gouraud (1867 – 1946). Amusons-nous de constater que dans Wikipedia son rôle au Moyen-Orient se limite à 3 lignes, avec la mention sirupeuse : « Gouraud débarque à Beyrouth en 1919 ; il y reçoit un accueil chaleureux ». L’inoxydable désinformation …

(3)  Julie d’Andurain, Le général Gouraud durant la grande Guerre, http://crid1418.org/doc/textes/gouraud_dandurain.pdf, (note 10).

(4)  Lire le témoignage d’une française sur ces pratiques, Alice Poulleau. Choquée par la sanguinaire répression des autorités d’occupation françaises, et sa mise en scène macabre, lors des massacres de Damas pendant la révolte syrienne de 1924-1926.

Extrait de son livre : Damas sous les bombes. Journal d’une Française pendant la révolte syrienne (1924-1926), in Quand La Syrie s’éveillera…, Op. Cit. p. 44.

(5)  http://fr.wikipedia.org/wiki/Syrie_mandataire

(6)  L’omerta est assurée avec vigilance par nos historiens sur ces massacres de masse, d’une incroyable barbarie, programmés et gérés par notre appareil colonial à partir de  mai 1945. Bien avant les tueries des guerres d’indépendance, on estime l’ensemble des populations civiles exterminées par la France dans ses “possessions coloniales”, sous l’appellation « d’opérations de pacification » sur trois ans 1945 -1948, à plus de 300.000 personnes. L’équivalent des massacres de Nankin par les Japonais.

Rien qu’à Sétif et ses environs, plus de 50.000 personnes massacrées. A Madagascar (le summum en 1947), plus de 100.000 personnes assassinées par nos forces armées aidées des colons organisés en milices, suivant le même procédé opératoire. Une orgie de violences cauchemardesques.

(7)  L’ONU condamne l’attaque des ambassades américaine et française en Syrie, Le Monde, 13 juillet 2011, http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/07/13/l-onu-condamne-l-attaque-des-ambassades-americaine-et-francaise-en-syrie_1548073_3218.html#ens_id=1481132

(8)  Cf. publication en ligne du  philosophe Manuel de Diéguez, “Les imbéciles n’apprennent que par l’expérience” (Voltaire), notamment § 3 : « Guérit-on de l’esprit de servitude ? », 10 juillet 2011.

(9)  Quand La Syrie s’éveillera…, Op. Cit.

(10)  Précision pour nos amis lecteurs non francophones utilisant la traduction automatique, DGSE : Direction Générale de la Sécurité Extérieure. Autrement dit, les services secrets français à vocation "théâtre de renseignement et d’opération" hors du territoire français.

(11)  Quand La Syrie s’éveillera…, Op. Cit., préface d’Alain Cholet, p. 9 – 10.

(12)  Quand La Syrie s’éveillera…, Op. Cit., p. 28.
(13)  Tout particulièrement, le Syrian Accountability Act voté par le Congrès américain en mai 2004, unilatéralement et en infraction au droit international, repris et appliqué servilement par les autres gouvernements occidentaux…
(14)  Quand La Syrie s’éveillera…, Op. Cit., p. 97-98.
(15)  Alain Cholet, préface, Quand La Syrie s’éveillera…, Op. Cit., p. 10.

(16)  Quand La Syrie s’éveillera…, Op. Cit., p. 84.
(17)  Dont des mercenaires, grassement rémunérés, issus des féroces milices chrétiennes du Liban à la solde des services secrets occidentaux qui se sont illustrées de longue date dans les massacres des Palestiniens, (notamment les camps de Sabra et Chatila lors de l’invasion du Liban par Israël), les dynamitages de mosquées et lieux de pèlerinage (chiites et sunnites) en Irak (oui, ces milices travaillent aussi à “l’export”…) pour créer les conditions d’une guerre civile à dominante religieuse, et autres opérations d’assassinat.

Maitrisant parfaitement les habitudes et dialectes locaux, bénéficiant de solides couvertures identitaires et d’un support technologie du plus haut niveau (télécommunications, en particulier), ces commandos et cellules de tueurs sont « indétectables »…

(18)  Agence Reuters, Les partisans du président syrien tuent 10 personnes à Homs , 19 juillet 2011.

 

 

 

 

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3 juillet 2011 7 03 /07 /juillet /2011 23:32

 

 

Eclair. Scintillement.

 

Un sabre s’abat. Une tête roule…

 

Nous sommes au XXI° siècle. Riyadh, Arabie Saoudite, le 18 juin 2011.

 

Ruyati binti Sapubi, Indonésienne de 54 ans, vient d’être décapitée. En public. Pour rendre plus spectaculaire l’exécution, le corps sans tête a été suspendu à un hélicoptère qui, à basse altitude, a parcouru la ville. De longs moments…

 

Cette femme travaillait comme domestique dans une riche famille saoudienne. Elle aurait tué son employeur en réaction à de mauvais traitements infligés à répétition. Telle est la version officielle.

 

Sous le manteau, d’autres versions circulent. La plus insistante : elle n’avait rien à voir avec un règlement de compte familial. Du fait de son statut d’immigrée sans protection ni droit, elle aurait été choisie comme bouc émissaire, avec des « aveux » extorqués sous la torture. Evidemment, aucun débat contradictoire, puisqu’il y avait « aveux ».

 

Car, dans ce pays on peut maltraiter, violenter et même tuer des domestiques sans problème si on est un riche saoudien. Mais, évidemment pas le contraire. Pour punition, quelques coups de fouets « théoriques », vite oubliés. Sans plus. L’oubli étant, en vitesse, proportionnel au nombre de billets proposés.

 

Bien sûr, nos médias en Occident et tout particulièrement en France, n’en ont pas parlé. Rayon d’action de leur capacité de « décryptage » : trop court. L’Arabie Saoudite ne figure pas sur leurs écrans des Droits de l’Homme et de la Démocratie… Cuba : Si !  Arabie Saoudite : No !

 

Aucun commentaire de nos spécialistes-protecteurs des droits de la femme. Encore moins, campagnes médiatiques avec T-shirts, gesticulations-résolutions au Parlement européen, vociférations-couinements de La Communauté Internationale et autres Bonnes Consciences. Même pas un air de pipeau de NPNS

 

Normal. L’Empire et ses vassaux considèrent l’Arabie Saoudite comme un « Allié » de choix.

 

Touche pas à mon pote

 

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  Ruyati binti Sapubi 

 

Cette exécution a provoqué une grande émotion en Indonésie. Mais, là encore, l’Indonésie ne figure pas sur l’écran de nos « décrypteurs » : ce fut le grand silence.

 

Plus d’un million de travailleurs émigrés Indonésiens sont employés en Arabie Saoudite. En tant que domestiques, « agents d’entretien », ou « techniciens-nettoyeurs de surface ». L’essentiel étant des femmes. (1) Ce pays, de plus de 230 millions d’habitants, immensément riche et immensément pillé, « exporte » de la main-d’œuvre pour se procurer des devises. Il est aussi le plus grand pays musulman dans le monde. Autant que l’ensemble des pays arabes, si ce n’est plus.

 

Devant la colère de son opinion publique, lui reprochant de ne pas protéger ses ressortissants, le gouvernement indonésien vient de rappeler son ambassadeur et de suspendre les autorisations d’émigration vers l’Arabie Saoudite. Découvrant, avec cette exécution, que 316 Indonésiens sont emprisonnés en Arabie Saoudite, dont 28 condamnés à mort en instance de décapitation.

 

Paradoxe plus que surprenant…

 

En Indonésie, le régime de l’Arabie Saoudite, comme dans l’ensemble de la communauté musulmane dans le monde, est méprisé, détesté. La décapitation de Ruyati binti Sapubi décuplant ce sentiment. En Occident, c’est tout le contraire : nos gouvernements et leurs médias adorent l’Arabie Saoudite. Ce ne sont que courbettes, génuflexions, courtisaneries, de nos nomenklaturas face à cette tyrannie abjecte.

 

Les Saoud sont un clan de chefs de guerre et de pillards qui se sont emparés de l’Arabie "Saoudite" avec l’aide des britanniques, à la suite de l’effondrement de l’Empire Ottoman. Adossés à une théocratie délirante, le wahhabisme, confortés par le soutien des USA en échange du pétrole après la deuxième guerre mondiale. Bradant les richesses pétrolières et gazières de leur pays, souscrivant à toutes les injonctions et conditions portant sur les quantités ou prix imposés par les lobbies pétroliers, afin de conserver leur pouvoir.

 

Avantages pour les colonisateurs du Moyen-Orient : l’Arabie Saoudite n’investit rien localement, ni dans la région. A part, dans un minimum d’infrastructures. Ne cherchant, ni souhaitant, une interaction positive, dynamisant, favorisant le décollage des économies régionales et leur avenir : industries créatrices d’emplois qualifiés à haute valeur ajoutée, etc. Plongés dans le pillage de leurs ressources, maintenus dans le sous-développement, les pays voisins à forte population, tel l’Egypte, voient passer sous leurs nez les immenses revenus du pétrole et du gaz, s’investir en Occident.

 

Le classique modèle colonial, modernisé dans une rhétorique, un design : « mondialisation »…

 

Car, les Saoud recyclent la quasi-totalité des revenus et avoirs de leur pays en Occident : banques centrales et privées, participations soigneusement canalisées dans des industries fortement consommatrices de capitaux mais à faible contenant technologique (parcs d’attraction, contrairement à l’aérospatial, par exemple), investissements spéculatifs dans les grands programmes immobiliers, ostentatoires (yachts de luxe, marinas pour jet-set, etc.).

 

Paradis des marchands de canon, avionneurs et engins de mort en tous genres. Aux colossaux marchés générant des cascades de commissions et rétrocommissions, aussi discrètes qu’éléphantesques dans les paradis fiscaux. Pour tous les intervenants et décideurs aux contrats. Rien que le dernier contrat signé avec les USA est évalué à 90 milliards de dollars… Imaginons les retombées en « arrosage » de telles transactions…

 

Nos traîneurs de sabre, services spéciaux, barbouzes de tous poils, apprécient tout autant cette caverne d’Ali Baba, au trésor inépuisable. Qui, prélevant par poignées dans son tas de pièces d’or, finance la majeure partie des opérations spéciales de l’Empire (lui, ne fournissant que « spécialistes » et support technique) dans le monde musulman. (2) Pour lutter contre le communisme, pendant la Guerre Froide. Actuellement, pour étouffer les révolutions démocratiques dans les pays arabes et musulmans. Comme on le voit à Bahreïn où l’Arabie Saoudite a même envoyé des troupes, hélicoptères de combats et chars d’assaut.

 

Avantage ultime pour les services d’action psychologique, de propagande, “d’intox”, des occidentaux : la complicité tacite d’un régime servant d’instrument de diabolisation pour entretenir l’islamophobie. Justifiant, auprès des opinions publiques désinformées, fanatisées pour de larges segments, violences, guerres et spoliations à l’encontre des populations. Ce que ne supporte plus la communauté musulmane dans le monde, caricaturée et persécutée en permanence, avec pour prétexte le comportement de ces potentats moyenâgeux.

 

Evidemment, aucun média libre : audiovisuel, presse, édition. Mieux : l’Arabie Saoudite n’a jamais connu un bureau de vote. Même pas un parti unique ! Inexistant.

 

En fait, l’Arabie Saoudite ne représenterait-elle pas le rêve ?... Le rêve de nos castes au pouvoir : l’édification d’une ploutocratie.

 

Que dire ?...

 

Ruyati binti Sapubi, Paix à ton Âme

 

Et, que les tyrans, leurs sabreurs, qui ordonnent, exécutent, mettent en scène, pareilles ignominies, avec leurs complices de La Communauté Internationale, aillent en Enfer !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)  Suivant les statistiques : entre 1,2 et 1, 5 million.

(2)  Cf. : http://www.guardian.co.uk/world/2011/jun/29/saudi-build-nuclear-weapons-iran 

 

 

 

 

 

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30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 22:39


 

Je voulais l’écrire, pour rire un peu avec mes amis Russes, mais il m’a soufflé la formule. 

 

L'auteur du forfait ?...

 

Marc-Edouard Nabe, un des très rares “écrivains-polémistes-artistes” français actuels dignes de ce nom. Car, il joue du Jazz et peint presque aussi bien qu’il n’écrit. Magnifique de panache quand il charge cynisme et bêtise, étendard de l'humour-vache au poing : (1)

 

« La France encore une fois est lamentable. Elle se prend pour une puissance !

 

Elle montre les dents, alors qu’elle n’a même plus de quoi se payer un dentier.

 

On n’en voit que les gencives, roses bien entendu, comme le socialisme à la Mitterrand, qui ne parle qu’en présence de son bras droit, Elie Wiesel… ».

 

 sarkozy-02-758.jpg

 

 

Qu’il me pardonne, si j’actualise son texte :

 

« … comme le gaullisme à la Sarkozy, qui ne parle qu’en présence de son bras droit, Bernard-Henri Lévy… » 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)  Marc-Edouard Nabe, Kamikaze – Journal Intime 4, Editions du Rocher 2000, p. 3.869.

Boycotté par le "système" médiatique et éditorial du fait de l'intransigeance de ses positions antisionistes et anti-islamophobes (un des rares à comprendre Louis Massignon et écrire de superbes pages sur son oeuvre).

Fulgurances de poésie, sensualité, émotion, passion, humour, culture (littéraire ou musicale, immense) sont la chair de ses livres au cœur de la bibliothèque de tout esprit curieux de ce siècle.

(2)  Caricature du talentueux Russe : V. Kremlev, publié le 18 avril 2011 dans Russia Today (RT) en illustration de l’article : Sarkozy’s Napoleonic ambitions backfire, http://rt.com/online-exclusive/galleries/cartoons/sarkozys-napoleonic-ambitions-backfire/

 

 

 


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7 mars 2011 1 07 /03 /mars /2011 20:25

 

 

« Dis-moi comment tu traites La Femme, et je te dirai qui tu es. »

Marek Halter  (1)

 

 

 

En ce 8 mars, « Journée de La Femme », ou plus précisément « Journée des Nations Unies pour les Droits de La Femme et la Paix Internationale », ayons une pensée pour une femme dont on n’évoque jamais le sort dans les médias de l’Empire : Aafia Siddiqui.

 

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Quelques courageux s’y sont essayés, en dehors des véhicules traditionnels de l’appareil de désinformation. Notamment, dans les médias indépendants anglophones (2) et francophones (3). Il est vrai que le Pakistan, c’est loin.

 

Oui, Aafia Siddiqui est Pakistanaise. Diplômée en neurosciences d’une des plus prestigieuses universités des USA, le MIT (Massachussetts Institute of Technology). Elle s’était spécialisée dans les modes d’apprentissage des enfants et sur les thérapies de la dyslexie. 

 

Mariée, mère de trois enfants : deux garçons et une fille. Partageant son temps entre ses consultations, car elle était médecin avant tout, ses recherches, son enseignement. Musulmane pratiquante, elle trouvait le temps d’animer des actions caritatives, collectant des fonds, organisant des secours, pour les démunis et les exclus de la société.

 

 

Le mensonge des escadrons de la mort 

 

Jusqu’au jour où son destin bascula. Comme souvent quand il vole en éclats, ce fut dans l’horreur. Enlevée à Islamabad, avec ses trois enfants. En mars 2003. On perd sa trace, totalement.

 

A l’exemple de ces dizaines de Pakistanais, enlevés, disparus, dont on ne connaît pas le sort. Rappelant les pratiques en usage en Amérique latine lors de l’Opération Condor où les opposants, au Chili ou en Argentine notamment, étaient victimes de ces actions secrètes organisées par les “escadrons de la mort”, émanation des services spéciaux occidentaux.

 

Puis, par un prisonnier de nationalité britannique libéré, on apprend sa présence dans le camp US d’internement et de torture de Bagram, en Afghanistan. Sous le numéro : 650. Elle y aurait subi de multiples tortures, physiques, psychologiques, et viols. Pendant 5 ans.

 

Pour couvrir cette abjection, les autorités d’occupation inventent un scénario à la hauteur de leur intelligence de soudards : “grotesque”.

 

Ils prétendent ainsi qu’Aafia Siddiqui aurait été arrêtée dans la ville afghane de Ghazni, transportant dans “son sac” des produits chimiques, des plans pour faire des bombes et une liste de cibles aux USA (entre autres : Wall Street et le Pont de Brooklyn…). Tout juste, si elle n’affichait pas tout cet attirail sur une pancarte accrochée à son dos…

 

Diabolisée, considérée comme une militante d’Al Qaïda, surnommée par les organes de propagande Lady Al Qaïda, diffamée y compris sur sa vie privée, peinturlurée en pétroleuse des armes à feu et des bombes…

 

Suite à cette arrestation, elle est interrogée par une dizaine d’hommes de l’armée et des services spéciaux US. Au cours de cette cordiale entrevue, elle aurait tenté de s’emparer d’un fusil (que faisait un fusil dans une salle d’interrogatoire ?...) tirant sans blesser qui que ce soit. C’est elle qui est blessée par balle à l’estomac.

 

Transférée aux USA, elle est jugée finalement le 23 septembre 2010 à New York. Dans sa condamnation, le juge Richard Berman, ne retient aucun motif relevant du scénario terroriste à l'encontre de cibles aux USA, ni de collusion avec Al Qaïda et autres réseaux armés. Du fait de l’absence de preuves crédibles.

 

Elle est donc condamnée à 86 ans de prison pour avoir menacé et tiré, sans les blesser, sur ses interrogateurs US. Constituant le seul acte de “terrorisme” à sa charge. Ce qu’elle a toujours nié, disant ne pas savoir utiliser une arme.

 

Mais, six militaires ont témoigné contre elle… L’accusation, par la voix de l’Assistant US Attorney (équivalent d’un substitut du procureur) Christopher La Vigne, souhaitant une condamnation à perpétuité, ne cessant de clamer : « Cet acte, ce crime était horrible par son intention », (“This act, this crime was horrific in its intent”)… (4)

 

Relevez avec soin le mot : « intention ». Le support, la légitimation de toute Inquisition : l’intention.

 

Parodie de Justice qui choque les citoyens américains eux-mêmes, du moins ceux qui se soucient des Libertés Publiques et de la Dignité Humaine. (5)

 

Avec dignité, devant les protestations de la salle d’audience à l’énoncé du jugement, Aafia Siddiqui a demandé à l’assistance de pardonner au Juge et au Jury, faisant référence au Prophète qui n’avait jamais pratiqué la revanche personnelle. Affirmant qu’elle ne voulait pas faire appel, sachant que ce serait une procédure inutile.

 

Elle est, à présent, enfermée dans des quartiers de haute sécurité à la prison de Forth Worth, au Texas, comme une redoutable criminelle. Aucun contact avec l’extérieur. Sans voir ses enfants, bien entendu.

 

 

Le silence des Belles Ames 

 

Notons qu’après plusieurs années de détention, séparés de leur mère, deux de ses enfants ont été rendus à la famille. Le troisième serait mort au moment de l’enlèvement. Ahmed l’ainé, qui avait 12 ans lors de l’enlèvement et souffre de graves troubles psychologiques, se souvient de son petit frère, Souleiman, âgé de 6 mois, gisant sur le sol dans une mare de sang. Dans son procès, Aafia Siddiqui a pu faire allusion au fait qu’ils auraient été torturés sous ses yeux.

 

Pourquoi cet acharnement ?...

 

Ces personnalités scientifiques, avec leur formation et leur expérience de niveau international, sont très surveillées par les services spéciaux. Elles forment une élite, un leadership potentiel, constituant, dans leur vision paranoïaque, un danger pour les intérêts de l’Empire et les dictatures corrompues qui contribuent à leur protection.

 

Son simple mode de vie était vécu come une provocation. Elle n’intégrait pas le circuit de la corruption. Au contraire, son comportement citoyen, son éthique, représentaient un véritable blasphème pour l’oligarchie et ses « escadrons de la mort ». Ce déni devenant un délit d’intention, une hérésie, pour atteinte aux intérêts de l’Empire.

 

D’autant plus qu’elle était une femme musulmane, ne correspondant pas aux canons de la propagande islamophobe ne cessant de les dépeindre en “femme-esclave” qu’il convient de libérer. Son dynamisme, son indépendance d’esprit, son rôle actif dans la collectivité, son influence, son rayonnement, gênaient les spécialistes de la désinformation.

 

Pour eux, il devenait indispensable de la diaboliser comme une sorcière au Moyen-Age, la brûler en place publique après torture et faux procès. Ces personnes qui veulent donner du sens à leur société, à leur collectivité, on les assassine ou on les brise. Elle est tombée dans la deuxième catégorie. Elle est brisée.

 

Pour l’Empire, c’est un exemple destiné à bien faire comprendre que même dans son comportement on se doit de se plier à ses volontés, ses normes, ses représentations, surtout dans les pays colonisés sous dictature. L’Empire ne pratique pas la “guerre contre La Terreur”. Il instaure la terreur.

 

Mais, Aafia Siddiqui n’est pas oubliée. Heureusement, blogs, sites, se sont constitués à travers le monde. Tout un maillage de solidarité, grâce à Internet. Des bénévoles voulant défendre la Dignité Humaine (6), ainsi que sa famille qui se mobilise tenant un site officiel, malgré menaces et piratages, animé par ses sœurs tout particulièrement (7).

 

Elle est devenue au Pakistan et en Asie un symbole de l’acharnement de l’Occident dans le déni du respect élémentaire de La Dignité Humaine, de la Justice, à l’égard des populations qu’il domine militairement.

 

Bien sûr, Les Belles Ames se taisent, chez nous. La cause n’est pas « vendable »…

 

Les associations et ONG ayant pignon sur rue, si promptes à s’enflammer pour le moindre “dissident”, craignent de perdre sponsors et subventions, provenant de multiples canaux. Plus souterrains et occultes que transparents. Leur hantise : voir le robinet soudainement se fermer !… Adieu voyages, congrès et autres prétextes à fréquenter palaces, plateaux TV et « grands » de ce monde !…

 

C’est le culte du Totem : la langue de bois.

 

Contemplez dans ce texte en français celui, en acajou massif, d’Amnesty International, véritable chef d’œuvre du genre (8)…

 

Elle a eu 39 ans, le 2 mars dernier.

 

Aafia Siddiqui, ton supplice incarne toute l’injustice et la violence de cet Empire malade, profondément malade, qui dans sa mégalomanie prétend donner des leçons d’humanité à la planète. Il t’a emmurée vivante, comme au Moyen-Age on jetait dans les oubliettes après la torture. Probablement, pour que tu n’entendes pas les voix de ceux qui partagent ta souffrance et exigent ta libération.

 

Mais, au-delà des murs, grilles et portes blindées, nous savons que tu ressens les vibrations de cette multitude de pensées, de tendresses, de prières, veillant sur toi…

 

 

 

 


 

 

(1)  Marek Halter, Cf. Personnalité de l’Année 2010, sur ce blog.

(2) Victoria Brittain, The Siddiqui Case – A New Turn as Lawyers Release Explosive, Secretly Recorded Tape, A CounterPunch Special Report, 14 février 2011,  http://www.counterpunch.org/brittain02142011.html 

(3)  Pascal Sacre, Le traitement médiatique et politique des prisonniers d’opinion, Le Grand Soir, 17 octobre 2010, http://www.legrandsoir.info/Le-traitement-mediatique-et-politique-des-prisonniers-d-opinion.html

(4)  Patricia Hurtado et Bob Van Voris, Pakistani Woman Gets 86 Years for Attacking Americans, Businessweek, September 23, 2010, http://www.businessweek.com/news/2010-09-23/pakistani-woman-gets-86-years-for-attacking-americans.html
(5)  Stephen Lendman, Aafia Siddiqui : Vicimized by American Injustice, http://wondersofpakistan.wordpress.com/2010/02/10/aafia-siddiqui-victimized-by-american-injustice/

(6)  Exemple : http://www.justiceforaafia.org/

(7)  Site officiel animé par sa famille : http://www.freeaafia.org/

(8)   Amnesty International, Etats-Unis - Amnesty International assistera à titre d'observateur au procès d'Aafia Siddiqui, Déclaration publique, Index AI : AMR 51/004/20010, 19 janvier 2010, http://www.amnesty.org/en/library/asset/AMR51/004/2010/en/7a8ad8a4-90b5-4567-9e42-e9ee86838918/amr510042010fr.html

 

 


 

                                       

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